Électrification : les constructeurs vont supprimer plus de 80 000 emplois

Publié le 12 décembre 2019 à 07h18 | Fabrice SPATH | 4 minutes

Soumis à des contraintes grandissantes en matière de réduction des émissions et de guerre commerciale, les constructeurs automobiles supprimeront plus de 80 000 emplois dans les prochaines années dans le monde

ÉTUDE - Selon une récente enquête de Bloomberg, les constructeurs automobiles vont supprimer dans le monde plus de 80 000 emplois dans les prochaines années. Dans un contexte d’électrification massive des gammes, ces coupes claires sont également liées aux tensions commerciales et à la hausse des coûts qui impactent les investissements.


Grève historique qui a paralysé durant 41 jours General Motors. Annonces réalisées successivement par Daimler puis Audi de la suppression de respectivement 10 500 et 9 500 postes. Réduction de 20 % des effectifs (2 000 salariés concernés) du constructeur chinois NIO après avoir perdu plusieurs milliards d’euros à Wall Street. L’automne a été particulièrement marqué par des annonces de suppression d’emplois dans le secteur, touché notamment par des tensions commerciales et le recul des ventes en Chine, plus important marché automobile de la planète.

 

L’Allemagne, les USA et le Royaume-Uni les plus touchés

Alors que 11 % de la population industrielle active au sein de l’Union européenne vit du secteur automobile au sens large et que certains pays comme l’Allemagne et la Hongrie voient cette part atteindre 20 %, les incertitudes liées aux fluctuations du marché, à l’émergence des nouvelles mobilités et à l’électrification croissante des véhicules destinée à se conformer aux nouvelles normes en matière d’émissions de CO2 sapent le moral de la filière.

Autant d’incertitudes qui ont amené les principaux constructeurs de la planète à vouloir supprimer plus de 80 000 postes dans les prochaines années, selon les données compilées par Bloomberg. Les pays les plus touchés sont l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni, tandis qu’en Chine, les industriels sont soumis à des règles beaucoup plus strictes en matière de subventions publiques à destination des véhicules à énergie nouvelle (électrique, hybride rechargeable, hybride et hydrogène).

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Un rythme de suppression qui va « se prononcer en 2020 »

Tardivement, les constructeurs allemands se sont joints aux américains General Motors et Ford ainsi qu’au japonais Nissan dans le cadre de la compression massive des effectifs mises en œuvre au cours des 12 derniers mois. L'industrie vacille, les tensions commerciales impactent les coûts et étouffent les investissements. Selon le cabinet IHS Markit, l’ensemble du secteur produira 88,8 millions de voitures (VP) et d’utilitaires légers (VUL) cette année, soit un chiffre en baisse de près de 6 % par rapport à il y a un an.

Le lobby allemand de l'industrie automobile VDA prédit que la baisse se poursuivra l'année prochaine, prévoyant des livraisons mondiales de 78,9 millions de véhicules, le niveau le plus bas atteint depuis 2015. Le rythme des suppressions d'emplois chez BMW, Mercedes-Benz (filiale de Daimler) et Porsche devrait être « plus prononcé en 2020 », a déclaré le président de la VDA, Bernhard Mattes, lors d'une conférence de presse qui s’est tenue à Berlin début décembre. Ajoutant que le changement technologique à lui seul pourrait entraîner la perte de quelque 70 000 emplois au cours de la prochaine décennie.

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7 000 emplois pour Tesla, 2 100 pour Audi, 1 200 pour Porsche

Une transition difficile qui semble avoir été mieux négociée par les constructeurs sud-coréens et chinois, à l’image des groupes Hyundai-Kia et BYD. Cas particulier compte-tenu de sa dépendance extrême aux marchés financiers, l’américain Tesla réduit ses effectifs puis embauche au gré des difficultés de production ou de la baisse de son cours à Wall Street. Chez les équipementiers, le scandale du Dieselgate qui a éclaté à l’automne 2015 et entraîné une baisse historique des ventes de véhicules diesel, a déjà contraint nombre d’entre eux - à l’image de R. Bosch et Continental - à réaliser des coupes dans les effectifs.

Malgré ces suppressions, de nombreux acteurs de la filière ont annoncé le recrutement de plusieurs milliers de salariés dans les prochaines années. Parmi eux, Audi et Porsche qui se sont respectivement engagés à recruter 2 100 et 1 200 nouveaux salariés liés à l’électromobilité. Ou encore Tesla qui, pour sa Gigafactory européenne dont la construction débutera en début d’année prochaine en Allemagne, a promis la création de quelque 7 000 emplois à terme. Ailleurs en Europe, les sud-coréens LG Chem, Samsung SDI et SK Innovation qui disposeront de leurs propres usines de production de cellules en Pologne ou en Hongrie se sont eux aussi à engager à créer plusieurs centaines de postes.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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