Voiture hybride : un pari gagné d’avance ?
Publié le 30 septembre 2013 à 07h27 | Fabrice SPATH | 5 minutes
Toyota Auris HSD Touring Sports : le dernier modèle hybride du constructeur intègre une gamme désormais composée de 6 véhicules hybrides en France
Incarnée par la Toyota Prius mise sur le marché en 1997 et commercialisée depuis à plus de 3 millions d’unités, la voiture hybride ne cesse de gagner en parts de marché. Sous la pression constante de normes antipollution de plus en plus contraignantes, les motorisations hybrides ne sont plus l’apanage quasi-exclusif des constructeurs nippons, Toyota et Honda en tête. Tour d’horizon des acteurs en présence et de la croissance du marché.
Une chasse continue aux particules polluantes et aux émissions de CO2
En Europe, les objectifs d’émissions de CO2 fixés par Bruxelles dictent la stratégie des constructeurs en matière de recherche et d’investissement. En 2020, les émissions de l’ensemble d’une gamme de véhicules d’un industriel ne devront pas franchir le seuil de 95 grammes de CO2 par kilomètre parcouru. Les constructeurs allemands, qui disposent des gammes de véhicules parmi les plus émettrices sur le Vieux Continent, ont tenté de bloquer ce règlement qui frappe chaque gramme supplémentaire d’une pénalité de 95 euros.
Concernant les particules polluantes et les particules fines issues de la combustion des moteurs essence et diesel, Bruxelles a instauré dès 1993 la norme Euro. Entrant en vigueur au 1er septembre 2015, Euro 6 a pour objectif de réduire un peu plus les émissions d’oxydes d’azote (NOx) et les particules fines responsables selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de plus de 40 000 décès anticipés chaque année en France.
L’hybridation : la solution technologique privilégiée
Les industriels ont à leur disposition 3 solutions technologiques pour satisfaire à ces nouvelles réglementations : l’amélioration des performances des moteurs à combustion via le downsizing (exemple : réduction de la cylindrée et du nombre de cylindres de 4 à 3, ajout d’un turbocompresseur), l’hybridation (double motorisation thermique essence ou diesel et électrique) et l’électrification (intégration d’un moteur 100 % électrique).
L’hybridation est actuellement la solution privilégiée par la majorité des constructeurs mondiaux. Equipée d’un moteur essence ou diesel associé à un ou plusieurs moteurs électriques, la voiture hybride a pour principaux avantages d’être favorisée par le cycle européen d’homologation des consommations (NEDC ou New European Driving Cycle), de pouvoir rouler sur une distance de quelques kilomètres en mode 100 % électrique – au-delà le moteur à combustion prend le relais et fait fonctionner l’ensemble comme un véhicule classique – et de ne pas nécessiter la recharge des batteries sur secteur, contrairement à la voiture électrique pure. En effet, les batteries embarquées dans une hybride se rechargent via l’énergie cinétique récupérée au freinage et via le moteur thermique (dossier spécial Voiture hybride : comment ça marche ?).
Toyota fait la course en tête
L’ensemble des industriels du secteur automobile sont concernés par cette mutation technologique, des marques généralistes – Citroën, Peugeot, Toyota, Volkswagen, … – aux marques les plus premiums – Audi, BMW, Porsche, Mercedes, … Les enjeux du marché sont considérables : d’ici à 2020, les véhicules hybrides devraient représenter entre 10 et 15 % du marché mondial du neuf (étude 2012 Oliver Wyman). Dans la course engagée, Toyota a pris une bonne longueur d’avance sur ses concurrents.
Toyota cumule en effet les superlatifs : mise sur le marché en 1997 de la première voiture hybride de grande série (Toyota Prius), premier constructeur mondial avec un volume de production pour 2013 estimé à plus de 10 millions de véhicules (dont 20 % d’hybrides), plus de 5,5 millions de véhicules dotés de la technologie Hybrid Synergy Drive (HSD) commercialisés depuis le lancement de la Prius, … En France, le trio gagnant Toyota Yaris HSD / Toyota Auris HSD / Toyota Prius et leurs déclinaisons break et monospace ont représenté plus de 30 % des ventes au premier semestre. D’ici 2015, le nippon aura lancé ou restylé plus de 21 modèles hybrides.
Tous les constructeurs automobiles sont concernés
Face au leader de la double motorisation essence-électrique, le constructeur Honda fourbit lui aussi ses armes sur ce marché convoité. Avec plus d’un million de véhicules hybrides commercialisés dans le monde, Honda prend la deuxième place au classement des producteurs d’hybrides. En France, le constructeur de Tokyo dispose d’une gamme de 3 véhicules à technologie Integrated Motor Assist (IMA) : la citadine Honda Jazz Hybrid, le coupé sport Honda CR-Z et la berline Honda Insight née en 1999.
Chez les marques généralistes, Ford disposera en France courant 2014 d’une gamme de 2 véhicules dotés d’une motorisation essence-électrique : la Ford Mondeo Hybrid et le Ford C-Max Hybrid. Du côté de PSA Peugeot-Citroën, 3 principaux modèles sont actuellement commercialisés : le crossover Peugeot 3008 HYbrid4, la berline Peugeot 508 HYbrid4 et ses déclinaisons break (SW) et baroudeur (Peugeot 508 RXH) ainsi que la berline Citroën DS5 HYbrid4. Différence notable et spécificité française : la technologie HYbrid4 du groupe PSA intègre un moteur diesel. Volkswagen dispose pour sa part de la berline VW Jetta Hybrid et du 4x4 Touareg Hybrid.
Déjà dotés d’une gamme de véhicules hybrides, les constructeurs Audi (A6, A8 et Q5), BMW (Séries 3, 5 et 7 ActiveHybrid), Mercedes (Classe E et Classe S Hybrid) et Porsche (Cayenne et Panamera Hybrid) vont lancer d’ici la fin 2015 une dizaine de modèles équipés de la technologie hybride rechargeable. Embarquant une batterie de plus grande capacité que les hybrides traditionnelles, les hybrides « plug-in » ont pour avantage de pouvoir rouler en mode 100 % électrique sur une distance d’au moins 20 kilomètres. Parmi les modèles plug-in actuels et à venir : la Porsche Panamera S E-Hybrid, la VW Golf Plug-in Hybrid, l’Audi A3 e-tron, … Objectif : installer cette technologie coûteuse sur les modèles premium avant de la démocratiser sur des segments intermédiaires.
Des normes en matière d’émissions de plus en plus contraignantes, des technologies hybrides thermique-électrique arrivées à maturité, une croissance à deux chiffres sur un marché automobile européen atone. La conjonction de ces 3 éléments explique en grande partie le succès rencontré par les voitures hybrides : moins consommatrices et moins émettrices, silencieuses et confortables, dotées d’une souplesse d’utilisation équivalente à leurs homologues thermiques, elles se sont installées durablement dans le paysage automobile mondial.
Fabrice SPATH