Audi : des ambitions électriques ternies par le Dieselgate

Engagé dans la refonte de sa stratégie avec le lancement de nouveaux modèles électriques et le renforcement des investissements dans la Formule E, Audi est tancé par de nouvelles révélations liées au Dieselgate. Jusqu’alors plutôt épargnée par le scandale des moteurs truqués, la division premium de Volkswagen est accusée d’avoir continué jusqu’en mai 2016 l’installation d’un logiciel destiné à tromper les essais sur bancs.

Absence de responsabilité en Europe

Un an après l’éclatement du scandale du Dieselgate en plein salon de Francfort, le premier groupe automobile mondial s’est donné un nouveau Président et une nouvelle mission. Annoncée par Matthias Müller au printemps, l’offensive sur le terrain de la mobilité électrique a pour but de lancer au moins 30 modèles électrifiés d’ici à 2025. Sous la pression des marchés financiers, des investisseurs – dont le très influent fonds qatari – et des consommateurs, la firme de Wolfsburg s’est trouvée un nouvel intérêt dans la voiture électrique après avoir longtemps misé sur l’hybride rechargeable. Audi, Porsche, Seat, Skoda et Volkswagen : toutes les marques « grand public » disposeront à terme d’une gamme complète de modèles électriques, une orientation porteuse d’une nouvelle dynamique mais qui engendre déjà des coupes budgétaires significatives.

Audi : « La voiture électrique est adaptée au quotidien »

Réuni vendredi dernier au siège, le conseil de surveillance du groupe allemand discutait ainsi âprement du plan de réduction des coûts lié au développement du véhicule électrique. Un plan qui passera très probablement par la suppression de 25 000 postes dans le monde sur les 10 prochaines années (lire notre article à ce sujet). Au même moment, le constructeur estimait que ses moteurs diesel n’ont pas enfreint la législation européenne. Dans le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, son porte-parole justifie cette nouvelle position au regard du droit européen où l’introduction d’un logiciel destiné à fausser les tests d’émissions polluantes sur bancs d’essai n’est pas interdit contrairement aux Etats-Unis. Une nouvelle posture qui a été mise à mal par de nouvelles révélations du California Air Resources Board (CARB), l’autorité en charge de la qualité de l’air pour l’Etat de Californie.

 

Un nouveau logiciel truqueur aux Etats-Unis

Dévoilées dimanche par l’hebdomadaire allemand Bild, les révélations portent sur un dispositif de fraude nouvellement détecté par le CARB sur certains véhicules diesel et essence de la marque Audi. Selon les premières informations, les modèles A6, A8 et Q5 auraient été équipés d’un logiciel détectant automatiquement la présence d’un banc d’essai et délivrant des lois de passage différentes sur les boîtes automatiques pour réduire artificiellement les émissions en laboratoire. Jusqu’alors relativement épargnée par le scandale du Dieselgate, la marque premium de Volkswagen est accusée par le CARB d’avoir continué à installer ce logiciel truqueur jusqu’en mai 2016, soit plus de 7 mois après les premières révélations de cette affaire sans précédent qui touche 11 millions de véhicules diesel dans le monde.

Volkswagen : la voiture électrique par millions (Décryptage)

Une nouvelle affaire qui tombe bien mal pour la firme aux anneaux entrelacés qui a annoncé le lancement de trois modèles 100 % électriques d’ici 2020. Outre l’arrivée du SUV Audi e-tron Quattro en 2018, une grande berline concurrente de la Tesla Model S est attendue pour 2019 ainsi qu’une berline compacte d’un format proche de l’A3 l’année suivante. La semaine passée, le constructeur d’Ingolstadt a également confirmé son retrait du championnat du monde d’endurance WEC, discipline reine du sport-prototype où il jouait un rôle majeur depuis 1999, notamment aux 24 Heures du Mans que ses pilotes ont remporté 13 fois. D’un montant de 300 millions d’euros, l’investissement annuel d’Audi dans cette discipline sera très partiellement reporté dans la Formule E via l’équipe ABT Schaeffler Audi Sport et financé à hauteur de 7 millions d’euros par an.