Diesel et santé : un rapport du CNRS enterré il y a 20 ans
Publié le 30 mars 2016 à 17h52 | Fabrice SPATH | 2 minutes
En 2014, les nombreux pics de pollution atmosphérique ont conduit la Préfecture de Paris à instaurer le dispositif de circulation alternée
Baptisé « Diesel et santé » et fruit d’une expertise collective du CNRS, le rapport liant les particules issues de la combustion des moteurs diesel et les risques de cancer a été enterré en 1997. Près de 20 ans plus tard, un journaliste du Monde a pu en prendre connaissance
Un rapport complet enfoui dans les archives
Il aura fallu attendre 5 mois avant que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ne retrouve dans ses archives le rapport en question. Oublié, enterré, il n’en reste que quelques copies. Consultée par Stéphane Foucart, journaliste au quotidien Le Monde, l’étude alertait déjà sur les liens entre particules fines issues de la combustion des moteurs diesel et cancers du poumon. Pourtant, l’un des rapports les complets de l’époque – 245 pages rédigées par une équipe d’experts – a fait l’objet d’un simple communiqué de presse en 1997. Quant à l’étude en elle-même, elle a été purement et simplement enterrée.
« On a certainement perdu du temps »
Le rapport du CNRS a-t-il été enterré sous la pression des lobbies de l’industrie automobile qui ne souhaitaient pas que leur technologie soit mise au pilori après y avoir investis des milliards de francs en R&D ? Ou, comme le souligne l’un des scientifiques interrogé sur Europe 1 et qui a participé à sa rédaction, les liens de cause à effet n’ont-ils pas été suffisamment démontrés ? Dans les deux cas, l’étude avançait que « l’action mutagène et génotoxique (qui peut provoquer des dommages à l’ADN) des émissions diesel a été démontrée in vitro. A long terme, chez le rat, [elles] induisent la formation de tumeurs pulmonaires. »
Pollution automobile : quand la France devra payer
Avantages fiscaux et utilisation urbaine
Il aura fallu plus de 16 ans à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour qu’elle classe les particules fines dans la catégorie des « cancérogènes certains ». En France, à l’occasion des pics de pollution atmosphérique, les automobilistes français ont pris conscience de la nocivité des particules et autres dioxydes d’azote (NOx) des véhicules diesel sur la santé. Longtemps favorisé par une moindre taxation du gasoil à la pompe et par une fiscalité avantageuse – bonus « écologique », TVS et récupération partielle de la TVA pour les entreprises –, le diesel perd régulièrement du terrain dans les ventes de véhicules neufs depuis deux ans. Au profit des modèles essence, hybrides et électriques.