Voiture électrique : Volkswagen joue-t-il à un double jeu ?
Publié le 30 avril 2016 à 10h18 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Première voiture hybride rechargeable du constructeur, la Volkswagen Golf GTE est également en tête des meilleures ventes en France
Pour redorer son image et faire oublier le scandale du Dieselgate, le groupe Volkswagen ambitionne de lancer plus de 20 nouveaux véhicules électriques dans les prochaines années. Si le discours public en faveur de la voiture électrique est une excellente nouvelle, celui tenu en privé à son sujet est plus préoccupant. Une récente étude sur les avantages des biocarburants en témoigne …
20 nouveaux modèles électriques
Avec ses labels Volkswagen GTE et Audi e-tron, le groupe allemand devrait passer en tête des constructeurs de véhicules hybrides rechargeables. En intégrant dans ses catalogues les modèles 100 % électriques Volkswagen e-up! et e-Golf déjà commercialisés et ceux à venir, VW comptera une vingtaine de modèles à motorisations « électrifiées » à l’horizon 2020. Et la récente déclaration du patron Matthias Müller lors de la présentation des résultats financiers de 2015 va accélérer la tendance après cette date. En faisant du véhicule électrique sa « ligne directrice », la firme de Wolfsburg veut redorer son image écornée par le Dieselgate, un scandale qui a révélé le truquage de 11 millions de véhicules diesel dans le monde.
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Panoplie du pourfendeur de véhicule électrique
Malgré l’annonce du lancement de plus de 20 véhicules 100 % électriques à compter de 2020, le groupe semble beaucoup plus sévère à l’égard de cette technologie en privé. Réalisée par le cabinet de conseil Roland Berger pour le compte de la Coalition européenne des carburants automobiles, une étude de 138 pages en faveur des biocarburants témoigne du double jeu opéré par l’industriel allemand.
On y trouve ainsi tous les arguments anti-électrique : une technologie non mature, une infrastructure de recharge trop coûteuse ou encore un prix d’achat plus élevé que leurs équivalents thermiques. Des raisons qui, selon l’étude, font craindre le pire sur le taux d’adoption des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Les consultants de Roland Berger pointent également du doigt les 5 millions de bornes de recharge nécessaires en Europe pour satisfaire les besoins de mobilité des automobilistes … contre seulement 24 000 stations distribuant du biocarburant.
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Assurer la compétitivité au détriment de la société
Pour s’expliquer sur les intentions de ce rapport initialement destiné aux seuls lobbyistes de la place bruxelloise, les représentants de Volkswagen et du pétrolier Shell ont tenu cette semaine une conférence de presse dans la capitale belge. Cité par le journal britannique The Guardian, Ulrich Eichhorn, le nouveau directeur de la R&D du groupe VW, a estimé que les hybrides rechargeables avaient leur place sur le marché des véhicules à faibles émissions. En revanche, il souhaite que les biocarburants (dont le Super Ethanol E85) voient leur part de marché augmenter.
Pour justifier le double langage de son groupe au sujet de la mobilité électrique, M. Eichhorn a évoqué l’impérieux besoin de conserver sa compétitivité … même si cela doit engendrer d’inévitables coûts sociétaux dont la pollution atmosphérique et le réchauffement climatique. Stupéfiante, la position de Volkswagen peut être assimilée à la « Realpolitik » d’un Etat qui, pour défendre ses intérêts sur la scène internationale, est prêt à revenir sur ses accords ou principes. Il est fort à parier que les autres constructeurs membres de la coalition – BMW, Daimler, Honda et Toyota – partagent la position de l’industriel allemand …