Mercedes eSprinter : notre test complet sur autoroute
Publié le 15 février 2021 à 07h01 | Fabrice SPATH | 6 minutes
Sur les 170 km parcourus, le Mercedes eSprinter s’est contenté d’une consommation moyenne de 38 kWh/100 km
ESSAI - Disponible avec deux capacités de batteries offrant jusqu’à 157 km d’autonomie théorique, la version électrifiée du Mercedes-Benz eSprinter offre aux professionnels l’accès sans restriction dans les centres-villes des grandes métropoles. Mais aussi de réaliser aisément des trajets interurbains grâce à son dispositif de charge rapide. Nous avons pris le volant de la version à autonomie étendue entre l’aéroport d’Orly et la ville de Chartres.
Fin 2019, la version « zéro émission » du plus grand des utilitaires Mercedes-Benz entamait sa production sur les chaînes du site allemand de Düsseldorf. Moins d’un an plus tard, l’eSprinter était commercialisé en Europe avec l’ambition de séduire les grands acteurs du transport du dernier kilomètre mais aussi les professionnels qui souhaitent trouver dans un seul et même véhicule la possibilité d’entrer sans limitation dans les centres-villes - qui banniront à terme les diesel - et un coût total de possession (TCO) optimisé.
Un seul format, deux tailles de batteries
Dans le plancher du eSprinter prennent place trois ou quatre packs batteries développant 41 kWh (35 utiles) ou 55 kWh (47 utiles) de capacité énergétique totale. Une énergie embarquée qui offre respectivement 119 et 157 km d’autonomie selon le cycle mixte WLTP. Traction, le grand-frère du eVito auquel il emprunte le groupe motopropulseur est animé par un électromoteur de 85 kW/116 ch (295 Nm).
Sans bénéficier d’une plateforme dédiée aux chaînes de traction électrique qui sera étrennée par la prochaine génération du VUL, le grand utilitaire de Stuttgart conserve le volume de chargement des versions diesel équivalentes (11 m3) mais perd en charge utile (1 017 kg pour le petit accumulateur, 863 kg pour le grand). Exclusivement disponible en traction et avec le seul format L2H2 (6088 x 2687 mm), cette déclinaison électrifiée a été spécialement développée pour répondre aux exigences des grands acteurs de la livraison du dernier kilomètre, à l’image d’Amazon.
Si le poste de conduite est identique à une version diesel équivalente, la finition intérieure et la dotation de série sont en-deçà du reste de la gamme. L’absence d’instrumentation numérique, de navigation par GPS ou du système d’infodivertissement MBUX répondent davantage à des contraintes de coûts demandés par les grands gestionnaires de flottes qu’à la notion de plaisir qu’éprouvera le conducteur.
170 km entre Orly et Chartres
Au volant, la conduite du Mercedes eSprinter est comparable au Sprinter 211 animé par le nouveau 2.0 litre turbo-diesel de 114 ch associé à la boîte automatique 9G-Tronic. Embarquant une charge de 200 kg lors de notre aller-retour reliant l’aéroport d’Orly au centre-ville de Chartres, l’utilitaire s’avère maniable en zones urbaine et péri-urbaine grâce à son rayon de braquage de 15,7 mètres et sa caméra de recul avec affichage sur rétroviseur intérieur.
Autre point fort : grâce aux deux palettes situées de part et d’autre du volant, le conducteur peut doser la récupération d’énergie cinétique au freinage, du mode D- offrant un frein moteur puissant et un pilotage avec la seule pédale d’accélérateur - l’arrêt doit toutefois être marqué par l’appui sur la pédale de frein - aux modes D, D+ et D++, ce dernier étant un mode roue-libre au lever de pied. Le tout agrémenté par une fonction Auto permettant de doser automatiquement le frein moteur en fonction du type de parcours.
Sur les autoroutes A10 (l’Aquitaine) puis A11 (l’Océane), nous avons sélectionné le mode Auto et activé le régulateur de vitesse à 110 km/h (vitesse maxi bridée à 120 km/h). À notre arrivée dans la zone de la cathédrale de Chartres par une température extérieure d’environ 10 degrés, le modèle à l’étoile affichait 45 % de capacité et 54 km d’autonomie restants pour un trajet d’une durée d’1h22 et une distance parcourue de 85 km.
Charge rapide en 30 minutes
Au retour, une pause recharge est réalisée sur la station de charge IONITY installée sur l’aire d’autoroute de Chartres-Bois Sud. En 21 minutes, un total de 25 kWh sont injectés dans l’accumulateur afin de rejoindre Orly sans avoir la crainte de manquer d’énergie. Un temps de charge très court lié au dispositif à haute puissance commercialisé en option (80 kW en courant continu, prise Combo 2).
Sur la borne IONITY, la puissance en crête a atteint 83 kW durant quelques minutes avant de se stabiliser à 70 puis 60 kW. Ainsi doté, l’eSprinter peut faire le plein d’énergie de 10 à 80 % en seulement 30 minutes sur une station compatible (IONITY ou Total par exemple). De série, l’utilitaire à l’étoile accueille un chargeur embarqué de 7 kW (courant alternatif) limitant le temps de charge à 6 heures sur une borne de même puissance.
Confortable et bien insonorisé, le modèle offre par ailleurs trois modes de conduite (Eco+, Eco et Confort) sélectionnables via un bouton situé sur la planche de bord qui influent sur le bridage de la climatisation ou de la puissance. Sur notre parcours, nous avons opté pour le mode intermédiaire E, activé par défaut au démarrage.
Mercedes eSprinter |
Trajet A/R |
Temps de parcours |
Temps de charge |
Consommation |
Vitesse moyenne |
Orly-Chartres |
170 km |
2h48 |
21 mn |
38 kWh/100 km |
64 km/h |
L’avis de la rédaction
Commercialisé en France à partir de 55 125 euros H.T. (petite batterie) ou de 61 750 euros H.T. (grande batterie), le Mercedes-Benz eSprinter bénéficie jusqu’au 30 juin prochain d’un bonus « écologique » de 3 000 euros (2 000 euros après cette date). Un coup de pouce financier qui, associé à des budgets entretien et énergie réduits, en font une star du coût total de possession (TCO), indicateur clé des gestionnaires de flottes. Ainsi, le constructeur estime le TCO de la version 41 kWh inférieure à celui du Sprinter 311 diesel à traction (empattement 39) pour 30 000 km parcourus annuellement et une détention de 3 ans.
Offrant deux tailles d’accumulateur, un dispositif de charge à haute puissance performant (en option), un volume de chargement équivalent au diesel et un TCO compétitif, la firme de Stuttgart frappe fort sur le marché des VUL « zéro émission » de grande série lancé par les Renault Kangoo Z.E. puis Nissan e-NV200 au début des années 2010. Des atouts qui n’ont pas échappé au géant du commerce en ligne Amazon ou au transporteur allemand Hermes qui ont passé commande pour près de 2 000 unités.
Agréable à conduire dans un environnement urbain dense, l’eSprinter se montre également à son aise sur autoroute lors d’un trajet interurbain où, pour accéder aux centres-villes soumis à un nombre grandissant de « zones à faibles émissions », l’électrique devient incontournable. Seul utilitaire à batteries offrant une telle polyvalence, le Mercedes gagnerait toutefois à proposer d’autres formats que le L2H2 ainsi qu’un attelage afin de séduire des artisans et professionnels du BTP eux-aussi soumis à ces restrictions pour des livraisons ou des chantiers intra-muros.