Mercedes EQV : le luxe électrique sans restrictions

Publié le 22 janvier 2021 à 07h56 | Fabrice SPATH | 8 minutes

Premier essai du grand monospace électrique Mercedes EQV 300 équipé d’une batterie de 100 kWh offrant une autonomie WLTP de 353 km

ESSAI - Version électrique du grand et luxueux Classe V, le Mercedes-Benz EQV offre aux familles nombreuses mais surtout aux professionnels du transport ainsi qu’aux hôtels assurant des navettes un moyen de contourner les restrictions de circulation et le durcissement de la fiscalité automobile française. Le tout associé à un TCO très compétitif face à son équivalent diesel. Premier essai entre l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle et la ville de Reims, en Champagne.



En 1980, Mercedes-Benz présentait au grand public son fourgon expérimental 307 E à propulsion électrique. Grâce à ses batteries au plomb intégrées dans le plancher, le véhicule destiné à la livraison urbaine et animé par un petit électromoteur de 30 kW offrait une autonomie de 65 km à une vitesse moyenne de 50 km/h.

Un premier utilitaire « zéro émission » produit à 32 exemplaires qui participa à une expérimentation grandeur nature dans la capitale fédérale d’alors, Bonn, au sein de la flotte de la Deutsche Bundespost. Un véhicule dont les caractéristiques étaient compatibles avec les besoins de l’opérateur mais abandonné en raison de la durée de vie réduite de ses batteries et des exigences en matière d’entretien.

 

350 km d’autonomie WLTP et 8 passagers

Quarante ans et de nombreuses présentations de produits ou prototypes électriques à batteries ou à hydrogène (pile à combustible) plus tard, le constructeur de Stuttgart ouvrait les commandes de son EQV. Un grand monospace pour les familles, une navette de luxe à fiscalité optimisée pour les professionnels, le modèle est le second membre de la famille EQ inaugurée par le grand SUV EQC et très prochainement renforcée par le SUV compact EQA.

Troisième modèle de la filiale Mercedes-Benz Vans animé par une chaîne de traction électrique - après l’eVito et l’eSprinter -, l’EQV n’est autre que la version électrifiée du grand Classe V, lui-même basé sur la plateforme largement remaniée de l’utilitaire Vito. Capable de transporter jusqu’à 8 passagers (sur la version Extra Long de 5,37 mètres, 6 passagers sur la version Long de 5,14 mètres) et doté d’un volume de coffre oscillant entre 1 030 et 1 410 litres, l’EQV 300 embarque dans son plancher une batterie Lithium-Ion d’une capacité de 100 kWh (90 kWh utiles) offrant une autonomie de 353 km sur le cycle mixte WLTP.

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3 modes de conduite et 5 niveaux de régénération

Un accumulateur issu et adapté du SUV EQC dont le grand monospace reprend l’un des blocs moteurs installé sur le train avant et développant ici une puissance maximale de 150 kW/204 ch (362 Nm). Une cavalerie qui est bridée en fonction du mode de conduite sélectionné (95 ch en mode ECO qui influe également sur le système de chauffage, 136 ch en mode Confort et 204 ch en mode Sport). Pour des raisons évidentes liées à la surconsommation, la vitesse maxi est elle aussi bridée à 160 km/h.

Autre dispositif hérité de son cousin : les 5 niveaux de récupération d’énergie au freinage qui s’activent via les deux palettes situées derrière le volant. En mode D, le frein moteur opère comme sur un véhicule thermique conventionnel. Le mode D Auto laisse le véhicule adapter la régénération en fonction du type de parcours, de la circulation ou encore de la vitesse. Les modes D- et D-- augmentent le frein moteur et sont particulièrement appréciables dans un environnement urbain, laissant le conducteur piloter l’EQV avec la seule pédale d’accélération (ce dernier devra tout de même appuyer sur le frein pour marquer l’arrêt). Enfin, le D+ offre un mode « roue-libre » propre aux véhicules électriques.

 

Fauteuils individuels ou banquettes

Dans l’habitacle, le conducteur et son passager ont l’impression de se trouver à bord d’une voiture particulière (VP) de la marque à l’étoile, tant la finition et la qualité des matériaux tutoient l’excellence pour ce véhicule pourtant dérivé d’un utilitaire. Seules vraies différences avec le reste de la production : une instrumentation qui n’a pas encore été remplacée par une dalle numérique et le fait de devoir insérer puis tourner la clé pour activer le mode Drive.

À l’arrière, le Mercedes EQV accueille de série deux rangs de deux fauteuils individuels, coulissants et capables de pivoter afin de transformer le véhicule en « salon ». En configuration Extra Long, les fauteuils sont remplacés par deux banquettes de trois places chacune. Doté d’un PTAC fixé à 3 500 kg, la charge utile de la version Long est de 686 kg contre 656 kg pour l’Extra Long.

 

Consommation de 28,8 kWh/100 km

Après une période d’adaptation liée à la présence de multiples commandes et fonctions pilotables via des boutons présents sur la planche de bord et via l’écran central numérique de 10,25 pouces, le conducteur trouve rapidement ses marques, ce malgré le gabarit imposant du véhicule et son poids à vide (2 814 kg). Au volant, les accélérations sont franches et linéaires, l’agrément de conduite est complet.

Un embonpoint qui ne se fait pas sentir en ville et sur les grands axes mais devient rapidement un handicap sur les petites routes où les changements d’appuis à vitesse soutenue favorisent la prise de roulis. Une faiblesse en partie gommée par l’arrivée de la suspension pneumatique AirMatic en ce début d’année.

Sur notre parcours d’essai reliant l’aéroport de Roissy à la ville de Reims (Marne), l’aller réalisé sur autoroute, régulateur de vitesse fixé à 130 km/h et température extérieure d’environ 10 degrés, la consommation s’est établit à 32 kWh/100 km. Au retour via le réseau secondaire, celle-ci n’était que de 26 kWh/100 km. Soit des chiffres conformes à la consommation homologuée à 28,3 kWh/100 km sur le cycle mixte WLTP. Autre enseignement apporté cette fois-ci par l'équipe en charge de convoyer les véhicules de test auprès des principaux concessionnaires de l'Hexagone : sur les quelques 6 200 km parcourus, la consommation moyenne relevée par leurs soins a été de 27,8 kWh.

 

Charge à haute puissance en 45 minutes

À l’image du reste de la gamme électrifiée de Mercedes-Benz Vans, l’EQV est doté d’un système de charge particulièrement performant. De série, le Classe V « zéro émission » embarque un chargeur de 11 kW capable de réduire le temps de charge à 10 heures sur une Wallbox résidentielle ou une borne publique de même puissance. Installée dans le bouclier avant, sous l’optique gauche, la prise de charge de type Combo 2 (standard CCS) permet également d’accéder aux stations de charge à haute puissance.

Outre les bornes en cours de déploiement par le pétrolier Total auprès de ses stations-services autoroutières, l’EQV pourra aisément faire le plein d’énergie sur les stations installées en Europe par le consortium IONITY. Sur ce type d’infrastructure, la puissance en crête atteint 110 kW et permet de recharger 10 à 80 % de l’accumulateur en moins de 45 minutes. Lors de notre trajet retour, nous avons fait une halte sur l’aire de Gueux (A4) pour constater la courbe de charge à haute puissance. Résultat : la charge a démarré à 109 kW (44 % de capacité restante) avant de terminer à 52 kW (80 %). Au total, 42 kWh ont été injectés dans la batterie en moins de 27 minutes.

Mercedes EQV : le premier monospace premium et électrique 

L’avis de la rédaction

Essentiellement destinés aux professionnels du transport (taxis et VTC), aux hôtels assurant des navettes pour leurs clients entre leur établissement, les gares ou les aéroports mais aussi aux familles nombreuses (et aisées), le Mercedes EQV combine une habitabilité généreuse, une finition exemplaire, un agrément de conduite excellent, une insonorisation poussée, le tout avec une fiscalité douce et un TCO optimisé.

Si le modèle ne bénéficie d’aucun bonus écologique compte-tenu de son tarif élevé - seuls les véhicules électriques dont le prix de vente est inférieur à 60 000 euros y ont droit en France -, il accède en fonction des départements à la gratuité ou la semi-gratuité du certificat d’immatriculation, de l’exonération totale et à vie de la taxe sur les véhicules de société (TVS) et, bien entendu, d’un coût total de possession (TCO) équivalent à la version diesel 250d Avantgarde soumise à un malus minimal de 9 500 euros.

Véhicule de standing basé sur la finition Avantgarde incluant notamment les sièges avant chauffants ou encore le système de lecture des panneaux de signalisation, l’EQV 300 facturé a minima 73 464 euros TTC devient une alternative crédible pour qui veut optimiser sa fiscalité et ne pas être restreint dans ses déplacements au sein des grandes métropoles. Reste que la liste des options est longue et qu’il vous faudra sélectionner la climatisation automatique (804 euros) ou encore les portes latérales électriques (1 992 euros) pour parfaire votre configuration.

Galerie de photos

Les plus

  • agrément de conduite
  • TCO compétitif
  • qualité des finitions
  • habitabilité préservée

Les moins

  • tarifs élevés
  • longue liste d'options
  • poids important
  • tendance au roulis

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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