Fin du service Autolib’ : « n’écoutez surtout pas les balivernes du syndicat »
Publié le 25 juin 2018 à 07h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes
Accusant près de 300 millions d’euros de pertes, le plus important service d’autopartage électrique de la planète compte 150 000 abonnés actifs
Le Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole a voté la résiliation anticipée du contrat entre les collectivités franciliennes et le groupe Bolloré sur la gestion d’Autolib’, première flotte mondiale d’automobiles électriques partagées.
Autolib’, c’est officiellement fini. Le Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM) a voté jeudi 21 juin la fin du dispositif de voitures électriques en libre-partage assuré depuis 2011 par le groupe Bolloré. Les élus de la centaine de communes adhérentes du syndicat se sont prononcés en faveur d’une résiliation anticipée du service lors d’un conseil présidé par Catherine Baratti-Elbaz, présidente du SAVM.
Le service Autolib’ ne sera « ni repris en régie par le syndicat, ni confié par convention de délégation de service public à un autre délégataire », précise la délibération du SAVM. Le groupe Bolloré a immédiatement annoncé qu’il allait contester la décision devant la justice. « On va continuer à se battre, n’écoutez surtout pas les balivernes du syndicat, sachez que nous irons au tribunal administratif et que nous obtiendrons beaucoup d’argent, je pense que c’est comme ça que ça va se terminer », a pour sa part déclaré, très remonté, Gilles Alix, président d’Autolib’ SAS, à l’issue du conseil syndical.
Deux camps qui se renvoient la balle
Marie Bolloré, directrice de Blue Solutions, holding mobilité électrique du groupe Bolloré, anticipe un arrêt du service dès réception par le groupe de la notification de résiliation. « Nous étions d’accord pour arrêter fin 2019, ce qui aurait permis une transition d’un an pour les usagers et les collaborateurs » a-t-elle encore assuré mercredi au micro de franceinfo. « On ne peut pas dire que le succès commercial n’est pas au rendez-vous », a-t-elle aussi dit, accusant le SAVM d’être à l’origine de la rupture des négociations pour sauver Autolib’.
Ce que le syndicat conteste vivement. Pour Christine Bruneau, la vice-présidente du SAVM, c’est Bolloré qui a rendu la résiliation « inéluctable car automatique » en cas de non-paiement. « Le syndicat a proposé au délégataire de repousser de quelques mois l’arrêt effectif du service dans l’intérêt des usagers et des salariés dont il a la responsabilité, ce que le groupe Bolloré a refusé ».
293 millions d’euros de pertes
Lancé en 2011, le service Autolib’, qui compte près de 150 000 abonnés actifs, a vu sa trajectoire financière dérailler au fil de problèmes dans la gestion du parc de voitures, d’un nombre de locations insuffisant et de l’émergence de moyens de transports alternatifs, dont les services de VTC comme Uber. Pour éponger le déficit, le groupe Bolloré a demandé à Paris et aux communes de banlieue 233 millions d’euros sur environ 293 millions d’euros de pertes attendues d’ici 2023, un chiffre contesté par le syndicat. A la demande de ce dernier, les élus de ces communes ont donc entériné la proposition de « refuser de procéder au versement de la compensation financière demandée par le délégataire ».