Batteries : le suisse Innolith annonce une densité de 1000 Wh/kg
Publié le 06 avril 2019 à 11h05 | Fabrice SPATH | 3 minutes
INNOVATION - Facteur clé de succès du déploiement à grande échelle des véhicules électriques, l’amélioration de la chimie des batteries et leur moindre impact environnemental font l’objet de nombreuses recherches. Dernière annonce en date : le développement d’un accumulateur ininflammable dont la densité énergétique est supérieure à 1 000 Wh/kg. De quoi offrir une autonomie de 1 000 km sur une seule charge. Explications.
Alors que l’Union européenne soutient financièrement le consortium EVC1000 dont l’une des missions réside dans le développement d’une voiture électrique offrant une autonomie de 1 000 km sur une seule charge à haute puissance de 90 minutes, la PME suisse Innolith AG annonce avoir développé la première batterie Lithium-Ion dont la densité énergétique est équivalente à 1 000 Wh/kg. Soit une densité quatre fois supérieure aux accumulateurs actuels, parmi lesquels les piles au format 2170 du californien Tesla Inc. (250 Wh/kg).
Lever les freins de la mobilité électrique
Implantée dans la ville de Bâle dont l’ambition est d’électrifier 90 % de sa flotte de bennes à ordures d’ici 2025, l’entreprise spécialisée dans le stockage d’énergie qui dispose également d’un laboratoire de R&D à Bruchsal (Bade-Wurtemberg, Allemagne) estime que son innovation permettra à un véhicule électrique de parcourir plus de 1 000 km sur une seule charge.
Innolith AG annonce aussi que sa technologie est ininflammable et n’est pas dépendante de métaux coûteux, à l’image du cobalt. Deux avantages obtenus grâce à l'utilisation d'un électrolyte inorganique inifugé.
Pour Sergey Buchin, le PDG, l’objectif de la société est de surmonter les limites qui freinent actuellement l'utilisation des véhicules électriques : « Les consommateurs veulent une autonomie suffisante sur une seule charge dans un véhicule électrique abordable et la certitude qu'elle ne s'enflammera pas. »
Une technologie qui a déjà fait ses preuves
Fruit de plusieurs années de recherche sur l’ensemble des aspects des électrolytes inorganiques - à base d’acides faibles comme l’acide sulfureux, carbonique ou borique -, la technologie qui n’emploie pas de matières organiques offre une stabilité du produit à haute puissance et supprime la principale source de risque pour la sécurité et l'instabilité chimique des batteries à haute densité.
Innolith AG a déjà prouvé le caractère novateur de sa batterie avec sa solution de stockage stationnaire. Une technologie lancée fin 2018 et raccordée au réseau, capable de générer plusieurs milliers de cycles supplémentaires par rapport à un accumulateur Lithium-Ion traditionnel, pour un tiers de son coût.
Le système est actuellement utilisé aux États-Unis pour offrir un service de régulation du réseau et l’effacement des pointes de consommation. La chimie employée s’est avérée particulièrement efficace, avec plus de 55 000 cycles de décharge en profondeur. Soit entre 10 et 100 fois le nombre maximum de cycles des batteries actuellement employées.
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Mise sur le marché dans les 3 à 5 ans
La PME suisse lancera dans un premier temps une production pilote de ses batteries au sein de ses installations en Allemagne. Une première étape suivie d’une seconde qui portera sur une production à plus grande échelle via des licences avec des fabricants de batteries et des constructeurs automobiles.
Selon les estimations de l’entreprise, le développement et la commercialisation de sa pile baptisée « Energy Battery » devraient prendre entre trois et cinq ans. Soit une stratégie et un calendrier proches de ceux mis en œuvre par l’américain Fisker pour ses accumulateurs à électrolytes solides.
En attendant, Tesla a annoncé qu’à court terme la densité de ses batteries sera relevée à 330 Wh/kg.