Automobile et énergie : une convergence entre deux secteurs dopée par l’électrique
Publié le 19 octobre 2018 à 11h00 | Fabrice SPATH | 4 minutes
Rendues indispensables par la montée en puissance de la voiture électrique, les collaborations entre les secteurs automobile et de l’énergie s’intensifient
ANALYSE - Avec la montée en puissance du marché des véhicules électriques amorcée par les ambitieux programmes des constructeurs soumis à des normes environnementales restrictives, de nouvelles collaborations naissent entre acteurs aux métiers et centres d’intérêt jusqu’il y a peu divergents, voire incompatibles.
L’américain Tesla Inc. et le japonais Nissan ont très tôt ouvert la voie à cette convergence entre le secteur de la construction automobile et celui de l’énergie en créant un écosystème complet autour de la voiture électrique. Le déploiement sur fonds propres d’une infrastructure de charge rapide - les Superchargeurs pour Tesla, les stations installées chez Auchan ou Ikea par Nissan - ainsi que la conception puis la production via leurs filiales de batteries Lithium-Ion ont été les priorités des deux constructeurs au lancement de leurs programmes.
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Tesla et Nissan, les pionniers
Ont suivi la signature de partenariats avec des producteurs et fournisseurs d’électricité - dont la Compagnie Nationale du Rhône (CNR, ENGIE) pour la filiale française de Nissan - et l’accès pour les clients des LEAF et e-NV200 aux bornes de recharge publiques exploités par des tiers via son badge « Zero Emission Charge Pass ».
Le stockage d’énergie joue également un rôle fondamental dans la convergence entre les deux industries, Tesla avec ses Powerwall résidentielles et Powerpack industriels/tertiaires, Nissan avec sa batterie xStorage destinée à stocker de l’électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques avant de la réinjecter dans le réseau domestique ou local.
Le nippon a également entrepris des expérimentations grandeur nature de sa technologie vehicle-to-grid (V2G) rendue possible grâce au standard de charge CHAdeMO. Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni : autant de pays européens qui misent sur la technologie pour transformer les véhicules électriques en batteries mobiles qui réinjectent de l’énergie sur le réseau et réduire leur impact sur les infrastructures. Mais aussi limiter les futurs investissements pour renforcer ces dernières.
Stockage d’énergie et gestion de la charge
Désormais, tous les constructeurs automobiles engagés dans la mobilité électrique travaillent sur ces sujets, y compris sur la seconde vie des batteries dans le cadre de centres de stockage des énergies renouvelables, à l’image des opérations entreprises par Renault et Nissan en Europe et Hyundai en Corée du Sud.
Le constructeur de Boulogne-Billancourt qui a récemment annoncé la construction de trois centres de ce type en Allemagne et en France, a de son côté signé plusieurs accords dans le secteur de l’énergie avec EDF, Enel et Total. Parmi les sujets de collaboration : l’autoconsommation, la gestion intelligente de la charge, les énergies renouvelables et les réseaux de charge à haute puissance - dont le projet EVA+ - destinés aux modèles électriques de prochaine génération.
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Seconde vie des batteries
Déjà engagé avec le groupe EDF dans le déploiement d’un écosystème complet du véhicule électrique avec un dispositif de charge intelligente sur l’archipel de Madère (Portugal), le Losange s’apprête à poursuivre sa collaboration avec l’énergéticien sur un projet similaire à La Réunion. Le constructeur a par ailleurs déjà déployé ce type d’écosystème sur Belle-Île-en-Mer (France).
Au Royaume-Uni, son allié Nissan s’est associé à la filiale britannique d’EDF. Objectif : offrir une seconde vie aux batteries des LEAF et e-NV200 qui, lorsqu’elles sont démontées des véhicules, disposent encore d’une capacité d’environ 70 %. De quoi offrir à une durée de vie de 10 ans supplémentaires dans le cadre d’un centre de stockage d’énergie. Sur le Vieux Continent, l’énergéticien piloté par Jean-Bernard Lévy veut par ailleurs multiplier par quatre le nombre de points de charge exploités d’ici 2022.
Bornes de recharge : le pétrolier BP rachète le britannique Chargemaster
L’appétit des pétroliers pour la recharge
Engagés dans une stratégie de diversification de leurs activités, les grands groupes pétroliers investissent eux aussi dans les batteries et les infrastructures de charge. À commencer par le français Total dont le patron déclarait en 2016 que « Le 21e siècle sera électrique ». Après avoir racheté le fabricant de batteries Saft et le fournisseur belge Lampiris, la supermajor a fait l’acquisition la PME G2Mobility spécialisée dans les bornes de recharge intelligentes.
Outre-Manche, BP a intégré dans son giron au printemps l’équipementier et exploitant britannique de solutions de charge ChargeMaster, leader sur son marché domestique. Aux Pays-Bas, le pétrolier Shell a quant à lui mis la main sur son compatriote néerlandais New Motion, l’un des leaders des solutions de charge pour particuliers et entreprises en Europe.