IONITY : nous avons testé - sans succès - le réseau de charge à haute puissance

Publié le 05 septembre 2018 à 11h00 | Fabrice SPATH | 5 minutes

En France, les deux premières stations de charge du réseau IONITY sont opérationnelles sur les autoroutes A10 et A11

Créé à l’initiative des groupes BMW, Daimler, Volkswagen et Ford, le réseau de charge à haute puissance IONITY est essentiellement destiné aux futurs véhicules électriques à autonomie étendue. Pour autant, les modèles compatibles peuvent dès à présent y faire le plein d’énergie. Premier test infructueux sur les deux premières stations déployées en France.


Sur le marché encore embryonnaire des véhicules électriques, les annonces se suivent et se ressemblent : l’avenir proche de la mobilité « zéro émission » se matérialisera par un SUV dont l’autonomie sera supérieure à 400 km. En témoignent l’ouverture du carnet de commandes du BMW iX3 en Norvège le 1er septembre, la présentation officielle hier soir du Mercedes EQC ou encore la révélation de la version de série de l’Audi e-tron quattro attendue le 17 septembre à San Francisco. Autant de nouveautés qui promettent des temps de charge réduits sur les nouvelles infrastructures de charge délivrant jusqu’à 350 kW de puissance.

 

2 400 bornes de recharge d’ici 2020

Si les annonces en matière de corridors à haute puissance se sont multipliées ces derniers mois, le projet porté par le consortium IONITY est de loin le plus important. Créée en novembre 2017 par les groupes allemands BMW, Daimler et Volkswagen – incluant ses filiales Audi et Porsche – associés au constructeur américain Ford, la coentreprise éponyme veut ouvrir 400 stations en Europe d’ici la fin 2020, soit quelque 2 400 bornes de recharge. Objectif : accompagner le lancement de leurs modèles électriques respectifs et assurer une véritable polyvalence à ces derniers, notamment lors des longs trajets autoroutiers.

 

80 stations pour la France

En France, le consortium a inauguré cet été dans la région des Châteaux de la Loire ses deux premières stations : la première est installée sur l’aire de Tours la Longue Vue (A10), la seconde sur l’aire de la Porte d’Angers Sud (A11). Deux stations nées du partenariat noué avec Vinci Autoroutes et dont le nombre devrait être porté à 80 unités d’ici la fin de la décennie. Accessibles gratuitement durant la période estivale, les bornes IONITY sont devenues payantes depuis le 3 septembre, à raison d’un prix forfaitaire de 8 euros par charge, et ce quelles que soient la durée et la consommation d’énergie.


Recharge autoroutière chaotique

Le 23 août dernier, nous avons souhaité tester ces deux premières stations ... sans succès. Au volant d’une Volkswagen e-Golf dotée du port de charge Combo2 – dont sont notamment équipés les BMW i3, Hyundai IONIQ et Kona Electric et Volkswagen e-up! –, seule prise acceptée par le réseau, nous avons réalisé une boucle principalement autoroutière de 700 km entre Paris, Tours, Angers, Le Mans et Chartres. Un circuit qui s’est transformé en chemin de croix, tant les stations du réseau concurrent CORRI-DOOR se sont révélées être capricieuses : badge d’accès non reconnu, puissance bridée, opérateurs du support, certes avenants, mais sans solution aux difficultés rencontrées, ...

 

Support client inconsistant

Arrivés en début d’après-midi sur l’aire de Tours la Longue Vue, le constat est pire encore sur les bornes IONITY : aucune ne fonctionne. Premier appel au support client avec la promesse d’être rappelé rapidement. Second appel une heure plus tard au support avec la même promesse. Une opération réalisée une troisième fois avec l'assurance d’être recontacté, soit par le support de niveau 1, soit par un technicien. Au total, nous sommes restés stationnés sur cette aire durant 3 longues heures, sans jamais avoir été rappelés et sans jamais obtenir une quelconque explication quant au dysfonctionnement.

 

Deux stations hors-service

Après une recharge bridée sur la borne CORRI-DOOR de la même aire d’autoroute, nous prenons la direction d’Angers. Arrivés en fin d’après-midi sur l’aire de la Porte d’Angers Sud, le constat est similaire : aucune borne ne fonctionne et les conducteurs de véhicules électriques qui ont tenté de s’y charger ont dû se rabattre sur la borne Nissan – elle aussi partiellement défaillante – déployée sur la même aire, à quelques dizaines de mètres de la station IONITY, laissant derrière eux des écrans précisant que la charge a été interrompue suite à une erreur. Échaudés par notre première expérience avec le service client et pressés par le temps, nous n’avons pas recontacté le support téléphonique.

 

Bilan : doit mieux faire

Pour convaincre les automobilistes de franchir le pas de l’électrique et rassurer les conducteurs quant à la possibilité de recharger leur véhicule, les exploitants de stations de charge autoroutières devront s’atteler à fiabiliser les infrastructures. Si le réseau CORRI-DOOR souffre d’un matériel à la fiabilité aléatoire et de délais de maintenance souvent trop longs, IONITY incarne la nouvelle génération.

Si la partie matérielle ne semble souffrir d’aucune critique et que les avis sur ChargeMap sont unanimement positifs, le couac constaté le 23 août doit faire prendre conscience que les futurs propriétaires de modèles coûteux ne toléreront pas que le support client du service ne tienne pas ses promesses. Au risque de les voir partir à la concurrence dont les projets sont portés par les énergéticiens ou opérateurs E.ON, Fastned, Enel ou encore Allego.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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