Jaguar Land Rover : l’électrique et l’hydrogène pour assurer sa survie
Publié le 15 février 2021 à 11h09 | Mathieu PARAIN | 4 minutes
En 2025, Jaguar deviendra une marque dédiée à l’électrique tandis que Land Rover lancera 6 nouveautés à batteries ou à hydrogène d’ici 2030
STRATÉGIE - À compter de 2024, Land Rover commercialisera chaque année un nouveau modèle électrique (à batteries ou à hydrogène) tandis que sa marque sœur Jaguar deviendra dès 2025 le label « zéro émission » et haut de gamme du groupe britannique. En cause : la réglementation européenne en matière d’émissions de CO2.
À l’automne 2018, les premières indiscrétions concernant l’avenir de Jaguar paraissaient dans la presse britannique spécialisée. Alors que le groupe JLR, propriété du groupe indien Tata depuis 2008, annonçait publiquement quelques mois auparavant un plan d’investissement d’un montant de 15 milliards d’euros en faveur de la mobilité électrique, les réflexions autour de la marque au félin transformée en label électrique étaient initiées.
100 % électrique pour Jaguar
Moins de trois ans plus tard, le PDG du groupe présentait ce matin lors d’une conférence de presse virtuelle la stratégie « Reimagine ». Ancien directeur général du groupe Renault qui a récemment annoncé via la voix de son nouveau patron Luca de Meo la fin de la course aux volumes, le français Thierry Bolloré a lui aussi confirmé vouloir mettre davantage l’accent sur « la qualité plutôt que sur les volumes. » Et tout comme la stratégie « Renaulution » du Losange, celle de JLR fait la part belle aux chaînes de traction électrique.
Les blocs diesel seront ainsi progressivement retirés des catalogues des deux marques d’ici 2026 au profit de chaînes hybrides rechargeables, électriques et à hydrogène. Sans détailler les projets liés à cette dernière technologie, M. Bolloré a révélé que son entreprise investirait « massivement » dans les piles à combustible et qu’un premier prototype sera testé avant la fin de cette année sur route ouverte. Une technologie vraisemblablement réservée à Land Rover et à ses lourds et imposants 4x4.
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Électrification et hydrogène pour Land Rover
D’ici la fin de la décennie, chaque modèle Land Rover sera proposé avec une version électrique - à batteries ou à hydrogène -, à raison d’un lancement par an à compter de 2024. Six nouveautés « zéro émission » qui côtoieront les modèles de la marque sœur Jaguar qui sera transformée dès 2025 en label électrique du groupe. En perte de vitesse sous les effets du désamour des consommateurs pour les berlines et le diesel, le constructeur de Coventry est appelé à devenir une marque haut de gamme capable de rivaliser avec le compatriote Bentley qui a, lui aussi, récemment amorcé son virage électrique.
En développement depuis plusieurs années, la déclinaison à batteries de la grande berline Jaguar XJ est abandonnée, le seul modèle « zéro émission » au catalogue étant le SUV i-Pace dont les ventes restent très en-deçà des objectifs initiaux. Chez Land Rover qui bénéficiera de deux plateformes modulaires - une seule pour Jaguar -, tous les Range Rover, Discovery et Defender bénéficieront d’une variante électrique ou à hydrogène d’ici 2030. Pour le groupe JLR, l’objectif est de devenir un industriel « neutre en carbone » d’ici 2039.
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L’avis de la rédaction
Première information : sans renoncer totalement aux SUV, Jaguar se concentrera avant tout sur les carrosseries berlines. Un bon point pour l’aérodynamisme et la consommation des futurs véhicules électriques de la marque au félin. Deuxième : trois nouvelles plateformes - dont l’une sera dédiée aux électriques de Jaguar - seront lancées à partir de 2024. Troisième : la réglementation CO2 aura accéléré la transformation du groupe vers un catalogue massivement électrifié. Quatrième : l’hydrogène semble avoir un avenir sur les voitures particulières (VP), du moins sur les 4x4 et autres SUV.
En 2020, JLR a manqué de 2 grammes son objectif de réduction de ses émissions de C02 fixé à 132 g/km, le contraignant de provisionner plus de 103 millions d’euros afin de payer l’amende que lui a infligé l’Europe. Cette première sanction financière associée à la disparition progressive d’ici 2028 du statut de constructeur dit de « niche » commercialisant moins de 300 000 véhicules par an sur le continent ont incité le nouveau PDG Thierry Bolloré à imaginer un avenir à très faibles émissions polluantes à son groupe. Reste maintenant à savoir si la clientèle sera au rendez-vous.