Total et le stockage d’énergie : « Le 21e siècle sera électrique »

En rachetant la société française Saft spécialisée dans la fabrication de batteries, le quatrième pétrolier mondial investit dans l’avenir. Plus précisément dans le stockage d’énergie renouvelable. Et la récente acquisition de l’énergéticien franco-belge Lampiris ne fait que confirmer l’appétit de la « supermajor » pour ce secteur où la concurrence s’organise.

Le stockage d’énergie …

« Le 21^e siècle sera électrique » : surprenante, la déclaration faite par le PDG de Total SA Patrick Pouyanné au quotidien Les Echos en avril dernier n’est en rien un abus de langage. Moins de 3 semaines après cette interview, son groupe lançait une offre publique d’achat (OPA) amicale sur son compatriote français Saft. Spécialisée dans la fabrication de batteries Lithium-Ion et Nickel pour l’aéronautique, le spatial, le militaire et l’automobile – accumulateurs pour véhicules électriques et hybrides rechargeables –, la société créée en 1918 compte quelque 4 160 salariés (dont 1 500 en France) pour un chiffre d’affaires de 760 millions d’euros réalisé en 2015.

 

… après les panneaux solaires

Surévaluée, l’offre de rachat d’un montant de 950 millions d’euros confirme l’appétit de Total dans le secteur de l’électricité. Jusqu’alors propriété du fonds d’investissement britannique Doughty Hanson, Saft intégrera une nouvelle division au sein de la « Big Oil Company » qui rassemblera notamment les énergies renouvelables et les activités liées à l’efficacité énergétique. Dès 2011, le fonds d’investissement Total Energy Venture du groupe avait fait l’acquisition de l’américain SunPower, société spécialisée dans la production de panneaux solaires. Souhaitant faire du stockage d’énergie le fer de lance de sa récente division, le pétrolier veut préparer l’avenir, quand bien même la fin de l’or noir n’est pas pour demain.

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Création d’une nouvelle branche

Neuves ou issues de véhicules électriques en fin de vie, les batteries constituent un bloc indispensable à l’écosystème du stockage d’énergie. Destinés à rendre énergétiquement autonomes des bâtiments voire même des quartiers ou des villes entières, ces systèmes sont associés à une production locale et renouvelable d’électricité intermittente (solaire ou éolien). Les accumulateurs stockent donc l’énergie au moment de sa production avant de la réinjecter à la demande dans le réseau. Si Tesla Motors via sa Powerwall a déjà investi le marché, Daimler a annoncé le démarrage de la fabrication de ses batteries domestiques et Nissan lancera à l’automne prochain un service similaire.

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Rachat d’un énergéticien

Les Français Schneider Electric et EDF sont également en embuscade sur ce marché très prometteur. Qu’ils soient constructeurs automobiles, fabricants de matériel électrique ou énergéticiens, ces acteurs devront toutefois compter sur l’appétit du groupe Total qui vient de réaliser une nouvelle acquisition avec le fournisseur franco-belge Lampiris. Spécialisé dans la fourniture d’électricité verte et de gaz, l’énergéticien valorisé entre 100 et 200 millions d’euros intéresse notamment le pétrolier pour sa plate-forme digitale qui permet l'application de toutes les solutions de compteurs intelligents. A l’instar de Saft, Lampiris intégrera dès septembre 2016 la nouvelle branche gaz, renouvelables et électricité. La bataille de la production, du stockage et de la distribution d’énergie ne fait que commencer …