Voitures diesel : Renault ment-il aux consommateurs ?

Après la journée noire d’hier qui a vu son cours au CAC 40 dévisser de plus de 10 %, Renault doit faire face à des critiques grandissantes d’une partie de la classe politique. Accusé d’avoir sur-optimisé les tests d’homologations de 4 modèles diesel, le constructeur est mis sous pression pour rappeler les véhicules incriminés et les mettre aux normes. Des conseils et attaques qui ont lieu alors même que l’enquête n’a pas encore livrée ses conclusions.

Après le Dieselgate, le politique réprimande l’industriel

Comme en septembre 2015 lors des révélations portant sur le Dieselgate du groupe Volkswagen, la classe politique livre ses avis et formule ses réprimandes à l’égard de Renault. Accusé d’avoir sur-optimisé les tests d’homologations de 4 modèles équipés de motorisations diesel, le constructeur français a fait l’objet la semaine passée d’une série de perquisitions sur différents sites situés en région Ile-de-France. Menées par la DGCCRF (répression des fraudes), ces perquisitions visent à alimenter l’enquête récemment ouverte suite aux dépassements des émissions polluantes constatés par la commission technique mise en place au lendemain des premières révélations sur l’affaire Volkswagen. Selon la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, les émissions de CO2 et d’oxydes d’azote (NOx) sont supérieures aux normes en vigueur. Interrogé par Le Parisien, la ministre a demandé à Renault de « réagir dès maintenant pour mettre ses moteurs aux normes ».

NEDC, WLTP, Commission : de quelle norme parle-t-on ?

Mais de quelle norme parle-t-on réellement ? Actuellement en vigueur sur le Vieux Continent, le cycle d’homologation New European Driving Cycle (NEDC) ne concerne que les tests réalisés sur bancs d’essais. Permissif quant à la méthodologie, ce cycle visant à déterminer consommations et émissions sera remplacé en 2017 par le Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures (WLTP). Interrogé hier soir sur le plateau de la chaîne LCI, notre journaliste et collaborateur Jean-Christophe Lefèvre évoquait le futur WLTP en insistant sur des mesures plus proches de la réalité. La commission technique dont les premiers résultats entretiennent l’affaire Renault anticipe cette future norme. En testant les véhicules sur bancs d’essais et sur circuit, celle-ci ne reprend pas le protocole de l’actuelle NEDC. Or les accusations de dépassement des émissions de CO2 et de NOx reposent exclusivement sur les premiers résultats de cette commission qui n’a, par ailleurs, pas encore terminé ses tests et encore moins publié ses résultats.

Des tests et une enquête DGCCRF toujours en cours

Une anticipation qui n’a pas empêché le syndicat CGT du constructeur de Boulogne-Billancourt d’alerter ses salariés sur ce sujet. Regrettant un emballement médiatique et un possible amalgame avec le groupe Volkswagen qui avait utilisé un logiciel de triche sur 11 millions de modèles diesel, la CGT a fait des émules dans la classe politique française. Ainsi de Ségolène Royal évoquant un rappel des modèles concernés et, surtout, d’Emmanuel Cosse qui dénonçait ce matin sur i-Télé le mensonge de Renault fait aux consommateurs. Celle qui s’était prononcée en faveur de l’interdiction du diesel en 2025 a ainsi révélé sur i-Télé son manque de « confiance aux constructeurs automobiles quant à leurs performances en matière de normes. Il faudra certainement que Renault rende des comptes. Les constructeurs ne vont pas échapper à plus de transparence. » En attendant les résultats de l’enquête, la secrétaire générale du parti Europe Ecologie les Verts (EELV) a appelé l'État, actionnaire de Renault et du groupe PSA Peugeot Citroën, à inciter les deux constructeurs à « aller vers d'autres motorisations » telles que l’électrique et l’hybride rechargeable.