Etats-Unis : bientôt des Bolloré Bluecar électriques en autopartage ?

Publié le 02 mai 2014 à 11h20 | Fabrice SPATH | 4 minutes

Greg Ballard, le maire de la ville d'Indianapolis, s'est fixé deux objectifs : remplacer les 500 véhicules municipaux par des électriques ou hybrides d'ici à fin 2015, déployer une solution d'autopartage électrique identique à celle d'Autolib'

Greg Ballard, le maire de la ville d'Indianapolis, s'est fixé deux objectifs : remplacer les 500 véhicules municipaux par des électriques ou hybrides d'ici à fin 2015, déployer une solution d'autopartage électrique identique à celle d'Autolib'

Le savoir-faire français en matière de véhicule électrique s’exporte aux Etats-Unis. Non, il ne s’agit pas d’un constructeur automobile « traditionnel » mais du groupe Bolloré qui gère en France les dispositifs d’autopartage électrique à Paris et sa petite couronne, à Lyon et à Bordeaux. Annoncé en juin 2013, le contrat remporté par le Français à Indianapolis ne s’est pas encore concrétisé par l’installation de stations d’autopartage et de bornes de recharge. En cause : l’homologation de la Bolloré Bluecar et, surtout, le financement des frais de raccordement par l’énergéticien local.

 

Indianapolis : faire de la voiture électrique une réalité

L’Etat de l’Indiana, dans le Midwest, est davantage connu en matière automobile pour ses gros 4x4 et ses pickups très gourmands en carburant. Pourtant, le maire de la ville d’Indianapolis – la capitale de l’Etat –, Greg Ballard, s’est fixé un objectif ambitieux : faire de la voiture électrique une réalité dans sa ville. Comme le rapporte l’Indianapolis Business Journal dans son édition du 19 avril dernier, ces ambitions sont mises à rude épreuve. L’an dernier, Greg Ballard avait annoncé que les 500 véhicules appartenant à la flotte municipale seraient remplacés d’ici à fin 2015 par des véhicules hybrides et électriques, un objectif qui sera probablement tenu. La vraie difficulté réside dans le challenge que s’est fixé le maire sur le dossier de l’autopartage électrique : attendu pour ce printemps, le projet a été reporté de quelques mois.

BlueIndy LLC
1 200 bornes de recharge installées sur 200 stations d'autopartage accueillant 500 véhicules électriques : le service BlueIndy devra être complet au 30 juin 2016

 

Une hausse du prix de l’électricité pour financer l’autopartage

Parmi les principales difficultés rencontrées sur ce projet : les coûts d’installation et de raccordement des stations et des bornes de recharge. L’énergéticien Indianapolis Power & Light (IPL) qui est chargé de ce dossier, a annoncé qu’il ne pourrait faire face aux 16 millions de dollars indispensables à la mise en service du dispositif d’autopartage. Pour financer ce projet, IPL a déposé une demande d’augmentation du prix de l’électricité auprès de l’autorité de régulation de l’énergie. Cette augmentation ne devrait pas représenter plus de 44 cents par habitant et par an. Selon le maire Greg Ballard, le projet d’autopartage électrique ne se concrétisera peut-être jamais sans ce financement. Le contrat signé en juin dernier prévoit un reversement de 15 % des profits réalisés par l’opérateur d’autopartage à la ville et à l’ILP, ce dernier étant prioritaire sur les 4 premiers millions de dollars versés par le Français.

 

BlueIndy LLC : la filiale de Bolloré pour la ville d’Indianapolis

En France, nous connaissions déjà Autolib’ à Paris, Bluely à Lyon et Bluecub à Bordeaux : 3 services d’autopartage électrique développés par le groupe Bolloré. Dans la ville d’Indianapolis, la filiale locale de la société Bolloré IER a été baptisé BlueIndy LLC. Présidée par le Français Hervé Muller depuis Atlanta, la filiale a remporté en juin 2013 un contrat d’un montant de 35 millions de dollars portant sur le déploiement d’une solution d’autopartage identique à celles déjà installées en France. D’ici au 30 juin 2016, 1 200 bornes de recharge réparties sur 200 stations accueillant un total de 500 véhicules électriques devront être installées. Le service, qui aurait dû être opérationnel dès ce printemps, a été reporté. Le principe de fonctionnement devrait être identique à celui déjà en place dans les villes françaises : réservation en ligne, sur smartphone ou via les kiosques installés sur certaines stations, ouverture sans clé avec abonnement courte ou longue durée, fonctionnement en « one way » (trace directe d’une station A à une station B), … Même si les tarifs n’ont pas encore été dévoilés, ils devraient rester abordables.

 

La Bolloré Bluecar en cours d’homologation par le Ministère fédéral

Une communication officielle devrait être faite à l’occasion de la conférence annuelle de l’Electric Drive Transportation Association (EDTA) qui ouvrira ses portes le 19 mai prochain, à Indianapolis. Outre le coûteux financement du projet soulevé par les opposants, BlueIndy est également pointé du doigt sur la question des indemnités versés à l’opérateur de parcmètres appelé ParkIndy : le dispositif d’autopartage grignotant des places de stationnement en voirie, la ville devra indemniser le manque à gagner de l’opérateur privé estimé à plus de 30 millions de dollars sur les prochaines années. Autre difficulté qui, cette fois-ci, n’est qu’apparente : la Bolloré Bluecar électrique utilisée en France est en cours d’homologation par le Ministère des Transports fédéral. Si le véhicule électrique « maison » n’était pas approuvé par les autorités, BlueIndy LLC devrait se tourner vers « des Chevrolet Volt hybrides rechargeables ou d’autres modèles électriques » selon Hervé Muller, le Président de la filiale.  

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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