Voitures électriques et couloirs de bus : la difficile cohabitation
Publié le 06 juin 2014 à 09h45 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Tesla Model S : en septembre 2013, la berline électrique créé l’événement en arrivant en tête des immatriculations de véhicules neufs en Norvège, devant la Volkswagen Golf VII
La Norvège est considérée comme l’eldorado des véhicules électriques : importants avantages fiscaux, dense réseau de recharge publique, exemption des coûts de stationnement et de péage urbain, utilisation des couloirs de bus. Ce dernier incitant provoque des retards sur le réseau de transports publics de l’agglomération d’Oslo et oppose les utilisateurs des transports en commun de la capitale aux propriétaires de véhicules électriques.
Norvège : laboratoire mondial du véhicule électrique
Tesla Model S, Nissan LEAF, Volkswagen e-up!, BMW i3, Mitsubishi Outlander PHEV, Citroën C-Zero, Renault ZOE, … En visionnant le reportage réalisé à Oslo par les équipes du site The Wall Street Journal, tout propriétaire/concessionnaire/constructeur hexagonal de véhicules électriques peut se faire la réflexion que la France va perdre cette année son titre de premier marché européen en matière de mobilité électrique. La Norvège est considérée depuis près d’un an comme un eldorado de la voiture électrique ou hybride rechargeable dans le monde. Un succès qui s’explique par une exonération des taxes sur l’achat d’un véhicule – une aide qui peut représenter jusqu’à 10 000 euros –, un réseau de recharge publique très dense, une exonération des coûts de péages urbains et de stationnement ainsi que l’accès aux couloirs de bus. Toutes ces aides ont contribué à la progression significative des ventes de modèles rechargeables dans le pays. Ce type de véhicules a ainsi représenté 5,5 % des ventes de véhicules neufs (VN) dans le pays en 2013. En mars 2014, un VN vendu sur cinq était un modèle électrique.
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Interviewé par le site The Wall Street Journal (WSJ), le chauffeur de bus Erik Haugstad estime qu'il y a "trop de voitures électriques" à Oslo
Retards récurrents sur le réseau de bus
Mais le succès de la voiture électrique en Norvège – le pays en compte actuellement quelques 27 500 exemplaires concentrés essentiellement sur la région d’Oslo – compte également quelques revers. Parmi eux, l’incidence qu’a l’utilisation des propriétaires de modèles électriques des voies de bus sur la ponctualité du réseau. La polémique est née au début de cette année et continue d’enfler à mesure que le parc de véhicules à batteries progresse : chaque mois, ce sont près de 1 500 exemplaires qui rejoignent le parc automobile norvégien. Oslo, à l’instar des grandes capitales et métropoles de la planète, connaît des embouteillages importants aux heures de pointe. La possibilité offerte aux modèles électriques d’utiliser les couloirs réservés habituellement aux bus a fini par exaspérer, et les chauffeurs des bus oranges de la capitale, et les passagers. Les raisons : retards importants et répétés sur l’ensemble du réseau entraînant notamment des arrivées tardives des enfants à l’école et des correspondances non assurées. Face à la polémique, le maire de la capitale Fabian Stang n’a pas encore pris de décisions. Celui qui considère sa ville comme « la capitale de la voiture électrique » souhaite temporiser et faire appel aux associations avant de trancher la question. En France, la maire de Paris Anne Hidalgo a évoqué ce type d’incitant à l’occasion de la dernière campagne. Son équipe pourra donc s’inspirer du modèle norvégien avant de prendre une décision similaire.