ESSAI – Chrysler Pacifica PHEV : le monospace en mode électrique
Publié le 03 janvier 2017 à 09h00 | Fabrice SPATH | 6 minutes
Premier véhicule hybride rechargeable du groupe FCA, le Chrysler Pacifica PHEV est disponible depuis quelques semaines au Canada
Premier monospace hybride rechargeable du marché, le Chrysler Pacifica PHEV est disponible depuis quelques semaines dans les concessions nord-américaines. Avec son V6 essence et ses deux moteurs électriques, le Pacifica combine le meilleur du thermique sauce US à la sobriété imposée par les normes antipollution. Premier essai de 750 km à son volant sur les routes sinueuses de la région de Malibu (Californie).
Je t’aime, moi non plus
L’idylle entre la voiture électrique et le groupe Fiat Chrysler Automobiles (FCA) est récente et les nombreuses critiques de Sergio Marchionne à l’égard de son modèle économique n’ont fait qu’entretenir la méfiance des observateurs autour des projets réels ou supposés de l’industriel américano-italien. Et le lancement californien de la Fiat 500e sous la pression de la loi « zéro émission » n’a fait que souligner un peu plus l’hostilité du patron du groupe, ce dernier ayant publiquement appelé les potentiels clients de sa citadine électrique à renoncer à leur achat. Toujours selon le Président du Directoire, Fiat perdrait jusqu’à 10 000 dollars sur chaque vente. De quoi douter des intentions du groupe sur le terrain de la mobilité électrique.
L’éclatement du scandale du Dieselgate associé à la sévérisation mondiale des normes antipollution ont eu raison de la position dogmatique du groupe automobile au sujet de l’électrification de ses gammes. Hybride rechargeable pour les Maserati Levante et Quattroporte, dispositif de récupération d’énergie renforcé (KERS) sur 90 % des Ferrari à l’horizon 2021, modèle 100 % électrique à large diffusion pour Fiat dont la 500e n’est distribuée qu’au compte-gouttes en Californie et en Oregon. Mais la première marque de l’ensemble industriel à bénéficier d’une chaîne de traction électrifiée n’est autre que Chrysler. La firme d’Auburn Hills (Michigan) a ainsi intégré un groupe hybride rechargeable sous le capot de son nouveau monospace Pacifica.
Présentation très sobre
Remplaçant du Town & Country, le Chrysler Pacifica réussit avec brio l’épreuve de la cure de rajeunissement. Elégant pour un engin capable d’engloutir 5,3 mètres cubes de cartons, marchandises, valises et autres peluches, le style séduit. Présentée il y a un an au salon de Detroit, la variante PHEV – pour Plug-in Hybrid Electric Vehicle – ne se distingue de son homologie à essence que par ses badges spécifiques, la grille de calandre avant dotée d’un motif en forme de vagues, le logo bleuté – à l’instar de modèles électriques/hybrides de Nissan, Renault ou Toyota – et, bien entendu, la trappe de charge située sur l’aile avant gauche.
Une prise qui alimente une grande batterie Lithium-Ion d’une capacité de 16 kWh installée sous la seconde rangée de sièges. Une caractéristique qui empêche le repli de ces mêmes sièges dans le plancher, contrairement à la troisième rangée. Hormis cette contrainte, l’habitacle du Pacifica hybride rechargeable ressemble à s’y méprendre à son frère thermique : boîte automatique à variation électrique (EVT) comptant 9 rapports, écran tactile de 8 pouces doté du système Uconnect 8.4 pour les parents et deux écrans tactiles de 10 pouces avec Uconnect Theatre pour les enfants. Seul un œil averti remarquera les surpiqures bleues sur les sièges et la planche de bord ainsi que le remplacement du compte-tours par un indicateur de consommation d’énergie.
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Restrictions à tous les étages
Sous le capot, la présentation se fait elle aussi discrète. Non pas en raison de la faiblesse de sa technologie mais par la communication de Chrysler qui ne souhaite pas effrayer les acheteurs potentiels quant au manque supposé d’autonomie. Une crainte incongrue sur une hybride rechargeable, le moteur thermique offrant une polyvalence similaire au thermique … La peur d’une réaction excessive du consommateur se traduit également par l’absence de bouton permettant de sélectionner les différents modes de conduite. Concrètement, le Pacifica PHEV démarre en électrique (jusqu’à 120 km/h) et vide sa batterie sans que le conducteur n’ait la possibilité de stocker et d’utiliser l’énergie embarquée selon son bon vouloir.
Un défaut de conception majeur à l’heure où la concurrence propose ce dispositif fort utile en ville pour contraindre le mode électrique ou sur autoroute pour conserver l’autonomie électrique. Seule solution : écraser la pédale de droite pour faire démarrer le bloc essence V6 3,6 l Pentastar à cycle Atkinson destiné à réduire la consommation. Un moteur bien épaulé par deux appareils électriques logés dans la boîte de vitesses automatique, le tout développant une puissance totale de 260 ch. Une cavalerie indispensable pour tracter les 2 268 kg (dont 272 kg pour le système hybride) de cet imposant monospace de plus de 5 mètres.
Autonomie et consommation
Sur les 750 km de routes sinueuses parcourus, le Chrysler Pacifica PHEV s’est trouvé à son aise et s’est montré extrêmement confortable et silencieux. Une dernière qualité qui est mise à mal par la boîte auto qui, lors de demandes excessives de puissance, fait monter haut dans les tours le V6 pourtant coupleux. Un comble pour un véhicule de 260 ch mais qui n’altère heureusement que peu l’agrément de conduite général. Un agrément renforcé par un mode électrique qui offre 48 km d’autonomie selon le cycle américain EPA proche des conditions réelles de conduite, 42 km selon nos relevés sans forcer sur l’écoconduite.
Une belle prouesse qui ravira les automobilistes dont les trajets domicile-travail-loisirs sont en moyenne inférieurs à 50 km et qui recherchent pour leurs familles un véhicule polyvalent (coffre de 915 litres) et relativement sobre. Lors de notre essai, la consommation s’est ainsi établie à 7,6 l/100 km de sans-plomb, un appétit réduit compte-tenu du gabarit et du poids du monospace qui s’explique par la présence d’une batterie qui récupère l’énergie cinétique au freinage et la redistribue aux moteurs électriques lors des phases d’accélération ou de reprise. Un accumulateur qui se recharge en 2 heures sur une borne de recharge niveau 2 (240 V, 7 kW) ou en 14 heures sur une prise domestique 140 V.
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Habitabilité équivalente à la version essence classique, consommation réduite et autonomie électrique satisfaisante pour les trajets du quotidien : pourquoi donc Chrysler a-t-il jugé bon de cacher en partie la machinerie électrique de son Pacifica ? La raison n’est pas à chercher du côté des tarifs, la seule finition richement dotée disponible au Canada (Platinium) est commercialisée dès 56 495 dollars. Soit 3 500 dollars de plus que le Pacifica V6. En retranchant les aides à l’achat versées au Québec (8 000 dollars), en Colombie Britannique (8 250 dollars) ou encore en Ontario (14 000 dollars), la variante hybride rechargeable devient très compétitive.
Côté concurrence, seuls les Toyota Prius V – l’équivalent nord-américain de notre Prius+ –, Toyota Highlander et Infiniti QX60 animés par des motorisations hybrides classiques (batteries non rechargeables) associent polyvalence et sobriété. Pour trouver une telle habitabilité avec une motorisation rechargeable, il convient de piocher dans la partie SUV du catalogue des marques premiums, BMW X5 xDrive40e, Mercedes GLE 500e et Volvo XC90 T8 en tête. Mais le tarif souvent supérieur à 80 000 dollars n’est pas particulièrement bon marché. Reste la seconde génération de Chevrolet Volt et ses 80 km d’autonomie. Mais il s’agit d’une berline compacte …