Nikola One : le poids-lourd électrique ouvre la voie du « zéro émission »
Publié le 20 janvier 2017 à 10h00 | Fabrice SPATH | 4 minutes
Dévoilé le 5 décembre 2016 au siège de la start-up situé à Salt Lake City, le prototype du Nikola One offre jusqu’à 2 000 km d’autonomie
Le jeune constructeur de camion électrique Nikola Motor a dévoilé son premier prototype dont la commercialisation débutera à l’horizon 2020. Doté d’une pile à combustible (hydrogène) et d’une immense batterie Lithium-Ion de 320 kWh, le Nikola One offre jusqu’à 2 000 km d’autonomie et une puissance de 1 000 ch. Le tout en silence et en mode « zéro émission ».
Jusqu’à 2 000 km d’autonomie réelle
Après le marché des utilitaires électriques, une poignée de constructeurs historiques et de start-ups s’intéressent au camion électrique. S’il est d’usage de considérer qu’un poids-lourds émet 10 fois moins de dioxydes d’azote (NOx) qu’une citadine diesel grâce à son système antipollution, ce constat est à reconsidérer à la lumière du récent scandale qui touche environ 20 % des camions en transit sur le territoire allemand (lire notre article à ce sujet). Une fraude qui pourrait peut-être être profitable à la filière électrique, et notamment à la jeune société Nikola Motor qui a présenté début décembre à Salt Lake City (Utah) son premier prototype.
Baptisé Nikola One, le poids-lourds électrique de catégorie 8 affiche un style résolument futuriste, avec une calandre avant intégrant deux feux diurnes à LED en forme de crosse qui ne sont pas sans rappeler ceux des modèles « alternatifs » de Volkswagen. Animé par un moteur électrique développant une puissance de 735 kW / 1 000 ch et offrant un couple supérieur à 2 000 Nm, le One est alimenté par une imposante batterie à technologie Lithium-Ion. D’une capacité de 320 kWh, soit davantage que l’énergie embarquée sur trois Tesla Model S P100D, la pile intégrée au plancher du véhicule offre une autonomie oscillant entre 1 300 et 2 000 km en conditions réelles d’exploitation.
Un réseau de Superchargeurs à hydrogène
Plus léger de 900 kg qu’un camion diesel de catégorie équivalente, le Nikola One n’est pas pour autant un poids-lourds 100 % électrique. Pour assurer un taux d’utilisation optimal, la firme qui emploie actuellement 20 personnes a opté pour une pile à combustible (hydrogène) qui produit en continu de l’électricité. Non sans avoir tergiverser au sujet d’un système de prolongateur d’autonomie, Nikola Motor ayant d’abord communiqué sur un dispositif alimenté au gaz naturel. Une option qui ne concernera finalement que quelques pays, les marchés principaux (Canada et Etats-Unis) bénéficiant d’un vaste programme d’équipements.
Indispensable au modèle économique du Nikola One, le réseau de stations d’hydrogène sera créé de toute pièce par le constructeur. Dès 2019, les premières stations devront être opérationnelles pour accueillir les poids-lourds l’année suivante. Un carburant qui sera offert aux clients ayant déjà réservé leur véhicule pour le premier million de miles parcourus. Et des clients, Nikola Motor ne semble pas en manquer, puisque son patron a communiqué sur un carnet de commandes équivalent à un chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars. Sans préciser si les clients de la première heure ont dû verser un acompte.
Mercedes eTruck : le camion électrique à l’étoile se dévoile (+ vidéo)
Le modèle économique en question
Des incertitudes qui interrogent sur la viabilité du modèle économique de Nikola Motor et surtout sur la capacité à financer le développement de ses projets. A commencer par le réseau nord-américain de stations à hydrogène (364 unités à l’horizon 2020). La construction d’un site de production ultra-moderne pour un montant d’un milliard de dollars laisse également perplexe. Une usine dont l’implantation sera communiquée courant 2017 mais qui ne verra pas le jour avant la prochaine décennie, les 5 000 premiers exemplaires du One étant assemblés par le constructeur Fitzgerald.
Plus tangible, le partenariat signé avec le réseau Ryder System qui dispose de 800 garages à travers les Etats-Unis et qui assurera la vente et la maintenance est de nature à rassurer. De même que l’offre de leasing oscillant entre 5 000 et 7 000 dollars mensuels, carburant et services inclus. En somme une bonne affaire qui, associée à des performances de premier plan – le 0 à 100 km/h est exécuté en 30 secondes contre 60 s pour un diesel équivalent –, a semble-t-il déjà séduit de nombreux opérateurs. Profitant de sa présentation, la start-up a aussi annoncé le lancement d’un second camion électrique, sans couchette celui-là, qui sera baptisé Nikola Two.