D’ici 2025, Shell installera un demi-million de points de charge
Publié le 15 février 2021 à 09h18 | Mathieu PARAIN | 4 minutes
Outre l’installation de 440 000 nouveaux points de charge pour véhicules électriques, Shell veut développer son activité de distribution d’hydrogène
INFRASTRUCTURE - Engagé dans l’électrification des transports, la major pétrolière ambitionne de tirer profit de ses activités historiques afin de développer ses branches énergies renouvelables et infrastructures de charge pour voitures électriques. L’hydrogène n’est pas oublié, avec des services spécifiques à destination des véhicules lourds.
Confrontées aux engagements des États en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les grandes compagnies pétrolières sont contraintes de revoir à la baisse leurs investissements pétroliers et gaziers dans un contexte de stagnation du prix du baril de pétrole et de l’envolée du secteur des énergies renouvelables. Selon la dernière étude publiée par le National Resource Governance Institute (NRGI), un cinquième des quelque 1,9 milliards de dollars que les compagnies comptent investir d’ici la fin de la décennie pourrait ne pas être viable économiquement.
440 000 nouveaux points de charge
Précurseur avec le britannique BP dans le déploiement d’infrastructures de charge pour véhicules électriques, Shell vient de dévoiler ses ambitions dans ce domaine dans le cadre de sa stratégie destinée à atteindre la « neutralité carbone » à l’horizon 2050. D’ici 2025, la société anglo-néerlandaise souhaite ainsi faire passer le nombre de points de charge installés et exploités par ses soins de 60 000 à 500 000 unités dans le monde.
La major qui a racheté en 2017 l’opérateur NewMotion, propriétaire de l’un des plus importants réseaux de charge en Europe, et qui, la même année, inaugurait sa première station de distribution d’hydrogène au Royaume-Uni, n’a pas précisé quelles zones géographiques seront concernées. Partenaire du consortium IONITY, l’entreprise a annoncé en ce début d’année vouloir racheter d’ici la fin 2021 la société allemande Ubitricity qui exploite 2 700 points de charge publics.
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Ambitions dans l’hydrogène et le renouvelable
Shell vise également à étendre sa « position de leader » sur le marché de la distribution d'hydrogène. Comment ? En développant des « hubs d'hydrogène intégrés », principalement pour l'industrie et le transport lourd. Les voitures particulières (VP) équipées d’une pile à combustible ne sont en revanche pas mentionnées. Dans l'ensemble, l'activité hydrogène devrait générer une part à deux chiffres des ventes mondiales du groupe à l'avenir.
Autre ambition : devenir « l'un des principaux fournisseurs d'énergie verte » sur le Vieux Continent en doublant sa capacité de production d’électricité à partir de sources renouvelables. À la fin de la décennie, la major devrait produire l’équivalent de 560 TWh d’énergie décarbonée chaque année. Pour financer ces investissements, la firme basée à La Haye et à Londres continuera de s’appuyer sur la vente de carburants fossiles et de produits issus de la pétrochimie.
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L’avis de la rédaction
Si le rachat de la start-up Ubitricity spécialisée dans le déploiement de points de charge au travers des réseaux d’éclairage public est encore soumis à l’autorisation de Bruxelles, Shell a pris de l’avance sur ses concurrents en matière d’infrastructures pour véhicules électriques grâce à l’acquisition du néerlandais NewMotion. Ses partenariats avec le consortium européen IONITY et avec l’énergéticien allemand EnBW dans le domaine de la charge à haute puissance confortent ses positions.
Sur le marché de l’avitaillement en hydrogène, le français Total a frappé fort en Allemagne, avec un maillage complet du territoire. Pour autant, le concurrent anglo-néerlandais compte sur la croissance du marché des bus et camions électriques dopés par une pile à combustible pour gagner des parts de marché, non pas dans les habituelles stations-services accessibles aux particuliers mais sur les sites des clients eux-mêmes.
En attendant de connaître avec précision le plan de déploiement de ces nouveaux points de charge, Shell précise que ses activités historiques - rentables mais émettrices en CO2 - permettront de financer tous ces nouveaux investissements à faible empreinte carbone. Pour atteindre son objectif de neutralité CO2 d’ici 2050, l’entreprise mise aussi sur le captage et le stockage de carbone. En 2035, 25 millions de tonnes de CO2 seront ainsi capturés.