Bornes de recharge rapide : Nissan lance l’offensive en Allemagne
Publié le 14 avril 2014 à 19h47 | Fabrice SPATH | 5 minutes
Pas rancunier, Nissan propose d’équiper ses stations de charge rapide CHAdeMO d’un câble au standard CCS allemand
La semaine passée, les constructeurs BMW, Daimler, Ford et Volkswagen ont annoncé à la Foire de Hanovre le déploiement de 400 bornes de recharge rapide pour véhicules électriques d’ici à 2017. Le projet, dont le financement n’a pas encore été bouclé, n’a pas retenu le standard de charge rapide nippon CHAdeMO dont Nissan a fait le fer de lance sur ses modèles LEAF et e-NV200. Le constructeur a réagi en lançant son propre réseau.
400 bornes de recharge rapide à fin 2017 … pas compatibles avec Nissan
La semaine passée, à l’occasion du salon MobiliTec qui avait lieu sur la Foire de Hanovre, les groupes automobiles BMW, Daimler (Mercedes-Benz), Ford et Volkswagen – Opel n’a pas pris part au consortium, pour le moment du moins – ont annoncé le lancement du projet SLMA – SchnellLAdenetz für Metropolregionen – destiné à installer 400 bornes de recharge rapide d’ici à 2017. Ambitions : que tout conducteur de véhicule électrique puisse trouver une station rapide dans un rayon de 50 km autour de sa position lui permettant de recouvrer 80 % des capacités de la batterie en une vingtaine de minutes. Deux types de standards de charge ont été retenus :
- une prise Combo 2 (standard CCS) délivrant jusqu’à 50 kW en courant continu (DC)
- une prise type 2 délivrant jusqu’à 22 kW en courant alternatif (AC)
La première borne de recharge rapide installée à Paris intra-muros par Nissan et BP Delek sur la station-service du 15e arrondissement
Compatibles avec les véhicules électriques BMW i3, Renault ZOE, smart fortwo ED (Electric Drive), Volkswagen e-up! et e-Golf, ces stations aux câbles attachés – pour des raisons de sécurité – ne pourront pas satisfaire les conducteurs de Nissan LEAF, modèle électrique pourtant le plus vendu dans le monde (plus de 105 000 unités depuis 2011).
>>>> Allemagne : un réseau de 400 bornes de recharge rapide
Nissan lance son propre réseau de charge en Allemagne
Pour soutenir les ventes de ses deux modèles 100 % électriques – la berline LEAF et l’utilitaire e-NV200 –, Nissan a décidé de lancer son propre réseau de charge, le standard CHAdeMO n’ayant pas été retenu dans le cadre du projet SLMA. Associé à la société OMEXOM spécialisée dans les infrastructures de production, de transport et de distribution d’électricité, le constructeur nippon va installer sur 2 ans plus de 100 stations de charge rapide. Ces points de charge seront essentiellement déployés dans les concessions de la marque, auprès des clients disposant de flottes de véhicules de sa gamme et via des accords de partenariat, un mode de fonctionnement que Nissan affectionne particulièrement en France (IKEA, Cora, Auchan, Fédération française des Ports de Plaisance, AVIA, BP, …).
La 1000e borne de recharge rapide installée par Nissan et l'énergéticien Ecotricity au Royaume-Uni
Le protocole de charge rapide CHAdeMO – « let's CHArge and MOve » en anglais, « faisons une pause thé » en japonais – a pourtant été officiellement retenu par la Commission électrotechnique internationale (IEC). Mais le puissant et redoutable lobbying des industriels allemands aura réussi à évincer ce standard des prochaines stations de charge publique SLMA, dont les premières unités seront installées d’ici septembre 2014. Les Autobahn ne disposeront donc pas tout de suite de bornes susceptibles d’accueillir les Nissan LEAF, Nissan e-NV200 ou encore les Mitsubishi i-MiEV. Le partenaire OMEXOM, propriété de Vinci Energies, va rapidement déployer les premières stations avec un objectif : 100 unités installées d’ici la fin de l’année sur le territoire allemand qui n’en comptait que 37 début 2014. Le Royaume-Uni (195) et la France (107) sont les pays les mieux équipés en Europe.
>>>> Nissan : 1 000 bornes de recharge rapide en Europe !
De quelle Europe de la recharge rapide voulons-nous ?
3 : un chiffre facile à retenir mais qui, pour de nombreux utilisateurs de voitures électriques, peut virer au casse-tête. Le véhicule sera-t-il compatible avec la borne de recharge ? Une question légitime, compte-tenu de la bataille normative que se livrent les constructeurs à ce sujet. Il y a d’un côté les fervents défenseurs de la recharge en courant alternatif (AC) délivrant une puissance de 43 kW, à l’instar de Renault pour son modèle ZOE. De l’autre se trouvent le groupe de constructeurs affiliés au standard nippon CHAdeMO, dont Nissan et Mitsubishi, qui délivre une puissance de 43 à 53 kW en courant continu (DC).
Une borne de recharge rapide installée par l'énergéticien Endesa à Madrid, en Espagne
Enfin, il y a un « petit » dernier : le Combined Charging System (CCS) développé par les industriels allemands et américains dont le standard développe une puissance de 40 à 50 kW en courant continu (DC). Evidemment, les prises au bout des câbles attachés à la station sont toutes différentes côté véhicule : type 2 pour le 43 kW AC, type 4 pour le CHAdeMO et Combo 2 pour le CCS. Pour faire face à ces nombreux standards, les équipementiers de bornes de recharge s’adaptent et proposent des solutions intégrant 2 voire 3 normes. La société française DBT CEV a ainsi conçu une borne tri-standard accueillant le CCS, le 43 kW AC et même le CHAdeMO. De quoi se tirer les cheveux pour un non-initié. Nissan, pas rancunier, proposera – comme en France – d’équiper ses stations d’un 2e câble pour délivrer soit du 43 kW AC « français », soit du 50 kW DC « allemand » …