Voiture électrique : entre menaces sur l’emploi et avenir industriel
Publié le 24 novembre 2018 à 07h00 | Mathieu PARAIN | 2 minutes
Les principaux constructeurs européens ont mis en garde l'Union Européenne, qui veut accélérer la transition vers l'électrique : les véhicules à batteries sont moins gourmands en main-d'œuvre que les versions thermiques, et vont poser des problèmes d'emploi.
Chez Volkswagen, cette conséquence annoncée sur le nombre d’effectifs vient de tomber : sans surprise, le premier constructeur mondial déclare que la transformation de ses usines, à Emden et Hanovre, sans compter celle de Zwickau, afin d’y produire des véhicules électriques, implique la mise à la retraite anticipée d’une partie des salariés travaillant au sein de celles-ci.
Jouant complètement la carte de la transparence, Volkswagen affirme : « La construction de voitures électriques comprend moins d'étapes de production, nous avons donc également besoin de moins d’effectifs ».
Sec, presque brut, le propos ne sonne plus comme un avertissement, il est devenu une évidence : avec la transformation technologique et l’irruption en masse des véhicules électriques à batteries, une main-d’œuvre moins nombreuse que celle ayant cours aujourd’hui sera la nouvelle norme dans le futur, c’est-à-dire au cours de la prochaine décennie. La seule question qui demeure est donc : dans quelle proportion se fera la baisse ?
Le vent de l’Histoire (industrielle)
Régulièrement vantée par l'Union Européenne, le chemin de la « croissance verte » n’est sans doute pas aussi évident que prévu. Pour une partie des politiques du Vieux Continent, notamment ceux qui exercent leur mandat au Parlement de Strasbourg, la machine menant à terme vers le tout électrique doit être lancée coûte que coûte.
Coûte que coûte : « On n'est pas là pour faire plaisir aux intérêts privés », clame Karima Delli, eurodéputée française membre des Verts, qui occupe aussi la fonction de présidente de la commission transport au Parlement européen. Doit-on conclure alors qu’ils sont là pour faire plaisir aux intérêts des salariés ? Rien n’est moins sûr.
Voiture électrique : une menace pour l’emploi et l’économie en Europe ?
La marche vers l’électrique est inéluctable, à moins d’un revirement proprement historique ou, plutôt antihistorique. Il ne s’agit plus de soutenir, revenir, maintenir, de protéger le diesel ; ou l’essence. S’il ne s’agit plus de cela. La question devient alors : dans quel sens le vent de l’Histoire industrielle soufflera-t-il ?
L’Asie, avec sa soif immense d’apprendre et de (se) dépasser ? Les États-Unis, avec leur pouvoir de séduction sur les meilleurs cerveaux et leurs colossales ressources financières ? A moins que ce soit l’Europe ? « On n'est pas là pour faire plaisir… » Il serait peut-être grand temps de changer de refrain, non ?