Affaire Renault : 15 000 rappels ... et après ?

C'est Ségolène Royal qui l'a annoncé ce matin au micro de RTL au lendemain de l'audition des responsables de Renault devant la commission technique mise en place par le gouvernement : un rappel de 15 000 véhicules aura bien lieu pour modifier leurs niveaux d'émissions polluantes. Un aveu par la bouche d'une ministre de l'Ecologie qui valide par-là les premiers résultats de cette commission indépendante chargée de vérifier, en conditions réelles, les normes de CO2 et d'oxydes d'azote déclarées par les constructeurs et « certifiées » par l'UTAC CERAM. Le décryptage de Jean-Christophe Lefèvre.

Pas de fraude pour le Losange

Renault, qui assure toujours ne pas avoir commis de fraude, a promis de tout mettre en œuvre pour se conformer aux normes. Outre les véhicules déjà en circulation, « les nouvelles voitures vont être aux normes », a assuré la ministre de l'Écologie. « Pour régler un moteur, il faut une demi-journée. Renault s'est engagé à rappeler plus de 15 000 véhicules pour les vérifier et les régler correctement pour que le système de filtration fonctionne dans toutes les conditions de température », a insisté Ségolène Royal. Mais ce rappel est minime par rapport aux 700 000 véhicules concernés, selon Renault pour qui le problème aujourd'hui est bien de dépolluer autrement qu'avec un piège à NOx ses moteurs diesels. 

Elle n'a pas précisé les modèles concernés par ces rappels mais il s'agit probablement des Renault Espace de dernière génération et du Kadjar, tous deux commercialisés depuis l'année dernière et équipés des moteurs diesels 1.5 et 1.6 dCi. Selon notre confrère Les Echos, « le décalage d’émission est particulièrement élevé, allant jusqu’à plus de 10 fois en conduite sur route. Le monospace du constructeur français est également pointé du doigt sur le test en laboratoire (NEDC) où il émet là encore plus que la norme.

Le vent du boulet pour l'Eclair

Par ailleurs, Ségolène Royal a précisé que « d'autres marques dépassent les normes », sans pour autant citer de noms. Mais les regards se tournent vers Opel dont l'éclair qui orne le capot avant de ses voitures est en survoltage en Belgique. En effet, une enquête de la télévision VRT a mis au jour un rappel massif de Zafira diesel pour une mise à jour de son logiciel de gestion moteur qui augmentait la puissance mais dégradait la dépollution. Opel Belgique a réfuté toute tentative de modification des émissions moteur dans un communiqué.

Pour Ségolène Royal, « les dirigeants de ces entreprises ont accepté de s'expliquer devant la commission. Ce qui est important, c'est que la pollution de l'air s'arrête et que les constructeurs automobiles prennent acte de ce qu'on leur dit pour qu'ils puissent régler les moteurs », a-t-elle remarqué. Et, battant sa coulpe, elle a avoué que « les tests n'étaient pas suffisants. C'était des tests sur banc, c'est-à-dire statiques. Après le scandale de la fraude Volkswagen, nous avons décidé de mettre en place des tests incontestables. Mais ce que nous voulons, c'est sauver l'industrie automobile en garantissant les droits du consommateur », a-t-elle assuré.

Affaire Renault : tricher, frauder, mentir... l'Etat juge et partie

Pris les doigts dans la prise

Comme nous le soulignions déjà récemment, les constructeurs auront beau se justifier et dire qu'ils ne savaient pas, cela fait toujours mauvaise impression sur le public d'avoir caché, sciemment ou pas, le dysfonctionnement d'un véhicule parfois acheté fort cher et qui était censé être conforme aux normes de dépollution et de sécurité obligatoires ... à défaut d'être le plus propre. Dommage pour Renault ou Opel qui sont les pionniers de la voiture électrique (Zoé et Kangoo ZE) ou hybride rechargeable (Ampera et bientôt Bolt 100 % électrique).