Véhicules électriques : fin du stationnement gratuit au LAX
Publié le 20 janvier 2013 à 12h52 | Fabrice SPATH | 4 minutes
Fin du stationnement gratuit pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables à l'Aéroport de Los Angeles
Plus de 10 ans après avoir accordé la gratuité de 38 places de stationnement aux véhicules électriques et hybrides rechargeables, l'aéroport international de Los Angeles met fin à cette mesure incitative. La polémique qui en naît illustre les difficultés pour les pouvoirs publics à garantir la pérennité des dispositifs d'aides à ce type de véhicules.
Il y a quelques mois, le gouvernement français avait annoncé des mesures de soutien exceptionnelles à la filière du véhicule électrique et hybride. Parmi elles, un bonus écologique en nette hausse (s'établissant désormais de 2 000 à 7 000 euros), un plan de développement pour densifier le maillage des bornes de recharge, des tarifs aux péages des autoroutes en baisse et la gratuité du stationnement dans les grandes métropoles. Destinée à favoriser les ventes de modèles propres en assurant d’importants avantages aux acheteurs, cette dernière mesure devrait à moyen terme être remise en cause. En témoigne l’expérience de la gratuité des parkings et des stations de recharge à l’aéroport international de Los Angeles (LAX) ...
Des bornes de recharge gratuites depuis plus de 10 ans
Propriétaire de l’aéroport, la ville de Los Angeles, qui en est également le gestionnaire, a rendu gratuit il y a une dizaine d’année les zones de stationnement de courte durée les plus proches du terminal aux véhicules électriques et hybrides rechargeables (essentiellement des Nissan Leaf, Chevrolet Volt, Toyota RAV4 EV et Toyota Prius Plug-in Hybrid). Au début des années 2000, l’Etat de Californie – le plus contraignant en matière d’émissions des véhicules – avait demandé aux constructeurs automobiles de produire et de commercialiser des véhicules électriques, en contrepartie du maintien de leurs opérations marketing (publicité notamment) sur son territoire.
Depuis, la mesure est restée, jusqu’à la commercialisation des véhicules propres de nouvelle génération en 2010, initiant un nouveau souffle d’enthousiasme chez les acheteurs potentiels. Aujourd’hui, ce sont 38 places de stationnement et autant de bornes de recharge, réparties sur deux parkings de courte durée, qui sont à la disposition des conducteurs de voitures rechargeables. Ces derniers, qui bénéficient de la gratuité du stationnement sur une période n’excédant pas 30 jours, n’avaient jusqu’à présents pas à débourser les 30 dollars quotidiens. Pourtant, cet incentive s’arrêtera en mars prochain …
Des tensions entres conducteurs de voitures électriques et hybrides
Le but premier de la gratuité du stationnement vise prioritairement à encourager les acheteurs potentiels de voitures électriques de passer à l’acte, dans un Etat qui concentre plus du quart des 40 000 véhicules propres en circulation aux Etats-Unis. Les sites internet des constructeurs automobiles mentionnent, parmi les nombreux avantages de ce type de véhicule (autorisation d’emprunter les voies réservées au covoiturage, crédit d’impôt pouvant atteindre 10 000 dollars, …), la gratuité du stationnement. Pourtant, la pérennité de cette mesure incitative n’est plus assurée, compte-tenu de la dégradation des finances publiques. Ainsi, l’ouverture et la gratuité de l’ensemble des 8 zones de parking de courte durée aux véhicules propres, réclamée par beaucoup, coûterait au LAX plusieurs dizaines de millions de dollars par an …
Au-delà des questions budgétaires, la décision prise par le deuxième aéroport des Etats-Unis a été motivée par des considérations bien plus pratiques. En effet, les 38 places de stationnement profitaient d’un taux de rotation extrêmement faible, la plupart des véhicules restant stationné 2 à 3 semaines en moyenne, bloquant du même coup l’accès aux bornes de recharge. Handicapant pour les voitures hybrides rechargeables, cette situation l’est encore davantage pour les conducteurs de voitures 100 % électriques non équipées d’un prolongateur d’autonomie. Dépourvues d’un système de réservation ou de voituriers déplaçant les véhicules dont les batteries sont rechargées, ces places de stationnement ont fait l’objet d’accrochages entre conducteurs de voitures électriques et conducteurs de voitures hybrides rechargeables, les premiers reprochant aux seconds de vouloir se recharger alors que leurs véhicules leur permet pourtant de rouler en mode thermique …
Absence de système de réservation, faible taux de rotation des véhicules stationnés sur les places équipées de bornes de recharge, déception de la part des utilisateurs de véhicules propres qui ont fait l’acquisition d’une voiture électrique ou hybride en pensant pouvoir bénéficier durant quelques années de ces aides spécifiques, absence de pérennité des mesures incitatives en faveur des véhicules propres, … Autant de sujets auxquels les pays pionniers en matière d’électromobilité ont déjà ou tentent de répondre, souvent par itération. Et la France devrait plus que s’inspirer de ces précieux retours d’expérience, qu’ils concernent les mesures incitatives ou la normalisation des prises de recharge.