Kia Soul EV : l’essai du premier crossover électrique (+ photos)

Publié le 29 septembre 2014 à 18h49 | Fabrice SPATH | 11 minutes

Premier crossover urbain électrique, la Kia Soul EV est un véhicule facile à vivre au quotidien

La Kia Soul EV est le premier véhicule électrique à vocation mondiale du constructeur sud-coréen. Commercialisée à partir du 4 octobre prochain, le crossover électrique affiche une autonomie réelle comprise entre 150 et 190 km, un moteur de 110 ch et un dispositif permettant de recharger la batterie sur une prise domestique ou une borne de recharge rapide (25 minutes). Son prix : 28 990 euros (bonus déduit et batterie incluse) ou 249 euros par mois. Essai détaillé de la Kia Soul EV sur les routes de la région Ile-de-France.

 

Premier crossover urbain 100 % électrique

Pour le lancement de sa première voiture électrique à vocation mondiale, Kia a vu les choses en grand : présentation de la Soul EV au Mondial de l’Automobile de Paris, commercialisation dans la foulée, centre d’essais éphémère à deux pas de l’Arc-de-Triomphe, campagne de communication mettant notamment en scène la saga « Hamsters », … La marque sœur du groupe Hyundai – cinquième constructeur mondial – n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2012, elle produit un petit monospace urbain, le Ray EV, un modèle 100 % électrique destiné au service d’autopartage de la ville de Séoul, en Corée du Sud. En France, Kia ne propose qu’un modèle à motorisation alternative, à savoir la berline hybride essence-électrique Optima. Dévoilée en février dernier au salon de Chicago, la Soul EV fera ses débuts européens à l’occasion du Mondial de l’Automobile de Paris.

>>>> découvrez également notre article Kia Soul EV : essayez-la à l’occasion du Mondial



 

Un design extérieur plus sobre que les homologues thermiques

Extérieurement, la Kia Soul électrique reprend les attributs atypiques de ses sœurs thermiques de seconde génération commercialisée sous nos latitudes depuis le début de l’année. Dotée d’une carrosserie de crossover urbain, la Soul EV voit son design légèrement évoluer : hormis les teintes bicolores et les jantes alliage 16 pouces spécifiques (avec des pneus à très basse résistance au roulement), elle reçoit une calandre avant intégralement fermée intégrant une trappe pour la recharge. Les boucliers ont été redessinés ainsi que les feux arrière qui intègrent la technologie LED. Quant au toit, celui-ci est désormais en relief pour un meilleur aérodynamisme. Pour un œil non averti, seuls les badges Eco Electric présents sur les ailes avant et la malle arrière trahissent la présence d’un moteur électrique sous le capot. L’ensemble est fun et le style décalé est plutôt sympathique lorsque les premiers a priori sont mis de côté. Dans l’habitacle « aéré », l’assemblage est excellent et les matériaux utilisés de bonne facture (hormis sous la planche de bord où les plastiques sont moins avenants). Le traitement à base de laqué blanc présent sur le volant, la console centrale, le pommeau du levier de vitesses et les contre-portes égaie l’habitacle.

 

La Soul EV n’est pas un véhicule électrifié

Que les plus sceptiques se rassurent : la Kia Soul EV n’est pas un véhicule thermique électrifié à la va-vite. Son innovant chargeur embarqué permettant de recharger la batterie en 25 minutes ou en 9 heures sur une prise domestique, sa pompe à chaleur réduisant la consommation d’énergie des auxiliaires (chauffage et climatisation) et sa batterie à forte densité énergétique – 27 kWh vs 22 kWh sur une Renault ZOE – sont présents pour en témoigner. Considérée comme le premier SUV 100 % électrique du marché, la Kia Soul EV est animée par un moteur électrique développant 110 ch et un couple maximale de 285 Nm. Une puissance qui lui permet d’exécuter le 0 à 100 km/h en 11,2 s et d’atteindre la vitesse maximale de 145 km/h (limitée électroniquement). Disponible en deux finitions baptisées EV et EV Ultimate, la Soul électrique est affichée à partir de 28 990 euros, bonus « écologique » de 6 300 euros déduit et batterie incluse. A titre de comparaison, la berline compacte Nissan LEAF en finition intermédiaire Visia Pack est commercialisée au prix de 24 690 euros, bonus déduit (achat intégral, donc batterie incluse). Quant à la citadine Renault ZOE, son tarif démarre à 15 600 euros avec le bonus (location de la batterie à partir de 59 euros/mois en sus). Pas forcément bon marché, la petite Kia dispose toutefois d’une offre en location longue durée (LLD) plutôt attractive (à partir de 249 euros/mois, après un apport de 2 900 euros).

 

Equipements : une dotation de série très riche

Bien installé, le conducteur profite d’une position de conduite haute : l’appellation crossover de la Soul n’est donc pas usurpée. Doté de la finition supérieure EV Ultimate, notre véhicule d’essai dispose de très nombreux équipements de série : un volant cuir multifonction chauffant dont les nombreuses touches nécessitent un certain temps d’adaptation, des sièges avant et arrière chauffants (ventilés à l’avant) habillés par une sellerie cuir, un écran tactile 8 pouces intégré à la console centrale, l’allumage automatique des feux, le régulateur de vitesse, une caméra de recul associée à des radars de stationnement avant et arrière, … Grâce au système de démarrage sans clé, le conducteur n’a plus qu’à appuyer sur le bouton Power du véhicule. Comme toutes les voitures électriques, la Kia Soul EV démarre en silence. Bien insonorisé, le crossover électrique diffuse un léger sifflement artificiel pour alerter les piétons et les cyclistes. Fonctionnant jusqu’à 20 km/h, le bruiteur n’est pas audible dans l’habitacle. En mettant la marche arrière, la Soul émet un léger bip-bip pour attirer l’attention des passants lors des manœuvres. Un concept repris de la Nissan LEAF et qui, combiné à la caméra de recul, est indispensable tant le manque de visibilité arrière est patent.

 

Un crossover électrique au comportement agile

Premiers tours de roues … La Soul EV ne déçoit pas : son moteur électrique de 110 ch distille des accélérations franches et linéaires, à l’instar de tous les modèles électriques du marché. Par rapport à ses sœurs thermiques essence et diesel, la version électrique a pris de l’embonpoint en raison de sa batterie (277 kg). Les ingénieurs ont donc revu l’amortissement – moins ferme que les thermiques – et ont rigidifié la caisse. Grâce à la batterie installée sous la banquette 3 places arrière – celle-ci est légèrement rehaussée –, le centre de gravité du crossover urbain est plus bas. Un atout qui, associé à une meilleure rigidité, profite à la stabilité de la Soul électrique. En malmenant le véhicule dans des virages serrés, celui-ci perd un peu de son agilité et prend facilement du roulis. Néanmoins, rien de rédhibitoire au quotidien. Seul bémol : quelques bruits parasites font leur apparition sur chaussées dégradées. Dotée de trois niveaux d’assistance de direction sélectionnable – Normal, Confort et Sport –, la sud-coréenne intègre également un mode B (« Brake ») sur le sélecteur de « vitesses » qui amplifie la récupération d’énergie cinétique au freinage. En utilisant ce mode, le frein moteur est plus puissant que sur le mode classique D (« Drive »).

 

Une autonomie moyenne réelle de 160 km

Durant notre essai de 84 km combinant ville, route et autoroute, nous n’avons pas ménagé notre véhicule. Accélérations vives aux feux tricolores, roulage à 130 km/h sur une vingtaine de kilomètres, utilisation de la climatisation, … A l’arrivée, l’ordinateur de bord annonçait une autonomie restante de 77 km soit une autonomie totale affichée de quelques 161 km. Selon le cycle NEDC (New European Driving Cycle) très favorable aux modèles électriques et hybrides, la Kia Soul EV affiche une autonomie de 212 km. En conditions normales d’utilisation, comptez sur 130 à 190 km (fonction du style de conduite, du type de parcours et de l’utilisation des auxiliaires). Bien servie par une capacité de batterie plus importante que celle présente à bord d’une Renault ZOE (27 kWh vs 22 kWh), la Soul électrique affiche une autonomie totale supérieure à la française. Toutefois, son design moins aérodynamique la pénalisera probablement sur de longs parcours sur voies rapides. Par ailleurs, la fonction « Driver Only » – possibilité d’activer la climatisation individuelle pour le seul conducteur et donc de limiter la consommation d’énergie – et la pompe à chaleur maximisent l’autonomie. Enfin, la fonction Mode Eco matérialisée par un bouton situé sous le levier de vitesses peut être désactivée pour profiter pleinement de la puissance disponible. 

 

Un véhicule facile à vivre au quotidien

Si la Kia Soul EV dispose d’excellentes qualités techniques, elle sait également être facile à vivre au quotidien. Son écran tactile 8 pouces installé sur la console centrale, sa navigation par GPS incluant 7 ans de mises à jour, son système de préconditionnement de l’habitacle pendant que le véhicule est branché sur le secteur – programmation de la climatisation ou du chauffage – ou encore l’assistance au démarrage en côte font de la Soul EV un véhicule agréable à conduire et à utiliser au quotidien. Sur notre version d’essai haut de gamme, la Kia intègre même une troisième prise 12 V dans le coffre, très utile pour brancher une glacière le week-end ou sur la route des vacances. Dotée d’une banquette arrière 60/40, la Soul EV dispose également d’un double plancher sous lequel vous trouverez deux compartiments, dont l’un recevant le câble pour la recharge. Toutefois, nous avons noté deux bémols au sujet du coffre : son volume est amputé de 60 litres par rapport à une Soul thermique pour faire place à la batterie (281 litres au total) et la banquette rabattue ne permet pas de disposer d’un plancher plat pour cette même raison. Sur une LEAF, le volume atteint 355 litres contre 338 sur une Renault ZOE.

 

Bornes de recharge et temps de charge

Avec une grande capacité de batterie (27 kWh) offrant une autonomie plus importante, la Kia Soul EV nécessite un temps de charge plus important que sur une Renault ZOE (22 kWh) ou une Nissan LEAF (24 kWh). Encore une fois, les ingénieurs sud-coréens ne se sont pas contentés d’électrifier leur petit crossover. Si les possibilités de charge ne sont pas aussi étendues que sur la ZOE – de 2,3 kW à 43 kW –, la Soul EV se recharge en :

  • 25 minutes sur une borne de recharge rapide délivrant 100 kW (courant continu DC)
  • 33 minutes sur une borne de recharge rapide délivrant 50 kW (courant continu DC)
  • 5 heures sur une Wallbox résidentielle délivrant 7 kW (courant alternatif AC)
  • 8 heures sur une Wallbox résidentielle délivrant 3 kW (courant alternatif AC)
  • 10 heures sur une prise domestique standard (2,3 kW limité à 10 A, courant alternatif AC)

Les stations de charge rapide délivrant 100 kW de puissance étant quasiment inexistantes en Europe, Kia s’est engagé dans un vaste programme de déploiement. Sur les prochains mois, 235 bornes de ce type seront installés en Europe (lire notre article à ce sujet). En attendant, les propriétaires pourront faire le plein sur l’une des 250 bornes rapides 50 kW installées par Nissan dans l’Hexagone. Livrée de série avec un câble de charge doté d’un boîtier de régulation, la Soul EV peut également se brancher sur n’importe quelle prise de courant domestique. Depuis l’habitacle, le conducteur ouvre la trappe située sur la calandre. Deux prises y sont installées : une première pour la charge « normale », une seconde pour la charge « rapide ».

 

Bilan de l’essai, prix et concurrence

L’essai de cette Kia Soul EV fut une excellente surprise : look atypique, autonomie au-dessus de la moyenne, recharge facilitée, … Agréable à vivre au quotidien, le premier crossover urbain électrique dispose par ailleurs d’un atout de taille : il est garanti 7 ans ou 150 000 km, à l’instar des autres modèles de la marque. Dans une configuration achat intégral, le prix de la Soul EV est toutefois plus élevé que la moyenne : 28 990 euros pour le niveau EV, 30 490 euros pour le niveau EV Ultimate (boni de 6 300 euros déduits). Une Nissan LEAF s’annonce plus compétitive et ne demandera « que » 24 690 euros pour une finition intermédiaire. Les offres en location longue durée s’avèrent nettement plus attractives : 249 euros/mois pour le premier niveau, 279 euros/mois pour le second (LLD avec premier apport de 2 900 euros, sur 36 mois incluant 37 500 km). Au sein de la gamme, la Soul animée par le diesel 1,6 CRDi de 128 ch en finition intermédiaire L s’affiche à 21 800 euros, malus de 150 euros compris. Pour 10 000 km par an, la version thermique vous coûtera 700 euros pour le gasoil (5,5l/100 km et 1,3 euro/l), l’électrique 200 euros (2 euros les 100 km). Sachant que le modèle électrique ne nécessitera ni vidange, ni changement de courroies et d’embrayage, la Kia Soul EV peut s’avérer un investissement intéressant à moyen terme, surtout pour les entreprises (exonération totale et à vie de la TVS). A condition que l’autonomie corresponde à vos besoins de mobilité.

Galerie de photos

Les plus

  • autonomie en hausse
  • facilité de recharge
  • habitabilité et confort
  • équipements de série
  • garantie 7 ans

Les moins

  • volume du coffre amputé par la batterie
  • visibilité arrière lors des manœuvres
  • prix "achat intégral" dissuasif
  • absence de stations de charge 100 kW

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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