Le véhicule électrique ? Un désastre pour l’emploi, selon un syndicat

Publié le 10 avril 2018 à 13h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes

Selon le leader d’un syndicat de Hyundai Motor, le développement de la voiture électrique pourrait supprimer 30 000 postes chez le sud-coréen d’ici 15 ans

Ha Bu-young, le leader du syndicat de Hyundai Motor, a récemment déclaré auprès de l’agence Reuters que les véhicules électriques entraîneront une disparition massive des emplois dans les usines automobiles.

 

Mauvais ? Les véhicules électriques le sont. C’est en tout cas ce que pense Ha Bu-young, le chef du puissant syndicat de Hyundai Motor, qui s’est récemment confié à l’agence Reuters.  « Les voitures électriques sont un désastre (…) Nous sommes très nerveux », a-t-il dit. Une opinion pour le moins tranchée alimentée par la crainte d’une fin annoncée d’un âge d’or de l’industrie automobile sud-coréenne.

En cause, la probable arrivée massive sur le marché mondial des modèles à batteries, beaucoup plus simples à fabriquer et qui, surtout, ne nécessitent pas beaucoup de main-d’œuvre, contrairement aux modèles thermiques conventionnels.  Rien que chez Hyundai, 70 % des salariés pourraient ainsi perdre leur travail au cours des 15 prochaines années, a déclaré M. Ha, soit environ 30 000 postes supprimés.

 

De nouvelles méthodes de fabrication réclamées

Un modèle « zéro émission » demande bien sûr de la main-d’œuvre pour la fabrication de sa batterie, ses trains roulants, sa carrosserie et son habitacle. En revanche, sa chaîne de traction est plus simple que celle d’un véhicule thermique. Or cette absence apparente de sophistication se répercute négativement sur le nombre d’ouvriers qualifiés requis pour la fabrication des voitures, qui deviennent de moins en moins indispensables sur les lignes d’assemblage.

Pour contrer cette tendance, M. Ha a proposé de mettre en place des comités au sein des entreprises automobiles qui seront chargées d’examiner l’impact des nouvelles technologies sur l'emploi, mais surtout d’imaginer d’ores et déjà des méthodes de fabrication innovantes qui ne nécessitent pas ou peu une réduction d’effectif.

 

Des inquiétudes injustifiées ?

Si l’inquiétude du syndicat de Hyundai sur les pertes d’emplois est légitime, la démarche de défendre des acquis économiques et sociaux en transformant les véhicules à batteries en boucs émissaires est plutôt surprenante. D’une part, le constructeur qui a lancé en 2016 sa gamme Ioniq déclinée versions électrique, hybride et hybride rechargeable, va livrer dès l’été 2018 un nouveau modèle « zéro émission » : le Kona.

Des véhicules qui sont toutefois assemblés au compte-goutte, ne satisfont pas la demande grandissante et sont encore très loin de faire de l’ombre à leurs équivalents thermiques. D’autre part, les dirigeants de la compagnie ont une nouvelle fois réitéré leur confiance dans la technologie des véhicules à pile à combustible (hydrogène), pourvoyeuse de main-d’œuvre. La démarche de Ha Bu-young a au moins le mérite d’interroger sur le futur des usines et la place de l’homme sur les chaînes d’assemblage.

Mathieu PARAIN

Passionné par les motorisations alternatives et attentif à l’impact des normes d’émissions sur le secteur automobile, Mathieu a débuté sa carrière de journaliste en Suisse avant de rejoindre la place de marché dédiée aux véhicules électriques et hybrides.



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