Voiture électrique : la fabrication d'une batterie consomme autant d’eau que 10 avocats
Publié le 09 décembre 2019 à 12h49 | Fabrice SPATH | 3 minutes
La processus de fabrication du Lithium pour une batterie de voiture électrique consomme autant d’eau que la production de 10 avocats ou 30 tasses de café
ÉTUDE - En Allemagne, le directeur de l’Institut Helmholtz estime que la fabrication du Lithium destiné à une batterie d’une capacité de 64 kWh consomme autant d’eau que la production de 10 avocats ou 30 tasses de café. Le chercheur souligne aussi le rendement médiocre des véhicules à hydrogène.
Souvent pointés du doigt par les sceptiques et autres détracteurs de la voiture électrique, le recours aux terres rares, les conditions d’exploitation des ressources ou encore la consommation d’eau font partie des arguments souvent avancés pour démontrer que le marché n’est pas aussi vertueux que ses promoteurs veulent le faire penser.
Et pourtant : une batterie Lithium-Ion ne contient aucune terre rare, au contraire d’un pot catalytique monté en série sur les véhicules thermiques. Seuls les moteurs à aimants permanents adoptés par une majorité de constructeurs - à l’exception de Renault et de sa citadine ZOE - font appel à ce type de ressources. Des ressources dont l’exploitation de mieux en mieux contrôlée, et ce afin d’assurer leur traçabilité.
250 g de viande de bœuf ou 900 000 km
En matière de consommation d’eau pour la production du Lithium - métal indispensable à la confection des batteries -, Maximilien Fichtner, directeur de l’Institut Helmholtz spécialisé dans le stockage d’énergie basé à Ulm (Bade-Wurtemberg), nous offre en cette fin d’année un éclairage nouveau grâce à un comparatif inédit.
Selon le chercheur, 3 840 litres d’eau sont en moyenne employés dans le processus de production du Lithium pour une batterie développant une capacité totale de 64 kWh. Soit celle installée sur le crossover urbain Hyundai Kona Electric et le SUV compact Kia e-Niro.
Une quantité d’eau par ailleurs nécessaire à la production de 10 avocats, d’une demi-paire de jean ou l’équivalent de 30 tasses de café ou 250 grammes de viande de bœuf. Autant de denrées ou produits qui seront consommés bien avant que la batterie n’arrive en fin de vie. À raison d’une autonomie WLTP de 450 km et de 2 000 cycles de charge/décharge, l’accumulateur pourra théoriquement permettre de parcourir quelque 900 000 km.
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Sables bitumeux et rendement de l’hydrogène
Et M. Fichtner de s’étonner auprès du magazine Tagespiegel Background auquel il a accordé une interview que « le public ne parle jamais de Lithium [présent, ndlr] dans les ordinateurs portables ou les téléphones portables - mais soudain, c’est un problème avec la voiture électrique. »
Autre information intéressante que relève M. Fichtner : le secteur des transports consomme environ 800 térawattheures (TWh) d'énergie finale. En électrifiant tous les véhicules, le parc consommerait environ 200 TWh en raison de l'efficacité plus élevée de la chaîne de traction à batteries. En revanche, les voitures à hydrogène dotées de piles à combustible consommeraient environ 1 000 TWh d’énergie. Une performance médiocre liée au rendement de l’électrolyse de l’eau et de la pile en elle-même.
Enfin, le chercheur pointe qu’à compter de 2025, plus de la moitié du pétrole proviendra de « sources non conventionnelles » : fracturation hydraulique, sables bitumineux, haute mer et Arctique, ce qui n'est pas souhaitable pour des raisons environnementales. De quoi mettre du plomb dans l’aile dans les idées reçues sur la mobilité électrique véhiculées par le grand public.