Voiture électrique : l’Allemagne sous pression pour l’introduction de quotas
Publié le 04 mars 2019 à 07h00 | Fabrice SPATH | 2 minutes
Engagée dans la réduction de ses émissions de CO2, l’Allemagne peine à électrifier son parc automobile, malgré l’instauration d’incitants financiers en 2016. Après les premières propositions formulées en début d’année, une conseillère du gouvernement fédéral appelle ce dernier à introduire des quotas de vente et à taxer davantage les modèles diesel.
« Sur 46 millions de véhicules en circulation en Allemagne, seuls 63 000 sont électriques. C'est une dose microscopique. C'est comme si on versait du jus de citron vert et une bouteille de vodka dans l'Elbe en affirmant ensuite [que le fleuve s’est transformé en] Caipirinha. » Assassine, la déclaration est de Gabor Steingart, journaliste allemand et ancien rédacteur en chef du quotidien Handelsblatt.
Des aides à l’achat insuffisantes
Dans une récente interview accordée à M. Steingart, Claudia Kemfert, professeur au Deustche Institut für Wirtschaftsforschung (DIW) et conseillère auprès du gouvernement Merkel, partage ce constat radical et demande à nouveau à ce que des quotas soient introduits en faveur des véhicules électriques et à ce que la fiscalité sur les véhicules diesel soit durcie.
« Il reste encore un très, très long chemin à parcourir. Nous sommes encore au tout début » de l’électrification du parc allemand. Un processus qui, malgré l’instauration de primes à l’achat en 2016 - 4 000 euros pour les électriques, 3 000 euros pour les hybrides rechargeables -, n’a pas eu l’effet escompté sur la réduction globale des émissions de CO2 du secteur des transports.
L'Allemagne, ce futur champion européen du véhicule électrique
Durcissement des taxes sur le diesel
Pour Mme Kemfert, il est devenu impératif d’instaurer des quotas de vente en faveur des véhicules à très faibles émissions polluantes, à l’image des quelques États américains qui ont adopté une loi « zéro émission » ou de la Chine. De 25 % en 2025, leur part dans les immatriculations de nouveaux véhicules particuliers pourrait atteindre 50 % en 2030.
Des chiffres issus des recommandations faites plus tôt cette année auprès de la Verkehrskommission (la commission des transports) par la Plateforme nationale pour l’avenir de la mobilité en Allemagne.
Selon Claudia Kemfert, qui est également membre du Conseil consultatif sur l’Environnement, seuls les quotas associés au durcissement des taxes sur les véhicules diesel pourront réduire les émissions du parc automobile. Une contrainte supplémentaire pour les constructeurs soumis au durcissement des normes européennes (95 grammes en moyenne en 2021) mais aussi une nouvelle source de financement pour les infrastructures de charge publique.