Pollution automobile : tricher, oui mais pas que …

Les révélations successives sur les niveaux de tricherie des constructeurs concernant leurs émissions polluantes se poursuivent et toucheront probablement toute la planète automobile. Il serait temps d’avouer la duperie aux consommateurs, tout autant préoccupés par leur santé que par leur consommation réelle d’essence, de gazole ou d’électricité, toujours largement supérieures aux « normes » qui n’en sont plus. Par Jean-Christophe Lefèvre.

Le diesel mais pas que …

L’un, italien, coupe son système de dépollution au bout de 22 minutes (le test Euro 6 dure 20 minutes…). L’autre, franco-nippon et coréen, désactive le sien sous les 17°C et au-delà de 35°C. Encore un autre, à l’éclair bien sonore, libère toute la puissance et les émissions polluantes au-delà de 140 km/h. Alors qu’un cinquième larron, le premier à s’être fait prendre la main dans le sac, active le bridage de son moteur lorsqu’il détecte le passage au banc d’homologation … Bref, si cette duperie ne concernait que les versions diesel, on pourrait encore penser que la tricherie était quasiment rendue obligatoire et nécessaire pour satisfaire à des normes de dépollution européennes Euro 6 trop exigeantes. Las …

Outre la duperie de ces constructeurs adeptes du « green washing » – vous avez remarqué ? le label Eco2 a disparu du discours de Renault –, les dernières investigations des autorités allemandes et japonaises ou américaines ont soulevé une nouvelle faille critique : au-delà des mensonges avoués sur la faible ou l’absence totale de dépollution des oxydes d’azote dangereux pour la santé, les constructeurs mentent aussi sur le niveau des émissions de gaz à effet de serre !

 

Après les NOX, le CO2

Comme nous le dénonçons depuis le début du #Dieselgate, peu importe les querelles sémantiques sur la duplicité des constructeurs relayée par de pseudos experts du domaine – ingénieurs et docteurs rémunérés par les lobbys pétroliers ou les automobiles, journalistes et commentateurs patentés de la chose roulante à explosion et adeptes du « c’était mieux avant quand on pouvait circuler sur le parvis de Notre-Dame de Paris et sur la voie Pompidou », politiques de tous poils, etc. – TOUS les constructeurs, les uns après les autres, vont être obligés de reconnaître qu’ils falsifient largement les chiffres dits « normalisés et obligatoires ».

Ainsi, l’un nippon, a « optimisé » ses midjets et citadines pour en abaisser la consommation, donc le CO2 et en a profité pour faire passer son SUV hybride rechargeable pour plus vertueux qu’il ne l’est en réalité (poids et taille des pneus lors de l’homologation). L’autre, tout aussi japonisant, invoque les conditions de tests très particulières de l’Archipel (« une colline près de la mer avec des vents affectant les mesures ») pour minimiser le niveau de rejet de CO2. Et le ministre allemand des Transports de carrément dévoiler les résultats de son autorité de contrôle KBA en déclarant que sur les 53 voitures testées pour dénicher un logiciel fraudeur, certaines étaient suspectées (lire ci-dessus) mais surtout, une trentaine affichaient des niveaux de CO2 inexplicablement élevés !

Dieselgate : en finir avec le véhicule diesel ! 

Hors de l’hybride essence, point de salut !

Alors, aujourd’hui, qui faut-il croire ? Quel constructeur aura le courage de dire au législateur français, européen, américain ou japonais que les normes de dépollution imposées sont impossibles à tenir ? Faut-il finalement s’en remettre à la judiciarisation à l’anglo-saxonne, au système américain qui se moque plutôt des émissions de gaz à effet de serre pour privilégier la santé publique et interdire ou presque les voitures diesel en raison de leurs niveaux de NOx ?

Il y sûrement, entre les deux, une chance pour l’Europe de démontrer que le modèle vertueux suivi par Toyota depuis bientôt vingt ans est le bon : en dehors de l’hybride essence, point de salut ! Soulignons donc que Toyota est le seul constructeur qui soit aussi près de la « normalité » en matière d’émissions de NOx ainsi que de CO2 selon la commission Royal. Même si Toyota doit quelque part enjoliver ses résultats lors des tests, c’est probablement la voie à suivre. Les constructeurs allemands s’y sont déjà engouffrés, suivit par Carlos Tavares, le patron de PSA dont le nouveau Peugeot 3008 sera proposé avec une motorisation hybride essence … en 2019. Il était temps !