Pékin impose un moratoire sur la production de véhicules électriques
Publié le 08 juin 2017 à 09h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Pour éviter la surchauffe du marché des véhicules électriques, la Chine devrait imposer un moratoire sur les permis destinés à la production
Le premier marché automobile mondial pourrait imposer un moratoire sur la production de véhicules électriques et hybrides rechargeables. Préoccupé par la surchauffe du marché, le gouvernement central renoncerait ainsi temporairement à de nouveaux investissements d’un montant de 13 milliards de dollars annoncés par de nouveaux entrants. Objectifs : éviter la saturation et renforcer les constructeurs locaux.
Moratoire sur les permis de production électrique
Selon des sources proches du dossier interrogées par l’agence Bloomberg, Pékin s’apprête à cesser de délivrer des permis destinés à la production de véhicules à énergies alternatives. En cause : l’engorgement du marché par la multiplication des autorisations sur le plus grand marché automobile mondial. Mais aussi la volonté du gouvernement central d’apurer les nombreux scandales liés au détournement des généreuses aides publiques par certains constructeurs. La Commission pour le développement national et la réforme – entité qui supervise entre autres les nouveaux investissements dans l’industrie automobile – souhaiterait d’abord évaluer le programme dédié aux véhicules électriques avant de délivrer de nouveaux permis.
Depuis mars 2016, un total de 15 permis de production ont été délivrés à des industriels parmi lesquels le groupe Wanxiang – propriété de l’homme d’affaires Lu Quanqiu –, l’équipementier Minth Group ainsi que les constructeurs Beijing Electric Vehicle Co. et Chery Automobile Co. En partenariat avec le chinois Anhui Jian Ghuai, le groupe allemand Volkswagen a été le dernier à bénéficier d’un permis. Si les discussions liées au moratoire imposé par la commission n’ont pas encore été officialisées, leur annonce pourrait geler quelque 13 milliards d’euros d’investissements dans la production de véhicules électriques pour une capacité annuelle de 29 millions d’unités.
En attendant la mise en place de quotas en 2019
Annoncés ces derniers mois par de nouveaux acteurs parmi lesquels les constructeurs Nio et LeEco – respectivement propriété des entrepreneurs chinois William Li et Jia Yueting –, ces investissements devaient participer à l’effort du pays d’atteindre son objectif de 10 % de véhicules à motorisations alternatives dans le courant de la prochaine décennie. Leur gel pourrait toutefois profiter à un assainissement du marché menacé par la surchauffe mais aussi à certains industriels locaux à l’image de BYD qui profiterait d’une moindre concurrence pour reprendre quelques couleurs après des mois de baisse de ses ventes.
Premier marché automobile de la planète, la Chine l’est aussi pour les modèles à très faibles émissions polluantes. L’an passé, plus de 507 000 véhicules électriques, hybrides rechargeables et à hydrogène ont été immatriculés dans le pays. Une performance qui attire tous les grands groupes automobiles mondiaux à la recherche de nouveaux relais de croissance. Une situation qui avait amené Pékin l’an passé à assouplir ses conditions de ventes sur son territoire destiné à atteindre les ambitieux objectifs gouvernementaux mais aussi à rendre plus compétitifs ses propres industriels. En parallèle, la Commission pour le développement national a planché sur la création de quotas, un dispositif inspiré de la loi « zéro émission » californienne dont la mise en application devrait intervenir en 2018 ou 2019 (lire notre article Voiture électrique : quand la Chine s'inspire de la Californie).