Renault va convertir ses utilitaires à l’hybride

Pionnier sur le marché de la voiture électrique avec ses modèles ZOE et Kangoo Z.E., le constructeur automobile Renault a annoncé hier recevoir une aide d’Etat de 20,5 millions d’euros destinée à développer un moteur hybride diesel. Sous les effets conjoints de ventes de modèles électriques inférieures aux prévisions et de normes européennes d’émissions de plus en plus contraignantes, la marque au losange compte intégrer d’ici à 2020 cette technologie sur ses gammes Master et Trafic.

De la voiture électrique à l’utilitaire hybride

Révélée hier par le site Les Echos, cette information semble aller à l’encontre des convictions passées du PDG de Renault Carlos Ghosn. Sceptiques quant à la technologie hybride adoptée par une grande majorité de constructeurs dans le monde – Toyota et Honda en tête –, M. Ghosn et son management doivent faire face à des ventes de véhicules 100 % électriques inférieures aux prévisions du groupe, qui tablait sur 1,6 million d’unités commercialisées par l’Alliance Renault-Nissan dans le monde d’ici 2016. Le marché de la mobilité électrique connaît certes une croissance régulière depuis près de 2 ans, mais il reste embryonnaire.

Quelles sont les raisons de cette croissance à deux chiffres mais insuffisante pour un constructeur généraliste ? La méconnaissance des bénéfices apportés par les véhicules électriques (agrément de conduite, réduction du budget carburant et entretien, …) de la part des consommateurs, la création de ruptures technologiques et d’usage (recharge, autonomie, boîte automatique, …) susceptibles de dérouter les conducteurs, l’absence de câble de recharge (CRO) sur Renault ZOE permettant de se recharger sur une prise de courant traditionnelle, la faible densité du réseau de recharge publique –même si les collectivités françaises ont de très nombreux projets en cours (lire notre article : Collectivités et bornes de recharge : le déploiement s’intensifie) – … Pour satisfaire aux exigences de Bruxelles en matière d’émissions, la marque au losange se lance donc sur le créneau de l’hybride dont la technologie sera intégrée sur des modèles utilitaires (VU).

Découvrez les modèles électriques de la gamme Renault Z.E. …

Un moteur hybride diesel pour les Renault Trafic et Master

Selon l’expression consacrée de Maxime Amiot, journaliste aux Echos, « Renault doit résoudre l’équation énergétique posée à toute l’industrie automobile ». En effet, d’ici à 2020, la Commission européenne exige de ses industriels que les émissions moyennes de CO2 de leurs gammes soient inférieures à 95 g/km, sous peine de sanctions financières. La marque au losange va donc procéder à une « introduction progressive de l’hybride » dans ses gammes d’ici cette date. Associant un moteur électrique à un moteur thermique conventionnel (lire notre dossier Voiture hybride : comment ça marche ?), l’hybride a pour principal avantage de réduire, et les consommations de carburant, et les émissions de CO2.

Pour relever ce challenge, le constructeur pourra compter sur deux types d’aides. La première est à chercher au sein de l’Alliance, Nissan ayant amorcé un virage vers l’hybride dès 2011 avec le lancement du Pathfinder Hybrid et des Infiniti – marque premium du groupe – QX60 et Q50 Hybrid sur le continent nord-américain (lire notre article Les futurs modèles hybrides de Nissan). Pour financer la R&D ainsi que l’industrialisation de son moteur hybride diesel sur les gammes utilitaires Master et Trafic, Renault pourra également s’appuyer sur une aide de 20,5 millions d’euros attribuée par l’Etat français sous forme de subventions (3,4 millions) et d’avances récupérables. La Commission européenne a avalisé cette aide tout en soulignant le manque d’investissement de la part des constructeurs européens sur ce segment très émetteur en Europe.

Satisfaire aux nouvelles normes anti-pollution qui entreront en vigueur en 2020, conserver sa position de second constructeur européen de véhicules utilitaires en Europe, entrer dans la compétition des acteurs en pointe sur la motorisation hybride : tels sont quelques-uns des challenges que devra relever Renault avec le développement d’une motorisation hybride diesel, un challenge relevé dès 1997 par Toyota et dès 2011 par le groupe PSA Peugeot Citroën.

Pour aller plus loin, parcourez notre tribune Voiture hybride : un pari gagné d’avance ?