Québec : la nouvelle Californie de la voiture électrique

Publié le 19 juillet 2016 à 18h00 | Fabrice SPATH | 4 minutes

Depuis quelques mois, les véhicules électriques peuvent emprunter les voies réservées aux taxis, bus et covoiturage

Le Québec ambitionne de voir circuler 100 000 voitures électriques sur ses routes à l’horizon 2020. Pour y parvenir, la province se dotera d’une loi « Zero Emission » comparable à l’Etat de Californie, déploiera 1 000 bornes de recharge supplémentaires, électrifiera ses autoroutes et subventionnera l’installation de bornes de recharge à domicile. Le décryptage de Fabrice Spath depuis Montréal.

 

Numéro 1 des ventes au Canada

Avec ses quelque 10 000 véhicules électriques en circulation, le Québec dispose déjà de la moitié du parc électrique du Canada. En 2015, près de 2 900 unités ont été immatriculées dans la « Belle Province » soit une part de marché de 0,7 % (contre 0,9 % en France). Si la province voisine de l’Ontario est également très dynamique dans le domaine des véhicules à faibles émissions – notamment via une généreuse aide à l’achat d’un montant de 14 000 dollars –, c’est bien le Québec qui tire actuellement la croissance du marché des véhicules électriques dans le pays.

A l’occasion du congrès EVS29 qui s’est tenu à Montréal, la province majoritairement francophone a affiché ses ambitions en matière d’électrification des transports. Dans le cadre de son plan d’action 2015-2020, le gouvernement libéral ambitionne de voir circuler 100 000 modèles électriques et hybrides rechargeables d’ici la fin de la décennie. Pour y parvenir, les pouvoirs publics ont mis sur pied une aide à l’achat de 8 000 dollars et lancés une vaste offensive sur le terrain des bornes de recharge installées sur la voie publique et en entreprises via le programme « Branché au Travail » (lire notre article à ce sujet).

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Financer les bornes de recharge

Emblématique des efforts déployés par la province en matière d’infrastructure de charge, le Circuit Electrique lancé en 2012 par l’énergéticien Hydro Québec. Avec plus de 580 bornes de recharge déployées sur 16 régions, le réseau public compte plus de 6 500 membres et a enregistré l’an passé près de 50 000 sessions de charge. Un dynamisme qui a directement profité à la filière du véhicule électrique au Québec dont la société AddÉnergie qui a récemment remporté le marché de l’exploitation de 2 000 bornes installées dans 5 provinces canadiennes. Prochaine étape pour la PME installée à Shawinigan : le marché de la recharge résidentielle.

Pour doper les ventes de véhicules électriques et atteindre les 7 % de part de marché en 2020, le ministre de l’Environnement David Heurtel a réaffirmé à l’occasion de l’EVS que le code du bâtiment sera prochainement modifié afin de rendre obligatoire l’installation de bornes de recharge au sein des nouvelles habitations (lire notre article à ce sujet). L’autre priorité est de faire grandir le réseau de bornes rapides déployées sur les autoroutes – 80 % d’autonomie recouvrée en 30 minutes – afin de rendre les déplacements interurbains plus aisés. Enfin, l’acquisition et l’installation d’une borne résidentielle sera bientôt partiellement financées par les pouvoirs publics.

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Fonds Vert et Loi Zero Emission

Dans le cadre de sa révolution électrique, le gouvernement libéral s’est inspiré de la Californie qui, dès 1990, s’est dotée d’une première loi « Zero Emission ». Objectif de la mesure : imposer aux constructeurs automobiles des quotas croissants de ventes de véhicules sans émissions polluantes à la sortie du pot d’échappement. Un dispositif qui a déjà inspiré les Etats du Maine, de New York, de l’Oregon ou encore du Vermont. Selon M. Heurtel qui porte également la mission de la lutte contre le changement climatique, une loi « Zero Emission » québécoise devrait être adoptée par le Parlement à l’automne prochain.

Pour financer leurs ambitions en matière de transports électrifiés, les pouvoirs publics se sont munis d’un « Fonds Vert ». Alimenté par le marché du carbone, le fonds dispose d’une réserve évaluée à plus d’un milliard de dollars. Associée à une électricité très faiblement carbonée issue majoritairement des barrages hydroélectriques, cette manne devrait faciliter l’avènement de la voiture électrique dans un pays qui dispose également d’importantes réserves de Lithium utilisées dans le cadre de la fabrication des batteries. Des ressources et une volonté qui devraient permettre au Québec de figurer parmi les nations les plus actives en matière de promotion de la mobilité électrique sur la planète.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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