Batteries : et si l’Alsace couvrait les besoins en Lithium de la France ?
Publié le 09 novembre 2019 à 19h04 | Fabrice SPATH | 3 minutes
En région Alsace, une centrale pilote exploitera dès 2021 le Lithium contenu dans les eaux puisées à plus de 3 000 mètres de profondeur
En région Alsace, l’énergéticien Électricité de Strasbourg (ÉS) et Fonroche Géothermie ambitionnent d’implanter dès 2021 une centrale pilote destinée à exploiter le Lithium présent dans les eaux puisées à plus de 3 000 mètres de profondeur. Objectif : couvrir à court terme l’équivalent de 10 % des besoins de la France.
Après les salars d’Uyuni et d’Atacama respectivement situés en Bolivie et au Chili, la France deviendra-t-elle le prochain grand pays producteur de Lithium, ce métal alcalin indispensable à la confection des batteries pour ordinateurs portables, smartphones et véhicules électriques ou hybrides rechargeables ?
Une première centrale opérationnelle en 2021
À en croire la récente étude du Bureau de recherche géologique et minières (BRGM) - le service géologique national français -, les sous-sols de l’Hexagone regorgeraient de cette ressource qui, en l’exploitant principalement via la géothermie - 80 % du Lithium contenu dans les eaux thermales sont susceptibles d’être valorisées par ce procédé - pourrait couvrir « l’équivalent de 6 % du marché mondial de Lithium ou au moins satisfaire les besoins français. »
En région Alsace, les sociétés Électricité de Strasbourg (ÉS), filiale d’EDF, et Fonroche Géothermie ambitionnent d’implanter dès 2021 une centrale pilote afin de confirmer en configuration réelle la « pertinence » du chlorure de Lithium mise en évidence pour l'instant en laboratoire, précise Bernard Kempf, directeur du développement de l’énergéticien.
10 % des besoins couverts par un seul site
Dans le cadre du projet de Fonroche Géothermie à Vendenheim (Bas-Rhin), « les analyses dans les eaux extraites des puits de forage confirment la présence de Lithium en qualité et quantité très prometteuse permettant d'envisager la production annuelle de quelque 1 500 tonnes de lithium », a indiqué cette société dans un communiqué.
À raison de 200 mg de métal par litre d’eau puisée à plus de 3 000 mètres de profondeur, ce volume représente 10 % des besoins annuels d'approvisionnement estimés pour la France dans les prochaines années.
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Contraintes économiques et environnementales
En février 2019, alors que le consortium communément baptisé « Airbus des batteries » faisait ses premiers pas et qu’une part grandissante de constructeurs investissaient dans l’exploitation de cette ressource afin de sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement - à l’image de Tesla ou de Toyota -, l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS) évaluait les ressources mondiales économiquement exploitables à 14 millions de tonnes et les ressources ultimes à 62 millions de tonnes.
De quoi affaiblir encore un peu plus les spéculations sur ce métal indispensable à l’électrification de l’industrie automobile soumise à des restrictions en matière d’émissions de CO2 de plus en plus strictes. Tandis que le cours du Lithium a quadruplé entre 2014 et 2017, il a reculé de 50 % en 2018. Depuis le début de l’année, la baisse est supérieure à 30 % alors même que la demande n’a jamais été aussi forte.
Reste maintenant aux opérateurs européens de trouver le chemin de la rentabilité dans une zone géographique où les contraintes des normes environnementales sont bien plus sévères qu’en Amérique latine et renchérissent les coûts d’exploitation.