Diesel : restrictions de circulation sur les autoroutes en Allemagne
Publié le 22 novembre 2018 à 07h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Le tribunal administratif de Gelsenkirchen, dans la région industrielle de la Ruhr, vient de rendre une décision inédite en matière de restriction de circulation : à compter de l’été 2019, les vieux véhicules diesel ne pourront plus emprunter plusieurs portions de l’autoroute A40, l’une des plus empruntées du pays.
Il y a deux ans et demi, quelques mois seulement après les fracassantes révélations concernant le scandale du Dieselgate, nous nous interrogions sur l’interdiction progressive des véhicules à motorisation diesel dans les grandes métropoles européennes.
Un scénario noir pour les constructeurs mais surtout pour les automobilistes qui a déjà été amorcé en Allemagne. Plainte après plainte, l’association écologiste Deutsche Umweltshilfe (DUH) et ses avocats font plier un nombre croissant de villes quant à la mise en place de restrictions de circulation à l’encontre de cette motorisation.
Améliorer la qualité de l’air
Après Hambourg, Stuttgart, Francfort, Bonn, Cologne, Berlin ou encore Mayence, plusieurs portions de l’autoroute A40 seront interdites aux vieux diesel dès l’été 2019. Une décision qui concernera progressivement tous les modèles alimentés au gasoil dont la première en circulation est antérieure au 1er janvier 2015.
Objectif : se mettre en conformité avec la directive européenne sur la qualité de l’air pour laquelle l’Allemagne - au même titre que la France - a été renvoyée devant la Cour de Justice de l’Union européenne.
Dans la région industrialisée de la Ruhr (ouest du pays), le tribunal administratif de Gelsenkirchen a rendu la semaine passée ce verdict inédit, à l’heure où la majorité des constructeurs - allemands et étrangers - offrent parfois plus de 11 000 euros d’aide pour l’achat d’un nouveau véhicule et proposent pour certains d’installer un correctif sur les diesel non conforme aux normes antipollution.
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Un "débat autodestructeur" ?
Si les centres des villes d’Essen et de Gelsenkirchen seront soumis à ces mêmes restrictions, on ignore encore comment elles seront appliquées sur l’un des axes de circulation les plus fréquentés du pays qui accueille plus de 100 000 véhicules chaque jour.
Pour Andreas Scheurer, le ministre fédéral des Transports (CSU), « Un tel jugement menace la mobilité de centaines de milliers de citoyens, personne ne comprend ce débat autodestructeur ». Une déclaration faite dans les colonnes du tabloïd Bild à laquelle a surenchéri le porte-parole du ministère, Ingo Strater : « Si de tels jugements concernant les autorités tombent (...) alors cela privera notre pays de sa prospérité ».
En attendant, l’association DUH et son équipe d’avocats poursuivent leurs actions. Avant la fin de l’année, sont attendues deux décisions concernant des restrictions de circulation dans les villes de Darmstadt et Wiesbaden (Hesse).