Avec l’électrique, les constructeurs s’attendent à être moins rentables
Publié le 15 septembre 2017 à 09h00 | La rédaction | 3 minutes
La vague électrique et le renchérissement des coûts de dépollution des véhicules thermiques vont peser sur la rentabilité à moyen terme des constructeurs automobiles
La montée en puissance des véhicules électriques aura un impact négatif sur la rentabilité des constructeurs automobiles. Face à cette réalité économique, les industriels ont fait entendre leurs opinions et préoccupations à l’occasion du salon de Francfort 2017.
Fin de l’ère des grands profits pour l’industrie automobile ?
Lors de l’ouverture de la 67ème édition du salon automobile de Francfort, Dieter Zetsche n’aura pas tardé longtemps à mettre les pieds dans le plat. Alors que les grands noms de l'industrie automobile rivalisent d’annonces en tous genres sur l’électrification à venir de leurs gammes, le PDG de Daimler, maison-mère de Mercedes, a déclaré que la marge dégagée par les constructeurs sur ces véhicules sera nettement inférieure en comparaison de celle réalisée sur les traditionnelles voitures à moteur à combustion (essence ou diesel). Du moins, en sera-t-il ainsi dans un premier temps, a affirmé M. Zetsche, sans préciser quand ce phénomène prendra fin.
Une affirmation auréolée d’une liberté de ton rarement entendue de la part d’un industriel de cette envergure, et qui a aussitôt mis en émoi tous les concurrents présents à Francfort. A commencer par Harald Krüger, le PDG du rival munichois BMW, pour qui les propos de M. Zetsche décrivent parfaitement la réalité à laquelle sera obligatoirement confrontée l’industrie automobile. Toutefois, tempère M. Krüger, « il y aura bien un jour où les courbes se croiseront : le coût du véhicule thermique va augmenter avec la hausse des normes en matière d'émissions, et celui de l'électrique va baisser avec la croissance des volumes et les progrès technologiques ».
L’arrêt des aides publiques, une menace pour la marge des constructeurs
Carlos Tavares, le président du directoire de PSA Group, explique le niveau de marge à la baisse des constructeurs par les dépenses supplémentaires en R&D requises pour développer de nouvelles motorisations. « Nous sommes tous confrontés au même problème : la technologie électrique demande un effort R & D supplémentaire » s'est ainsi inquiété le dirigeant du groupe hexagonal. M. Tavares s’est dit par ailleurs également préoccupé par la fin des subventions publiques et des aides à l’achat aux véhicules électriques.
« Le véhicule électrique est beaucoup plus onéreux à l'achat, mais combien de temps vont durer les subventions des pouvoirs publics ? Quand les aides seront diminuées, nous allons devoir offrir des promotions, et cela va réduire nos marges » a-t-il ainsi mis en garde. Avant d’ajouter : « Si on veut que la mobilité propre dure, il faut que les constructeurs fassent des profits. » Un avertissement qui s’adresse clairement aux politiques, sommés de prendre leur responsabilité.
Didier Leroy, le numéro 2 de Toyota, moins anxieux sur la fin des aides publiques à l’achat, a préféré pour sa part pointer l’importance des stratégies mises en place par les constructeurs sur leurs futures marges. « Si on continue à avancer comme d'habitude dans le thermique et qu’on investit massivement sur l'électrique sur un temps très court, cela peut avoir un impact très négatif » a-t-il ainsi averti. Et d’ajouter ensuite : « Il faut couper dans les dépenses et réussir à faire des choix. »