Essai Tesla Model S : la voiture électrique ultime (+ photos)
Publié le 05 février 2015 à 19h49 | Fabrice SPATH | 8 minutes
Tesla Model S : la première voiture électrique du marché dotée d’une autonomie supérieure à 400 km
Star des voitures électriques, la berline Tesla Model S constitue une rivale de poids pour les Audi A7 et Mercedes-Benz CLS équipées de motorisations diesel. Accélérations linéaires, reprises démoniaques, autonomie supérieure à 400 km : la Model S séduira même l’automobiliste le plus blasé. Premier essai au volant de la variante P85 forte de 416 ch.
Deuxième modèle du jeune constructeur Tesla Motors
Tesla Motors : créée en 2003, la jeune start-up cofondée par l’un des créateurs de PayPal est devenue en une décennie une belle PME internationale, passant du stade d’objet de curiosité à celui de constructeur automobile à part entière. Née à Palo Alto, au cœur de la Silicon Valley, la société d’Elon Musk a lancé en 2008 le Tesla Roadster sur une base de Lotus Elise. 100 % électrique, le roadster aux 300 km d’autonomie est rapidement devenu la coqueluche des stars hollywoodiennes. Si le roadster n’était pas destiné à être largement diffusé – 2 000 exemplaires environ ont été produits entre 2008 et 2012 –, la berline Tesla Model S assemblée dans l’usine ultra-moderne de Fremont (Californie) a un tout autre destin.
Model S : électrique et statutaire
Aux Etats-Unis, un an seulement après sa commercialisation en 2012, la Model S se vendait mieux que les Audi A8, BMW Série 7 et Mercedes-Benz Classe S réunies. Son design élégant, équilibré et racé font tourner les têtes. Posée sur de belles jantes alliage de 21 pouces, longue de 4,97 mètres et (très) large de 1,69 mètres, la Tesla est une voiture statutaire. En approchant le véhicule, les rétroviseurs électriques se déploient et les 4 poignées de portes chromées sortent de leur logement grâce au système Keyless. Outre l’ouverture et la fermeture centralisée, cette clé permet aussi d’ouvrir les deux coffres situés à l’avant et à l’arrière (volume total 895 litres). Dans l’habitacle, rares sont les boutons permettant de piloter les fonctions du véhicules ou d’accéder au système d'infotainement.
Le must : un écran central tactile de 17 pouces
Alors que la profusion des boutons est devenue la norme chez la plupart des constructeurs premium – Porsche propose ainsi un bouton dédié à une fonction sur sa Panamera –, l’ensemble de la Tesla Model S se pilote depuis une immense tablette tactile de 17 pouces (deux fois plus grand qu’un iPad). Installé sur la console centrale, cet écran permet d’accéder à toutes les fonctions du véhicule : navigation par GPS, contrôle du son et sélection de la chaîne de radio numérique (via connexion 3G), ouverture du toit ouvrant (avec entrebâillement au degré près), réglage de la suspension, activation du chauffage, de la climatisation et des sièges chauffants, … Derrière le volant, un magnifique écran TFT remplace l’instrumentation classique. Cet écran affiche la vitesse, la consommation d’énergie, l’autonomie restante, …
Une finition … très américaine
Dans l’habitacle de la Model S se mêlent matériaux nobles – cuir, alcantara, inserts aluminium et bois – et plastiques qui, sur le Vieux Continent habitué aux standards haut de gamme germanique, sont indignes du segment premium. Tel le similicuir recouvrant la planche de bord ou encore les plastiques durs des parties inférieures de la planche de bord. Autre mauvaise surprise (ce sera la dernière) : les commodos situés derrière le volant et les commandes de vitres électriques sont issus de la banque d’organes … Mercedes-Benz. A l’arrière, la banquette peut accueillir 3 adultes dans un confort royal et, en appoint, une deuxième rangée contenant 2 sièges peut être installée dans le coffre. Destinée à des enfants de moins de 12 ans, cette seconde banquette fait de la Tesla Model S une 5 + 2 places.
Un 0 à 100 km/h exécuté en 4,4 secondes
Contrairement aux modèles thermiques concurrents, la Tesla électrique ne dispose pas de boîte automatique. Au volant, un sélecteur avec 4 positions : parking, neutre, marche arrière et marche avant. Confortablement installé dans le siège en cuir qui manquera dans la suite de cet essai de renforts latéraux lors des virages serrés, le démarrage se fait … en silence. Pour celles et ceux conduisant au quotidien une Nissan LEAF ou une Renault ZOE, rien de très nouveau. C’est en appuyant sur la pédale d’accélérateur que le potentiel de la Model S se révèle. Grâce au couple « camionesque » de 600 Nm, les accélérations et reprises sont dantesques, le conducteur et ses passagers étant littéralement scotchés dans leurs sièges. Sur notre modèle d’essai P85 – P pour Performance – équipé de la batterie d’une capacité de 85 kWh et du bloc électrique développant 416 ch, le 0 à 100 km/h est exécuté en 4,4 secondes et la vitesse maximale est limitée électroniquement à 225 km/h.
Un comportement routier très sain, même sur routes dégradées
Si les deux essayeurs BreezCar sont habitués aux accélérations linéaires des modèles électriques et hybrides rechargeables, la Model S les a transformés en grands enfants. Grâce à sa direction précise (3 modes au choix : standard, confort et sport), à son centre de gravité très bas (grâce au pack batterie de 600 kg installé dans le plancher), à son frein moteur très puissant digne d’une BMW i3, la Tesla dispose d’une tenue de route exceptionnelle et d’un comportement très sain, même sur chaussées dégradées ou humides. Et ce malgré son poids de 2,1 tonnes … Très performant, le système d’antipatinage intervient directement sur l’alimentation du bloc électrique plutôt que sur les freins. Confortable grâce à sa suspension pneumatique Smart Air (en option), l’américaine n’a rien à envier à ses concurrentes allemandes. Reste son niveau d’équipement qui, avec les dernières mises à jour logicielles, lui permettront d’être dotée d’un régulateur de vitesse adaptatif.
Autonomie : 400 km en ville/route, 300 km sur autoroute
Annoncée pour 502 km d’autonomie selon le très favorable cycle d’homologation NEDC, la Tesla Model S P85 peut aisément parcourir 400 km sur une seule charge, hors autoroute. A 130 km/h, la star des voitures électriques consommera environ 270 Wh/km (selon nos relevés réalisés lors de l’essai), de quoi réduire l’autonomie à 300 km environ. Située dans le bloc optique arrière gauche, la prise de charge est protégée par une trappe qui se déverrouille depuis l’écran tactile de la console centrale. Fournie de série avec un câble de 5 mètres de long muni d’adaptateurs multiples côté infrastructure électrique, la Tesla peut gratuitement faire le plein de sa batterie sur l’ensemble du réseau de Superchargers européens (en option sur la version 60 kWh). Réservées aux seuls propriétaires de Model S, ces stations de charge rapide délivrant 120 kW de puissance permettent de recouvrir 80 % de l’autonomie en 40 minutes.
La recharge : un sujet complexe de prime abord
Si la Tesla Model S peut accéder gratuitement aux 17 Superchargers installés au 1er janvier 2015 dans l’Hexagone, elle peut également recharger sa batterie sur les 250 bornes rapides déployées par Nissan sur les parkings des enseignes Auchan et Ikea notamment (50 % de la charge en 1 heure environ). Pour ce faire, il suffit de brancher le connecteur délivrant 43 kW en courant alternatif (AC) sur le véhicule. La routière de l’Oncle Sam peut également faire le plein sur une borne de recharge publique délivrant une puissance « accélérée » de 22 kW habituellement réservée aux seules Renault ZOE, à condition d’avoir souscrit à l’option chargeur double (50 % de la charge en 2 heures). Enfin, à domicile, privilégiez l’installation d’une borne de recharge résidentielle Wallbox pour réduire le temps de charge. L’idéal étant d’installer une Wallbox délivrant 11 kW de puissance pour une charge complète de 8 heures environ.
Démoniaque en conduite sportive, douce en écoconduite
Si la recharge constitue la thématique la moins enthousiasmante dans un premier temps, elle participe au plaisir de posséder un tel véhicule. Lors de notre essai mixte sur plus de 500 km, nous avons profité de la maniabilité de la Model S en environnement urbain et de son confort royal sur autoroute contrarié par quelques bruits de roulement liés aux énormes jantes de 21 pouces. Ses accélérations foudroyantes peuvent rapidement se révéler être de véritables tueuses de permis à points, les 130 km/h réglementaires étant très vite atteints. Si la conduite sportive réduit plus rapidement l’autonomie, elle n’est pas aussi impactante que sur un modèle électrique « classique » comme une Kia Soul EV ou une Volkswagen e-Golf. Jugez plutôt : affichant une autonomie restante de 360 km, nous avons parcouru 100 km sur des routes de campagne en sollicitant fortement l’accélérateur. Verdict : 230 km d’autonomie restante. Un résultat excellent pour une électrique.
Concurrence et bilan de l’essai
La Tesla Model S est une voiture d’exception qui, à n’en pas douter, dispose de longues années d’avance sur ses concurrents. Dans cette version P85, l’autonomie est supérieure à 400 km en conditions normales d’utilisation (300 km sur autoroute) et sa recharge est gratuite et ultra-rapide sur la centaine de Superchargers européens. En Allemagne, Audi s’est juré de proposer une variante électrique de son A6 et de son futur Q8 … en 2018. En attendant, la Model S n’a de concurrentes que l’Audi A7 Sportback (à partir de 60 900 euros pour le V6 diesel de 218 ch) et la Mercedes CLS (à partir de 63 500 euros pour le 4 cylindres diesel de 204 ch). Mieux équipée, plus puissante et disponible en France à partir de 69 040 euros (en version 60 kWh, bonus de 6 300 euros déduit), la Model S aura l’avantage de ne jamais plus vous faire arrêter aux stations-services et de bénéficier d’une exonération totale de la taxe sur les véhicules de société (TVS). Qui dit mieux ?