VIDÉO - Ford Transit et Tourneo PHEV : l’utilitaire électrique sans contrainte
Publié le 30 septembre 2019 à 09h14 | Fabrice SPATH | 8 minutes
Premiers utilitaires légers à recevoir une motorisation hybride rechargeable, les Ford Transit et Tourneo Custom offrent une autonomie électrique d’environ 50 km
ESSAI - Leader européen du véhicule utilitaire léger (VUL), Ford électrifie sa gamme afin d’abaisser ses émissions de CO2 et d’offrir à ses clients une solution pour contourner les restrictions de circulation mises en place par un nombre croissant de métropoles. Pour ses Transit et Tourneo Custom, l’américain a choisi d’intégrer une inédite chaîne de traction électrique à prolongateur d’autonomie essence. Premier contact réalisé en Suède, dans la région de Stockholm.
S’adapter aux restrictions de circulation
Encore exemptés d’un quelconque malus « écologique » - réservé aux voitures particulières (VP) - et de la taxe sur les véhicules de société (TVS), les utilitaires doivent pourtant affronter un nombre grandissant de contraintes. Entre l’obligation de réduire leurs émissions moyennes de CO2 et l’instauration des restrictions de circulation, les acteurs de la livraison du dernier kilomètre devront progressivement s’adapter à ces nouvelles contraintes et trouver des solutions pour les contourner.
Si l’Europe compte déjà plus de 220 zones à faibles émissions, la France renvoyée par la Commission européenne devant la Cour de Justice de l’Union pour non-respect de la directive communautaire sur la qualité de l’air va devoir en créer 15 d’ici la fin 2020. Des zones qui seront à terme interdites aux véhicules diesel - Paris et Strasbourg ambitionnent de leur interdire l’accès au centre-ville en 2024 et 2025 respectivement - et qui obligeront les transporteurs et les exploitants de navettes - parmi lesquels les hôtels - à se doter de modèles essence, électrique voire hybride rechargeable.
L’électrification : une obligation pour le marché du VUL
Pour répondre à cette nouvelle demande, tous les constructeurs électrifient leurs gammes de VUL. À commencer par Renault qui dispose du duo Kangoo Z.E. et Master Z.E. Une initiative suivie par Nissan qui a intégré dès 2014 sur son NV200 la chaîne de traction électrique de la compacte LEAF. Volkswagen et sa filiale MAN ont également greffé une batterie sur leurs Crafter et TGE tandis que Mercedes-Benz a converti ses Vito et Sprinter à la fée électricité et devrait en faire de même avec le Citan l’an prochain.
Leader sur le marché des VUL en Europe, Ford a choisi une approche différente au tout électrique. En proposant d’abord une hybridation légère sur son nouveau Transit animé par des blocs diesel et essence - essai à venir très prochainement - puis en intégrant une inédite chaîne de traction hybride rechargeable sur ses « petits » utilitaires 1 tonne Transit Custom (VUL) et Tourneo Custom (transport de passagers).
Moteur électrique de traction et générateur essence
D’hybride rechargeable, les deux modèles n’en ont en réalité que le nom. La chaîne de traction est en effet composée d’un moteur électrique principal, d’une batterie Lithium-Ion d’une capacité totale de 13,6 kWh logée dans le plancher, d’un bloc essence 1.0 l EcoBoost qui, comme sur la précédente version de la citadine BMW i3, est cantonné au seul rôle de générateur d’énergie et d’un réservoir de carburant d’une contenance de 54 litres. Une architecture hybride série inaugurée au début des années 2010 par les Chevrolet Volt et Opel Ampera mais encore jamais déployée sur un VUL.
À l’usage, le bloc électrique développant une puissance de 93 kW / 126 ch assure la traction du véhicule et est alimenté par la batterie qui elle-même reçoit de l’énergie du 3 cylindres turbo essence. En fonction de ses besoins, le conducteur peut également choisir l’un des quatre modes de conduite proposés :
- AUTO pour une gestion automatique des deux énergies en fonction du type de parcours
- ÉLECTRIQUE pour forcer le mode « zéro émission » (jusqu’à 120 km/h)
- MAINTIEN pour maintenir le niveau de charge de la batterie
- CHARGE pour recharger la batterie via le moteur essence
Jusqu’à 56 km d’autonomie électrique WLTP
Cette architecture offre souplesse et polyvalence aux exploitants qui doivent composer avec des péages urbains ou des zones à basses émissions polluantes. Généralisée à compter du printemps 2020, la télématique FordPass Pro - les premiers exemplaires livrés en cette fin d’année pourront en être équipés en seconde monte - permettra aux gestionnaires de flottes d’optimiser l’utilisation de leurs véhicules et même de contraindre automatiquement le mode électrique à l’entrée d’une ville grâce au géorepérage (Geofencing).
Un dispositif similaire à celui déjà testé par BMW à Rotterdam (Pays-Bas) sur ses hybrides rechargeables et qui, dans le cas de Londres, sera susceptible de faire baisser le coût du péage urbain en fonction du nombre de kilomètres réellement parcourus en mode « zéro émission ». La capitale britannique a ainsi accueilli dès 2017 une flotte expérimentale de 20 Transit PHEV.
Parmi les enseignements recueillis : sur les quelque 250 000 km parcourus, 75 % des trajets intra-muros l’ont été en mode électrique, contre 49 % pour des trajets péri-urbains. Des conclusions à mettre en parallèle avec les chiffres transmis en 2014 par le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) qui relevait que les trois quarts des VUL parcouraient en moyenne moins de 80 km quotidiennement en France. Avec une autonomie WLTP de 56 km (53 km pour le Tourneo Custom), le Transit pourrait donc couvrir au moins la moitié des trajets quotidiens de la majorité des VUL. Le reste du parcours étant assuré par le générateur thermique qui, lors de notre essai d’une centaine de kilomètres sur route, a été inférieur à 5 l / 100 km avec deux passagers et une charge de 500 kg.
VIDEO – Essai Renault Master Z.E. : le coût des restrictions
Volume de chargement et charge utile conservés
Esthétiquement, seuls le badge Plug-in Hybrid apposé sur le battant arrière droit et la trappe de charge implantée sous le feu avant gauche distinguent la version à faibles émissions des Transit et Tourneo Custom de leurs homologues thermiques. Dans l’habitacle, l’instrumentation située derrière le volant est enrichie d’un indicateur de consommation ou de récupération d’énergie ainsi qu’un témoin de l’état de charge de la batterie. Dans le système d’infodivertissement SYNC 3 à commande vocale associé à un grand écran tactile de 8 pouces, il est toutefois regrettable de ne pas trouver de données consolidées sur la gestion et la consommation de l’énergie.
Autre différence avec les versions diesel et essence : la présence de deux niveaux de récupération d’énergie cinétique au freinage. Via le sélecteur de positions, le mode Drive (D) gère automatiquement la récupération tandis que le mode Low (L) permet de profiter d’un frein moteur jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. À l’image d’une BMW i3 ou d’une Nissan LEAF, le conducteur a la possibilité de piloter son véhicule en modulant la seule pédale d’accélérateur. Un véritable atout dans les centres urbains congestionnés.
Concernant l’accumulateur garanti 8 ans ou 160 000 km, celui-ci reçoit le renfort d’un chargeur embarqué d’une puissance de 3 kW qui peut être rechargé en :
- 5 heures sur une prise domestique standard (2,3 kW, 10 A)
- 3 heures sur une borne publique ou une Wallbox (3 kW, 16 A)
Ce qui ne change pas en revanche, ce sont la charge utile (1 130 kg) et le volume de chargement (6 mètres cubes) qui sont strictement identiques aux versions thermiques grâce à l’implantation de la batterie dans le plancher du véhicule. Même constat pour le Tourneo qui conserve ses 8 places.
Exonération de TVS et récupération partielle de la TVA
Respectivement facturés 43 790 euros H.T. et 65 290 euros H.T, les Ford Transit et Tourneo Custom PHEV assemblés à Gölcük (Turquie) font payer cher leurs prestations, même si leur chaîne de traction est innovante et les absout de toute restriction de circulation future. Et ce ne sera pas le pack EPower 6 kW - un dispositif optionnel qui permet de transformer l’utilitaire en batterie mobile via une prise électrique E/F - qui convertira massivement les artisans à ce type de propulsion.
Ni même le partenariat noué avec l’opérateur néerlandais NewMotion qui, depuis l’application mobile de Ford, permet de localiser et de payer la charge sur plus de 180 000 bornes réparties dans 30 pays européens. Les deux modèles s’adressent en effet prioritairement aux acteurs de la logistique du dernier kilomètre (LDKM) et aux hôtels assurant des navettes entre leurs établissements situés en centre-ville et les aéroports en périphérie.
Autre sujet de discorde qui ne concerne que le Tourneo, le Transit étant totalement exonéré de taxe sur les véhicules de société (TVS) : avec ses 70 g de CO2/km, la version transport de passagers ne peut prétendre qu’à une exonération partielle (3 ans) de la TVS. Enfin, tropisme spécifique à la France, l’alignement de la fiscalité entre le gasoil et l’essence n’étant effectif qu’en 2022, les premiers clients qui seront livrés en cette fin d’année ne pourront récupérer que 60 % de la TVA sur le sans-plomb en 2020. Contre 100 % sur le gasoil …