Voiture hybride : la fin du bonus va-t-elle tuer le marché en France ?
Publié le 28 novembre 2016 à 07h00 | Fabrice SPATH | 4 minutes
Voiture hybride la plus vendue en France, la citadine Toyota Yaris Hybrid représente 60 % des ventes du modèle
Longtemps soutenu par l’Etat, le marché des véhicules hybrides ne devrait plus bénéficier d’aucune aide à l’achat au 1er janvier prochain. Si le montant forfaitaire du bonus ne s’élevait qu’à 750 euros, la coupe budgétaire pourrait toutefois nuire aux constructeurs de modèles à double motorisation, Hyundai/Kia et Toyota/Lexus en tête. Au profit de l’électrique mais peut-être aussi du diesel dont l’ensemble des polluants ne sera toujours pas pris en compte par le bonus-malus 2017.
Un marché hybride devenu mature
Le bonus « écologique » en faveur des voitures hybrides vit ses derniers jours. D’un montant maximal de 4 000 euros en 2008, l’aide à l’achat a progressivement fondu pour atteindre 3 300 euros en 2014, 2 000 euros en 2015 et enfin 750 euros forfaitaires cette année. Dès 2014, Emmanuel Macron alors Ministre de l’Economie annonçait la fin progressive de la subvention, le marché de l’hybride ayant atteint un degré de maturité supérieur à celui de la voiture électrique. Deux ans après sa conférence de presse tenue en compagnie de la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, M. Macron a quitté la tête du ministère mais l’esprit de sa proposition a été repris par son successeur. Au grand dam des constructeurs spécialisés dans la double motorisation …
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Considérée en Europe comme le parc automobile dont le taux de pénétration des hybrides est le plus élevé, la France a longtemps soutenu le développement des ventes. Des actions probablement guidées par le lancement d’une gamme complète de modèles hybrides diesel-électrique par le groupe PSA Peugeot Citroën mais aussi par la volonté de l’Etat de réduire progressivement les émissions de CO2 du secteur des transports en favorisant notamment les motorisations diesel qui, traditionnellement, sont moins émettrices que leurs homologues essence. Trop cher à dépolluer, le français PSA a dû néanmoins se résoudre à abandonner la technologie HYbrid4 en 2015 pour se concentrer sur l’électrique et l’hybride rechargeable dont les premiers modèles seront commercialisés en 2019.
Une absence de vision politique
Hasard du calendrier ou simple coïncidence, l’arrêt de la double motorisation Peugeot Citroën a coïncidé avec la fin de bonus pour les hybrides diesel-électrique. Une mesure qui a touché le suédois Volvo et son break V60 T5 et qui s’est accompagné d’une réduction significative du bonus « écologique ». D’un montant maximal de 2 000 en 2015, l’aide en faveur des voitures hybrides a ainsi été circonscrite en 2016 à un unique forfait de 750 euros pour les modèles émettant moins de 110 g de CO2/km. Réduite à peau de chagrin, la subvention avait au moins de mérite d’envoyer un signal positif aux consommateurs selon lequel l’hybride reste un véhicule vertueux. Mais sa suppression pure et simple attendue pour le 1er janvier prochain pourrait réduire à néant les efforts des constructeurs engagés dans cette voie.
Premier industriel concerné par cette coupe, le numéro 1 mondial Toyota et sa division premium Lexus se sont fait les chantres de l’hybride depuis le lancement de la première génération de Prius en 1997. Avec sa dizaine de modèles essence-électrique disponibles au catalogue français, les deux Japonais ont été rejoints par le groupe sud-coréen Hyundai Motor qui, avec sa berline IONIQ et son crossover Kia Niro – deux véhicules dédiés aux motorisations alternatives – sera également impacté par la fin du bonus. « Mauvais signal » pour le premier, « mesure anticipée » pour le second, cette initiative doit selon le législateur d’abord profiter aux électriques (6 000 euros d’aide en 2017) et, dans une moindre mesure, aux hybrides rechargeables (1 000 euros).
2016 : le TOP 5 des voitures hybrides en France
La restriction du bonus pourrait aussi détourner les acheteurs vers des modèles diesel plus faiblement impactés par le malus que leurs homologues essence grâce à des émissions de CO2 plus faibles mais dont les autres polluants (NOx et particules) ne seront toujours pas pris en compte par le barème 2017. Une absence de clairvoyance qui pourrait bien mettre un coup d’arrêt au marché et nuire aux constructeurs étrangers qui doivent composer avec des réglementations locales fluctuantes. Autre conséquence de l’arrêt de la subvention : l’impact sur la perception des véhicules hybrides qu’auront les consommateurs pour qui le bonus est désormais lié à des émissions polluantes réduites. Une absence de vision politique qui a déjà connu un précédent lors de la réduction de 4 000 à 1 000 euros du bonus pour les hybrides rechargeables. Malgré une offre grandement élargie en concessions, la coupe de 2016 a nui au dynamisme de ce marché pourtant florissant au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas.