ESSAI – Nouvelle Nissan LEAF : mon électrique est "fantastique" (+ vidéo)

Publié le 03 février 2018 à 11h00 | Fabrice SPATH | 9 minutes

Commercialisée depuis le 3 octobre 2017, la nouvelle Nissan LEAF a été commandée à plus de 1 000 exemplaires en France

Pour sa seconde génération, le modèle électrique le plus vendu de la planète s’offre un design plus attrayant, un équipement technologique complet et une batterie de 40 kWh. Le tout pour une autonomie réelle de 240 km et une hausse modérée des tarifs. Premier essai sur les routes de l’île de Tenerife, dans l’archipel espagnol des Canaries.


En attendant que Toyota commercialise en 2020 son premier véhicule électrique sur le Vieux Continent, son slogan concernant ses « fantastiques » voitures sied relativement bien à cette nouvelle Nissan LEAF. Mais contrairement au leader mondial de la double motorisation hybride essence-électrique dont la Prius adopte de génération en génération un style bien particulier, son compatriote a choisi de renoncer à un design clivant pour la nouvelle mouture de sa compacte « zéro émission », au profit d’un style en phase avec ses dernières productions. Tout en conservant un excellent Cx de 0,28.

 

L’électrique la plus vendue au monde

Adoptée par plus de 300 000 automobilistes dans le monde, le premier opus lancé fin 2010 au Japon avant de rejoindre en 2011 les Etats-Unis et l’Europe a évolué au gré des millésimes. Après un premier restylage technique en 2013, la LEAF a été le premier modèle électrique du marché à embarquer une batterie de plus grande capacité dès janvier 2016, troquant sa pile initiale de 24 kWh contre une 30 kWh offrant à ses propriétaires une autonomie plus généreuse (180 km). Et donc plus de polyvalence.

Deux ans plus tard, la firme de Yokohama livre les premiers exemplaires de sa nouvelle génération qui, en quelques semaines, a déjà recueilli quelque 12 000 commandes sur notre continent, dont 1 000 en France. Esthétiquement, la Nissan LEAF 2 adopte les codes stylistiques du reste de la gamme Nissan, au profit d’une silhouette dynamique et bien équilibrée. L’ensemble est plaisant à contempler, surtout dans sa livrée bicolore blanc nacré dotée d’un toit noir métallisé.

 

Du neuf avec du vieux

Pourtant, l’esthétique attrayant ne peut cacher la reprise de la plateforme de la précédente mouture. Sur un marché encore embryonnaire, le constructeur a fait le choix de réaliser des économies sur sa base technique. Dans les faits, le terme de seconde génération est donc usurpé tandis que celui de version améliorée est plus proche de la réalité. Dans l’habitacle, l’absence de réglage en profondeur du volant, la position surélevée des sièges – liée à l’implantation de la batterie dans le plancher – ou encore la garde au toit limitée aux places arrière confirment le constat initial.

Si l’empattement est identique à la première LEAF, la longueur progresse de 4 cm à 4,49 m. Un allongement qui profite d’abord au coffre qui affiche désormais un confortable volume de 435 l (+ 65 l) ou de 405 l avec le système audio Bose. Si la banquette arrière reste rabattable, elle n’offre toujours pas de plancher plat. Encore une caractéristique liée à l’emploi de l’ancienne plateforme. Autre bémol : la finition austère qui, malgré l’ajout de surpiqûres sur la planche de bord, reste en-deçà de la concurrence et n’est pas véritablement en phase avec ses prétentions tarifaires (hors bonus).

 

Caisse rigidifiée et insonorisée

Ces quelques déceptions passées, la nouvelle LEAF réserve de très belles surprises. Le conducteur est accueilli par un seuil de porte rétroéclairé, la nouvelle instrumentation hybride numérique/analogique (pour le compteur de vitesse) est très réussie tandis que les commandes sont intuitives et ne nécessitent qu’un temps réduit d’adaptation. Quant aux quelque 12 000 Français qui roulent déjà en LEAF, ils ne seront pas dépaysés : le sélecteur de vitesse sur la console centrale est identique et le nouvel écran tactile de 7 pouces intègre toujours le perfectible système télématique NissanConnectEV. En prime, ce dernier est désormais compatible avec Google Android Auto et Apple CarPlay

Au volant, l’agrément de conduite a nettement progressé. La caisse a été rigidifiée et mieux insonorisée, faisant de la compacte une alliée pour les trajets du quotidien voire même pour les escapades du week-end, tant elle est agréable à conduire sur route et autoroute. A condition bien sûr de planifier son parcours et de trouver son bonheur dans l’une des quelque 450 bornes de recharge rapide déployées dans l’Hexagone par Nissan ou ses partenaires. A l’arrière, les passagers pourront profiter de sièges dotés d’une assise épaisse et confortable.

 

Autonomie réelle de 240 km

Pour conserver son leadership sur le marché du véhicule électrique, le millésime 2018 embarque une nouvelle batterie Lithium-Ion d’une capacité de 40 kWh. Un accumulateur qui offre une autonomie de 270 km en cycle mixte, un chiffre relevé par le nouveau cycle d’homologation WLTP. Plus proche de la réalité, la norme américaine EPA pointe une autonomie moyenne de 240 km en conditions réelles d’utilisation. Une donnée qu’il nous a été impossible de vérifier sur le parcours proposé par Nissan sur l’île de Tenerife et qui imposera un essai longue durée au printemps.

Autre nouveauté de la chaîne de traction : le moteur électrique développe désormais une puissance de 110 kW / 150 ch pour un couple maximal de 320 Nm. Une cavalerie qui permet à la compacte produite pour l’Europe sur le site britannique de Sunderland d’exécuter le 0 à 100 km/h en 7,9 s et d’atteindre très rapidement la vitesse maximale de 144 km/h (limitée électroniquement). Malgré une fiche technique qui la rapproche d’une GTi, les pneus à basse résistance au roulement, le freinage peu endurant et les prises d’appui en virage affectées par un poids élevé (1 520 kg), la LEAF n’a pas un tempérament de sportive.

 

Des aides à la conduite peu intrusives

Le véhicule s’apprécie sur deux autres registres : celui des vives accélérations ou reprises en ligne droite et celui des technologies embarquées. A l’heure où les aides actives à la conduite font leur apparition dans les catalogues d’un nombre grandissant de constructeurs, l’allié de Renault et de Mitsubishi a fait le choix d’offrir plusieurs systèmes particulièrement performants. A commencer par l’e-Pedal (de série sur toutes les finitions) qui, après un petit temps d’adaptation lié au puissant frein moteur lors du lâcher de pied (jusqu’à 0,2 g), permet de piloter le véhicule avec la seule pédale d’accélération jusqu'à l'arrêt complet du véhicule. Inauguré par la BMW i3 en 2013, le dispositif a été amélioré par Nissan.

Autre aide beaucoup plus exclusive car seulement disponible en option sur la finition haute Tekna : le PROPilot Park, un très performant système de stationnement automatique qui, lié aux 4 caméras insérées dans le logo avant, la malle arrière ainsi que les rétroviseurs extérieurs, transforme les manœuvres en partie de plaisir. Enfin, le système de conduite assistée simplement baptisé PROPilot est probablement le meilleur du marché. Associé au régulateur de vitesse adaptatif et au maintien de la trajectoire, PROPilot agit discrètement sur le volant dans les virages et devient l’allié du conducteur au quotidien. A condition de conserver les mains sur le volant, législation oblige.

 

A la pointe de la recharge

Toujours à la pointe sur les sujets liés à la recharge, Nissan déploiera 1 000 nouvelles bornes rapides en Europe d’ici l’été 2019 (4 700 au 1er janvier dernier). Initiateur des stations électriques sur les parkings Auchan, Ikea, Cora ou encore les stations-services Avia et BP en France, le constructeur y a déployé sur fonds propres ou en partenariat quelque 450 bornes rapides. Pour sa nouvelle LEAF, le temps de charge sur cette infrastructure oscille entre 40 et 60 minutes (pour 80 % de l’autonomie récupérée) suivant la température extérieure, le nombre de charge rapide effectuée dans la journée ou encore le type de parcours réalisé.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la prise type 1 (Yazaki) de la précédente génération a été remplacée par une type 2 (Mennekes). La nouvelle LEAF pourra désormais faire le plein sur une borne « tiers » du programme Tesla « recharge à destination » (400 sites en France). A domicile, en copropriété (lire notre dossier), sur son lieu travail ou sur la voie publique, la batterie pourra être rechargée en :

  • 21 heures sur une prise domestique standard (2,3 kW, 10 A)

  • 14 heures sur une borne de recharge ou une Wallbox normale (3 kW, 16 A)

  • 7 heures sur une borne de recharge ou une Wallbox semi-accélérée (7 kW, 32 A) grâce à son chargeur embarqué de 6,6 kW

 

L’avis de BreezCar

Le bilan de ce premier essai est globalement positif. Si cette nouvelle mouture pêche par une plateforme inaugurée il y a maintenant 8 ans, par un habitacle et une télématique aux finitions et à l’ergonomie perfectibles, par un poids élevé, l’ensemble est homogène. L’autonomie moyenne de la compacte « zéro émission » oscillant vraisemblablement entre 150 km (sur voie rapide à 110 km/h) et 300 km (en ville, mode ECO enclenché) ainsi que le dense réseau de charge rapidedont le réseau autoroutier CORRI-DOOR – sont les deux principaux éléments qui la distingue de ses concurrents.

Décliné en sept finitions – dont deux réservées aux sociétés –, le millésime 2018 offre un ticket d’entrée de 27 900 euros, bonus de 6 000 euros déduit. En cœur de gamme, la très bien dotée N-Connecta démarre à 31 100 euros (bonus déduit) et s’avère extrêmement compétitive face à son équivalent essence Volkswagen Golf 1,5 TSi de 150 ch en finition Carat avec boîte DSG7 facturée 32 320 euros (bonus-malus neutre). La LEAF y ajoute de nombreux équipements, une vignette CRIT’Air de première catégorie (sans restriction de circulation), un budget entretien et carburant réduit à peau de chagrin ainsi qu’une exonération à vie de la taxe sur les véhicules de société (TVS). Le tout avec une garantie batterie de 8 ans ou 160 000 km.

A l’usage, et si les besoins de mobilité quotidiens sont couverts, cette nouvelle LEAF devrait rapidement se transformer en une alliée par sa douceur de fonctionnement et ses aides à la conduite. Chez la concurrence, Volkswagen fait payer très cher les prestations de son e-Golf (33 560 euros bonus déduit, 35,8 kWh) et la batterie de 28 kWh peut nuire à la très sobre Hyundai IONIQ Electric sur les longs parcours. Sur le segment inférieur, les tarifs de la Renault ZOE équipée d’une pile de 41 kWh démarrent à 16 700 euros mais la citadine impose la location de la batterie (à partir de 69 euros/mois).

 

NOTRE CONSEIL : la finition N-Connecta en location avec option d’achat (LOA) avec un loyer mensuel de 360 euros sur trois ans (sans apport), 12 500 km par an inclus. Bien équipé, le cœur de gamme est éligible jusqu’au 28 février à une remise exceptionnelle de 2 500 euros – à l’instar du reste de la gamme – qui est cumulable avec la prime à la conversion de 2 500 euros. A condition de mettre à la casse un véhicule diesel immatriculé avant 2001 et ou une essence mise en circulation avant 1997.

Galerie de photos

Les plus

  • autonomie réelle
  • accélérations et reprises
  • niveau d’équipements
  • aides à la conduite
  • surcoût maîtrisé par rapport à la 30 kWh (+ 200 euros)
  • volume du coffre

Les moins

  • freinage inconsistant
  • poids élevé (+ 100 kg)
  • direction non réglable en profondeur
  • finition austère
  • télématique perfectible
  • habitabilité arrière

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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