Cadillac ELR : premier essai du coupé luxe hybride (+ photos)

Publié le 11 mai 2014 à 10h55 | Fabrice SPATH | 8 minutes

Commercialisée aux Etats-Unis depuis décembre 2013 au prix de 75 000 dollars, la Cadillac ELR devrait être disponible en France d’ici l’été 2015

Le coupé Cadillac ELR semble tout droit sorti d’un salon automobile : ses lignes racées et sportives n’ont pas grandement évoluées depuis la présentation du concept Conjerv à Détroit en 2009. Sous le capot, on retrouve une technologie déjà installée sur les sœurs jumelles Chevrolet Volt et Opel Ampera, les 3 marques appartenant au même groupe General Motors : l’électrique à prolongateur d’autonomie. Le mois dernier, nous avons eu le privilège de réaliser un essai de 400 km au volant de cette très exclusive Cadillac ELR. Verdict sur les routes de la Belle Province québécoise …

 

Cadillac ELR / Chevrolet Volt : différences et similitudes

Issue du concept Cadillac Conjerv présentée à Détroit en 2009, le coupé ELR hybride rechargeable tient une place à part dans l’univers des véhicules hybridés ou électrifiés de luxe. Mais peut-on réellement parler d’hybride rechargeable ? Pas vraiment, puisque le moteur électrique intégré au groupe motopropulseur (GMP) étant le seul à tracter le véhicule, le moteur thermique faisant office de générateur pour alimenter en électricité le moteur électrique et la batterie logée sous le plancher du coffre arrière. Hérité de la Chevrolet Volt, le GMP baptisé Voltec est composé :

  • d’un moteur électrique développant une puissance de 207 ch (couple de 400 Nm)
  • d’un moteur thermique essence Ecotec 4 cyllindres 1,4l de 86 ch
  • d’une batterie Lithium-Ion d’une capacité de 16,5 kWh (vs 22 kWh sur une Renault ZOE)



Contrairement à un véhicule hybride rechargeable dont le moteur thermique prend le relais pour mouvoir le véhicule lorsque les batteries alimentant le moteur électrique sont vides, un véhicule électrique à prolongateur d’autonomie – à l’instar de cette Cadillac ELR – n’est tracté que par le moteur électrique, le thermique étant réduit au rôle de génératrice de courant. Toutefois, dans certaines conditions – notamment à vitesse stabilisée –, le moteur essence de la Cadillac ELR peut entraîner les roues. Au final, si vous avez déjà testé une Opel Ampera ou une Chevrolet Volt, vous ne serez pas dépaysé côté technologie. Pour autant, ne vous méprenez pas : la Cadillac ELR n’est pas une Volt ou une Ampera en costume du dimanche : General Motors assure que 80 % des composants lui sont propres.

 

Un coupé électrique 2 + 2 très exclusif

La Cadillac ELR est un véritable coupé 2 + 2 : exit donc les portes latérales arrière des Ampera/Volt. Toute comparaison avec les berlines de luxe Tesla Model S 100 % électrique et Porsche Panamera S E-Hybrid hybride rechargeable devient également superflue. Le coupé ELR est un véhicule électrique à prolongateur d’autonomie, exclusif, très exclusif même. Son style, qui n’a pas été grandement retouché depuis le concept Converj, est spectaculaire … voire provoquant. Avec sa ligne racée et sportive, l’ELR fait tourner les têtes des passants croisés lors de notre essai. Alors que les modèles 100 % électriques attirent essentiellement le regard pour leur absence d’émissions sonores, la Cadillac ELR provoque la curiosité par son design.


La face avant chromée reconnaissable entre toutes – intégrant des volets actifs qui s’ouvrent ou se ferment pour faciliter le refroidissement du moteur Ecotec –, les optiques avant de toute beauté ainsi que les gigantesques jantes de 20 pouces font de la Cadillac ELR un véhicule d’exception. Dans l’habitacle, la qualité des matériaux et leur assemblage sont excellents : boiseries véritables, plastiques laqués noir façon piano, fibre de carbone, sièges baquet cuir pleine fleur cousus main, … Pour accéder à ce luxueux écrin, il nous a suffi d’actionner les poignées de portes dissimulées dans la carrosserie. On se sent privilégié en accédant au poste de conduite, même si la surabondance de boutons et le système multimédia Cadillac CUE à écran tactile nécessite un temps d’adaptation.

 

Un parcours mixte de 400 km et une moyenne de 5,5l/100 km

Sur les 400 km que nous avons parcourus avec ce magnifique coupé électrique à prolongateur d’autonomie, le confort était de mise sur tous types de revêtements, même si les jantes alliage en 20 pouces nous faisaient craindre le pire pour nos vertèbres. Confortablement installés, vous apprenez à « piloter » la Cadillac ELR au travers de 4 modes de conduite :

  • Tour Mode : mode par défaut tirant le meilleur parti du groupe motopropulseur
  • Hold Mode : maintient le moteur thermique à régime constant pour alimenter le moteur électrique et ne pas entamer les capacités de la batterie
  • Mountain Mode : fonction quasi équivalente à la précédente permettant de ne pas consommer l’énergie contenue dans la batterie lors des montées
  • Sport Mode : mode qui réduit le temps de réponse de l’accélérateur et adapte les suspensions à une conduite plus dynamique


Même si l’ELR dispose d’un mode Sport, d’une puissance de 207 ch et d’un généreux couple de 400 Nm, le coupé n’est pas une sportive. En mode 100 % électrique, les accélérations sont franches et linéaires mais sont très loin de la performante berline électrique Tesla Model S. D’ailleurs, ce n’est pas la philosophie recherchée par Cadillac : l’ELR est un coupé 2 + 2 aux places arrière et au coffre étriqué (255 l), un modèle adapté à un couple aisé à la recherche d’un véhicule exclusif.

 

A partir de 54 500 euros, hors « bonus »

Pour qui a déjà essayé une Chevrolet Volt ou une Opel Ampera, les sensations et les performances sont, à peu de choses près, les mêmes : démarrage en mode électrique avec une autonomie de 40 à 60 km, autonomie combinée électrique + thermique de près de 500 km. Plus puissante, l’ELR accélère plus fort en exécutant le 0 à 100 km/h en 8 secondes, soit 1 seconde de mieux que ses petites sœurs. Ces dernières disposent toutefois d’une autonomie électrique et combinée supérieure : jusqu’à 80 km et 600 km. Côtés consommations, la Cadillac ELR s’est « contentée » de 5,5l/100 km sur notre parcours composé de ville, route et autoroute, le tout avec une seule charge, soit environ 45 km en mode électrique et 355 en mode « prolongateur d’autonomie. Grâce à sa suspension pneumatique, le confort est royal sur autoroute. En conduite plus virile, le poids de la batterie installée dans le coffre rappelle par moments que l’ELR n’est pas une sportive. Bonus par rapport à la Volt : comme sur une smart fortwo ED électrique, la Cadillac dispose de palettes au volant qui permettent de récupérer davantage d’énergie lors des phases de décélérations, ce sans toucher à la pédale de frein.

Reste l’épineux sujet du prix : affiché à partir de 75 000 dollars – la version haut de gamme atteint 82 135 dollars, hors aides fédérales ou locales aux Etats-Unis –, l’ELR vend cher ses prestations. Et même si General Motors avance que 80 % des composants lui sont exclusif, on ne peut s’empêcher de penser à la Chevrolet Volt – véhicule hybride rechargeable le plus vendu outre-Atlantique – et à ses 34 185 dollars … Entre les deux véhicules, l’architecture Delta II de GM est commune et le groupe motopropulseur est similaire. Mais la comparaison s’arrête ici : l’exclusivité, la finition et les matériaux luxueux de la Cadillac font grimper les prix. Présentée à 3 reprises sur le Vieux Continent – éditions 2013 et 2014 à Genève, édition 2013 à Francfort –, la Cadillac ELR devrait arriver sous nos latitudes d’ici l’été 2015. Enfin, concernant la recharge, le coupé « hybride rechargeable » se branche sur une Wallbox ou une borne de recharge 3 kW (4,5 heures) et sur une prise domestique standard type E/F 230 V (prise « grand-mère » en 7h).

 

Bilan de l’essai

Produit sur le site GM Hamtramck à Détroit depuis la fin 2013, le coupé Cadillac ELR cumule les superlatifs : exclusive, sans concurrent, luxueuse, sobre dans sa consommation d’essence, … Ce véhicule à prolongateur d’autonomie, plus lourd de 131 kg, plus long de 226 mm et plus large de 59 mm qu’une Chevrolet Volt fait payer cher cette exclusivité. Même si le confort y est royal, les consommations réduites et les performances honorables, 75 000 dollars – soit 54 500 euros – est un prix excessif par rapport à la Chevrolet Volt dont la technologie Voltec est issue (à partir de 24 840 euros, hors aides fédérales et locales).

Avec un poids de 1 846 kg à vide et un réservoir à carburant de seulement 35,2l, la Cadillac ELR fait moins bien en consommation et en autonomie qu’une Opel Ampera, la version européanisée de la Volt. On se consolera par les nombreuses petites attentions présentes dans l’habitacle ainsi que par un niveau de finition qui frise le sans-faute : dispositif Onstar d’appel d’urgence en cas de crash (gratuit pendant 3 ans), alerte de prévention des collisions et avertisseur de sortie de voie (via des vibrations du siège conducteur), régulateur de vitesse adaptatif, personnalisation du confort des suspensions, système audio Bose, sièges électriques et chauffants, caméra de recul, personnalisation de l’ambiance lumineuse dans l’habitacle, … Associés à des garanties de nature à rassurer les plus anxieux – 6 ans ou 70 000 km sur la chaîne de traction, 8 ans ou 100 000 km sur la batterie –, ces équipements feront du propriétaire d’une ELR un homme/une femme heureux(se). Heureux et fortuné …

Galerie de photos

Les plus

  • lignes racées et sportives
  • comportement routier sain
  • équipements de série pléthorique
  • niveau de finition premium

Les moins

  • prix (à partir de 54 500 euros)
  • habitabilité places arrière
  • volume du coffre (255l)
  • moteur 4 cylindres d'un autre âge

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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