Europe : d’ici 2040, les industriels renonceront aux camions diesel

Publié le 05 janvier 2021 à 09h03 | Fabrice SPATH | 4 minutes

Les constructeurs européens misent sur l’électrique et l’hydrogène mais demandent aux pouvoirs publics de sécuriser l’approvisionnement des futures stations de charge

Investis depuis de nombreuses années dans l’électrification d’une partie de leurs gammes, les principaux constructeurs européens de camions se sont récemment engagés à renoncer à la production de poids-lourds diesel d’ici 2040. Un objectif qui, selon les industriels, ne pourra être atteint sans le soutien des pouvoirs publics.


En mars 2018, sous la mandature de Carlos Tavares, PDG du groupe PSA, l’association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) appelait les gouvernements du continent à établir de toute urgence un plan global en matière d’infrastructure de charge (pour les véhicules électriques) ou d’avitaillement (pour les véhicules à hydrogène). Et ce afin d’accompagner les industriels dans la réduction drastique de leurs émissions de CO2 exigée par la Commission.

 

Les constructeurs exigent une taxe carbone

Fin 2020, c’est au tour des principaux constructeurs de camions - Scania, Daimler Trucks, Volvo Group, CNH Industrial, Man Truck & Bus et DAF Trucks -, à nouveau sous l’égide de l’ACEA, de signer une déclaration commune où ces derniers s’engagent à ne plus produire de poids-lourds diesel d’ici 2040. Et tout comme pour le marché de la voiture particulière (VP) et de l’utilitaire léger (VUL), le secteur demande aux pouvoirs publics de les accompagner dans cette transition inédite.

Dans une Europe qui ambitionne d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, les industriels, probablement inquiets des projets de l’américain Tesla (batteries), du groupe nippon Toyota (hydrogène) mais aussi la montée en puissance du sud-coréen Hyundai (hydrogène), vont même jusqu’à exiger une « tarification complète du carbone » accompagnée de mesures dissuasives sur le diesel.

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Inquiétude sur le dimensionnement du réseau électrique

Autre grande surprise : là où l’ACEA demandait des bornes de recharge électrique et des stations d’avitaillement en hydrogène pour les VP, les constructeurs de camions demandent aux gouvernements européens de plancher sur l’alimentation en énergie des futures bornes à haute puissance qui devront être déployées le long des principaux axes routiers.

Une inquiétude qui figure en bonne place dans la déclaration signée le 15 décembre dernier : « Bien que le déploiement des bornes de recharge exigera de grands efforts de la part de tous les acteurs, c'est la partie la plus facile du puzzle. La principale préoccupation est l'accès aux réseaux électriques d'une capacité adéquate. Il existe des sociétés de transport prêtes à investir dans des solutions électriques, mais le manque de capacité du réseau là où elles sont implantées rend la tâche difficile, voire impossible, du moins à court terme. »

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L’avis de la rédaction

Tous les grands constructeurs investissent depuis de nombreuses années dans l’électrification de leurs camions et ont démarré l’expérimentation de leurs prototypes en conditions réelles d’exploitation auprès de leurs clients grands comptes, à l’image du Mercedes eActros testé par le transporteur allemand Hermes et du MAN eTGM testé par les enseignes de grande distribution Metro, Rewe et Spar en Autriche.

Après les transports régionaux, le secteur s’attaque au long courrier où l’infrastructure joue un rôle central. Si le régional se contente d’une ou deux recharges quotidiennes au dépôt afin de faire le plein d’une batterie d’une capacité moyenne de 200 kWh, le long courrier dont les accumulateurs atteignent les 500 kWh exige de nombreuses stations à haute puissance.

Vingt ans avant la mise en œuvre de leur objectif de ne commercialiser que des camions neufs animés par des chaînes de traction « zéro émission », les industriels anticipent les futures législations européennes, les demandes de leurs clients mais aussi la nécessité de sécuriser l’approvisionnement en énergie de leurs stations de charge. Autant de sujets que le VP a partiellement solutionner avec une offre élargie en concession, la mise en œuvre d’une infrastructure fiable et dense (IONITY, Fastned, …) ou encore l’installation de batteries tampon destinées à « ménager » le réseau électrique lors des appels de puissance.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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