Voiture à hydrogène : Nissan fait le pari de l’éthanol
Publié le 14 juin 2016 à 18h30 | Mathieu PARAIN | 3 minutes
Après les véhicules 100 % électriques, Nissan s’intéresse de manière innovante à la pile à combustible
Leader mondial de la voiture électrique, Nissan prépare une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène produit à base d’éthanol au sein même de ses futurs véhicules. Un système qui se passera donc de coûteuses infrastructures. Inédite, la technologie sera commercialisée à l’horizon 2020 et offrira 800 km d’autonomie sur une seule charge.
La pile combustible après la batterie
Sur le marché des technologies « vertes », le constructeur de Yokohama ne laisse aucun répit à ses compétiteurs. Après avoir été le premier à lancer un véhicule électrique de nouvelle génération – la compacte Nissan LEAF fin 2010 –, à déployer un vaste réseau de bornes de recharge rapide – moins de 30 mn pour recouvrer 80 % de l’autonomie – et à proposer une seconde batterie d’une capacité de 30 kWh offrant jusqu’à 200 km d’autonomie sur une seule charge – contre 160 km précédemment –, Nissan s’attaque au véhicule à hydrogène.
Hydrogène produit in situ
Dans une conférence de presse tenue ce matin au Japon, l’allié de Renault a dévoilé son projet de pile à combustible fonctionnant à l’éthanol. Une technologie inédite baptisée Solid Oxyd Fuel Cell (SOFC) qui comprend une pile à combustible alimenté en dioxygène (O2) présent dans l’air extérieur et en dihydrogène (H2) produit à bord du véhicule à partir d’un mélange éthanol-eau (55/45). Passé dans un reformeur alimenté notamment par la chaleur issue de la pile à combustible, ce mélange produit du dihydrogène dont le degré de pureté est inférieur à celui issu de l’industrie. L’électricité générée par la pile est ensuite injectée dans une batterie et dans le moteur électrique de propulsion.
Nul besoin d’infrastructure
Le plein est ainsi réalisé en quelques minutes sur une station-service classique distribuant de l’éthanol (déjà 600 stations en France), un avantage excluant de fait tout déploiement coûteux (2 millions d’euros par unité) de stations de distribution publique d’hydrogène à 700 bars. Généralement issu du vaporeformage de méthane, le dihydrogène actuellement produit émet quelque 90 g de CO2/km. Avec la technologie développée par Nissan, le bilan carbone serait neutre dans la mesure où les plantes (maïs, canne à sucre, …) qui ont servi à produire l’éthanol ont déjà absorbé du CO2 qui est ensuite rejeté au moment de la production d’hydrogène.
Toyota Mirai : essai de la première voiture à hydrogène (+ photos)
QUELLE AUTONOMIE ? Le crossover Hyundai ix35 FCEV, la berline Honda Clarity et la Toyota Mirai déjà commercialisés offrent une autonomie moyenne de 500 km. Attendu pour 2020, le premier véhicule Nissan équipé de la technologie SOFC devrait offrir une autonomie 60 % supérieure, soit 800 km.