Voiture électrique : la mal-aimée du parc automobile français ?
Publié le 26 septembre 2013 à 11h28 | Fabrice SPATH | 7 minutes
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Sous l’impulsion des constructeurs automobiles et des régulateurs, la voiture électrique de seconde génération est devenue réalité avec les modèles Nissan LEAF, Renault ZOE, Citroën C-Zero et bientôt les Volkswagen e-up! et e-Golf ainsi que la BMW i3. La notoriété des véhicules à batteries, entretenue par les industriels et les médias, a favorisé le décollage – lent mais constant – des ventes. Pourtant, ces véhicules font l’objet de très nombreuses critiques : trop chers à l’achat, dopés à l’électricité issue du nucléaire, pas « propre » et encore moins « écologique », pas de bornes publiques pour se recharger, un bonus gouvernemental complaisant … Sans parti pris ni militantisme, tentons de comprendre ces arguments qui, pour beaucoup, font de la voiture électrique la mal-aimée du parc automobile français.
Voiture électrique : trop chère !
L’une des premières remarques formulées par un passant questionnant un propriétaire de véhicule électrique repose sur son prix trop élevé. Qu’on se le dise, une électrique ne coûte pas forcément plus chère qu’une thermique à motorisation essence ou diesel. Pourquoi ? Pour 3 raisons :
- un généreux bonus « gouvernemental » de 6 300 euros (à partir du 1er novembre 2013, dossier spécial Aides à l’achat) destiné à rendre les prix de vente des véhicules rechargeables compétitifs face à leurs homologues thermiques, Renault ZOE s’alignant par exemple sur le prix de vente de la Renault Clio IV (équipements équivalents)
- un système de location des batteries – mis en place par Renault et repris par la majorité des constructeurs généralistes – destiné à lisser le coût des batteries sur une durée d’au moins 36 mois, un coût qui peut représenter jusqu’à la moitié du prix total du véhicule
- des coûts d’utilisation nettement inférieurs aux thermiques, notamment en raison de la réduction des éléments mécaniques (absence de boîte de vitesses, d’embrayage, ...) et des frais d’entretien (pas de vidange d’huile, des plaquettes de freins moins sollicitées grâce au système de récupération d’énergie, …)
Modèle électrique star, la berline compacte Nissan LEAF a été commercialisée à plus de 100 000 unités dans le monde depuis sa mise sur le marché
Sur une période de 5 ans et 50 000 kilomètres, Breezcar a estimé que rouler en Renault ZOE fait économiser près de 2 800 euros à son propriétaire par rapport à son équivalent Renault Clio IV essence. Découvrez le Match Zoé contre Clio : le vrai coût à l’usage …
Pour aller plus loin, découvrez notre article Voitures électriques VS thermiques : les comparatifs
Voiture électrique ? Pas assez d’autonomie
L’électrique, qui induit une rupture technologique majeure, est destinée à un usage « restreint » : les trajets domicile-travail, les loisirs, les courses, le shopping, … Les véhicules à batteries actuellement sur le marché bénéficient d’une autonomie réelle comprise entre 110 (en hiver avec l’utilisation du chauffage) et 150 kilomètres avec une seule charge.
Pour tenter de justifier cette autonomie « limitée », les constructeurs automobiles – Renault en tête – tiennent un discours qui relève du bon sens : la très grande majorité des Français effectuent des déplacements quotidiens inférieurs à 80 kilomètres ; l’autonomie d’un véhicule électrique est donc largement adaptée à leurs besoins de mobilité. Oui mais, qu’en est-il des longs trajets pour les vacances ou les déplacements professionnels ? Qu’on se le dise, l’électrique n’est pas faite pour rouler à 130 km/h pendant 2 heures sur autoroute. Il s’agit de la voiture de tous les jours, idéalement le second ou même troisième véhicule du foyer.
Pour aller plus loin, découvrez notre enquête Voiture électrique : peut-on partir en vacances ?
Voiture électrique ? Pas assez de bornes de recharge
La voiture électrique est indissociable de la thématique de la recharge. La très grande majorité des utilisateurs chargent les batteries de leurs véhicules à domicile, soit sur une prise de courant traditionnelle – appelée type E/F en France –, soit sur une wallbox, c’est-à-dire une borne de recharge compacte réduisant de 30 à 50 % le temps moyen de recharge (dossier Voiture électrique : quel temps de charge ?).
Les bornes de recharge publiques en cours de déploiement sur l’ensemble du territoire, sous les actions conjointes de l’Etat, de l’ADEME et des collectivités (Bornes de recharge et collectivités : le déploiement s’intensifie), sont essentiellement destinées aux charges d’appoint et à rassurer les conducteurs lors des trajets dépassant l’autonomie du véhicule. La plupart de ces bornes permettent de refaire le « plein » en moins d’une heure (borne accélérée en 22 kW) ou en moins de 30 minutes (borne rapide en 43 ou 53 kW).
Fin 2013, près de 6 000 stations de recharge seront opérationnelles sur toute la France, les régions les plus couvertes étant l’Ile-de-France et l’Alsace. De son côté, Renault ouvre au 30 septembre 2013 l’ensemble de ses bornes accélérées installées dans les concessions à tous les conducteurs de véhicules électriques. Pour aller plus loin, découvrez notre Guide d’achat 2013 sur les bornes …A partir du 30 septembre prochain, les propriétaires de Renault ZOE pourront recharger gratuitement leur véhicule sur l'une des 875 bornes accélérées disponibles dans les concessions de la marque au losange
Voiture électrique ? Pas « propre » et encore moins « écologique »
Les véhicules électriques bénéficient d’un bonus de 6 300 euros, un bonus « écologique » instauré par le précédent gouvernement, maintenu puis renforcé par l’actuel, ce malgré l’alternance politique. Pourtant, le « Jury de Déontologie Publicitaire » a rappelé à l’ordre 4 constructeurs – Bolloré et sa Bluecar, Citroën et sa C-Zero, Opel et son Ampera, Renault et sa gamme Z.E. : « les voitures électriques ne sont ni propres, ni écologiques, ni vertes ».
Sans remettre en cause le bien-fondé de cette décision résultant d’une assignation déposée par l’Observatoire du Nucléaire auprès de l’autorité de régulation, on constate que la voiture électrique doit affronter un flot de critiques semblable à celui qui a frappé la voiture équipée d’un moteur à explosion au début du XXe siècle, quoique sur un registre différent : trop bruyante et faisant peur aux chevaux, polluante et disposant de très rares stations-services, …
Alimentée à l’électricité produite à 80 % par les centrales nucléaires françaises, embarquant en majorité des batteries à technologie Lithium-ion – utilisée sur l’ensemble des téléphones mobiles et des ordinateurs portables – dont l’exploitation des matières premières pose de vraies questions environnementales, la voiture électrique dispose d’un bilan carbone du puits – c’est-à-dire de l’exploitation de la matière première – à la roue jusqu’à 10 fois inférieur (équivalent 15 g de CO2/km contre 140 g) à un véhicule thermique essence ou diesel de taille équivalente (données ADEME).
Voiture électrique : mal-aimée, vraiment ?
Sans occulter les interrogations portant sur la production des véhicules à batteries et l’alimentation de ces dernières en énergie, en rassemblant les qualités inhérentes aux électriques (confort, agrément de conduite, économies sur les postes carburant, entretien et assurance, …), force est de constater que la voiture électrique dispose de très beaux atouts. Aussi bien adaptée à la ville qu’à la campagne, elle ravit la très grande majorité des propriétaires actuels et séduit une large partie de ceux qui l’ont testée.Pointée du doigt par des consommateurs avertis ou des militants alertes, l’électrique n’est certes pas la panacée pour désengorger les villes ou pour réduire notre addiction à l’électricité issue de l’atome. Mais elle a au moins le mérite de transporter ses occupants dans un silence royal et de ne pas déverser des particules de combustion responsables de plus de 40 000 décès anticipés par an en France (données OMS). Elle mérite d’être adoptée ou, tout du moins, d’être essayée. Pour aller plus loin, parcourez notre dossier spécial sur les idées reçues …
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