Après la Chine, Tesla négocie avec l’Inde pour produire ses véhicules électriques

Publié le 27 juin 2017 à 07h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes

Après la Chine, Tesla négocie avec l’Inde pour produire ses véhicules électriques

Tesla se prépare à faire son entrée sur le marché automobile indien. Un pari risqué dans un pays peu préparé à l’irruption en masse des véhicules électriques.

 

Vers un parc totalement électrique en 2030

Le secteur automobile représente environ 7 % du PIB de l’Inde et emploie près 19 millions de personnes, directement et indirectement. C’est l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie du pays, tiré par la demande domestique. Les perspectives de croissance sont donc vastes pour les constructeurs automobiles. Un phénomène qui n’a pas échappé au fabricant américain Tesla, cela d’autant plus que le gouvernement indien actuel dirigé par le Premier ministre Narendra Modi s’est fixé pour objectif d’y rendre la mobilité entièrement électrique d’ici 2030. Toutefois, l’accès au marché automobile indien n’est pas une tâche aisée pour les constructeurs étrangers.

 

Exemption temporaire des droits d’importation

Le PDG de Tesla, l’homme d’affaires américain Elon Musk, a donc récemment décidé d’entamer des négociations avec les responsables politiques locaux en vue de faciliter la commercialisation de ses véhicules électriques. En particulier, il a demandé à ce que sa société soit exemptée temporairement de droits d’importation. Une faveur qui doit se faire en contrepartie de l’installation prochaine d’une unité de production de la marque en Inde. Actuellement, en Inde, les véhicules importés doivent s’acquitter d’une taxe de 125 % au moment de leur entrée sur le territoire. Appliquée à la Model 3 de Tesla, une telle pénalité ne pourra manquer de renchérir considérablement le prix d’accès de cette dernière, qui va alors passer de 35 000 à plus de 75 000 dollars.

A noter également que la seule marque de véhicule électrique vendue jusqu’à présent en Inde, la Reva e2O du constructeur indien Mahindra, est loin de connaître un grand succès. Au pays de Gandhi, l'approvisionnement électrique continue à poser problème, surtout dans les régions les plus pauvres. Outre l’accès à l’électricité, les conducteurs indiens sont également confrontés à l’obstacle posé par le faible nombre d’infrastructures de recharge.

 

Un pari risqué pour Tesla

Anay Sharma, analyste chez IHS Automotive, pense toutefois que Tesla peut s’imposer sur le marché indien en dépit du manque de préparation du pays pour l’accueil des voitures électriques. Selon cet expert, les voitures de la marque américaine sont attrayantes pour les consommateurs en raison du symbole de réussite sociale qu’elles incarnent à leurs yeux. Un avis qui n’est pas partagé par le cabinet de conseil Bridge to India pour qui l’Inde ne dispose ni de la capacité financière de la Chine, ni de l’expertise technologique du Japon ou de la Corée du Sud. « Il existe des difficultés formidables en matière d'infrastructure et de financement, et la résolution de ces problèmes ne sera pas facile » note un responsable du cabinet de conseil. L’entrée sur le marché indien constitue ainsi un pari risqué pour Tesla.

Pour rappel, le gouvernement indien prévoit de déployer près de 7 millions de véhicules électriques et hybrides sur les routes du pays d'ici 2020. Celui-ci mise sur une forte chute du prix des batteries pour réaliser son ambitieux programme d’électrification de la mobilité (pour aller plus loin, lire Automobile : en Inde, un parc entièrement électrique en 2030 ?).

Mathieu PARAIN

Passionné par les motorisations alternatives et attentif à l’impact des normes d’émissions sur le secteur automobile, Mathieu a débuté sa carrière de journaliste en Suisse avant de rejoindre la place de marché dédiée aux véhicules électriques et hybrides.



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