Cobalt : la République du Congo veut sa propre usine de batteries

Publié le 30 mai 2022 à 07h04 | Fabrice SPATH | 3 minutes

Les gisements en cobalt de la République démocratique du Congo (RDC) sont estimés à environ 3,4 millions de tonnes

MATIERES PREMIERES – Pointées du doigt pour leurs conditions de travail et l’emploi de main d’œuvre infantile, les exploitations minières de la République démocratique du Congo (RDC) ont fini par être boycottées par de nombreux constructeurs automobiles. Premier producteur mondial de cobalt, le pays ambitionne désormais de créer une filière destinée à approvisionner sa propre usine de batteries.


Indispensables à la fabrication de batteries embarquées dans les véhicules électriques et hybrides rechargeables, les métaux tels que le lithium, le cobalt ou encore l’aluminium sont soumis à d’importantes fluctuations sur les marchés. Avec un plus haut à 95 574 dollars en mars 2018, la tonne de cobalt coûtait 74 918 dollars fin de semaine dernière après être redescendue à 26 267 dollars en juillet 2019. Le cours du carbonate de lithium a quant à lui quintupler entre juillet 2021 (90 789 dollars) et le 26 mai dernier (453 947 dollars).

 

Usine de production de cathodes dès 2023

Dans ce contexte de tensions et de demande croissante, la République démocratique du Congo (RDC) ambitionne de créer une véritable filière batterie d’ici la fin de la décennie, en troquant son rôle de fournisseur en matières premières contre celui d’un acteur incontournable dans l’exploitation minière et dans la valorisation de ses produits. Premier producteur mondial de cobalt – les sols du sud du pays en renfermerait environ 3,4 millions de tonnes –, la RDC extrait également du manganèse depuis près de 40 ans et souhaite exploiter du nickel et du lithium dont les gisements ont été récemment découverts.

Interrogé sur sa nouvelle stratégie par l’hebdomadaire allemand Handelsblatt, le ministre de l’Industrie Julien Paluku Kahongya a confié que la RDC souhaite s’assurer une part plus importante dans la création de valeur sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en métaux, de l’exploitation à la production de cellules pour batteries dont la première usine devrait être opérationnelle avant la fin de cette décennie. Un projet qui pourrait voir le jour grâce aux apports financiers d’industriels occidentaux ou asiatiques – à l’image de l’allemand R. Bosch ou du chinois CATL – mais qui sera devancé par la construction d’un site de confection de cathodes dont la mise en service est attendue courant 2023.

Batteries : la pénurie de cobalt nuira-t-elle au véhicule électrique ?

 

Conditions de travail et concurrence des batteries LFP

Longtemps critiquée pour son inaction concernant la sécurité et plus généralement les conditions de travail des mineurs – les ONG n’hésitant pas à qualifier l’attitude des concessionnaires souvent chinois de « colonialiste » – , les risques environnementaux et l’emploi de main d’œuvre infantile, la RDC a fini par être boycottée en 2021 sous la pression de l’opinion publique et des ONG par de nombreux industriels parmi lesquels BMW, BASF, Samsung SDI ou encore le groupe Volkswagen.

Indispensable à la confection de certains accumulateurs au lithium (chimies NCA nickel-cobalt-aluminium et NCM nickel-cobalt-manganèse), le cobalt a pourtant fini par être abandonné par l’américain Tesla sur sa familiale électrique Model 3 à propulsion qui embarque depuis près d’un an une batterie à technologie LFP (lithium-fer-phosphate) issue des usines du géant chinois CATL. Au premier trimestre 2022, le constructeur qui a récemment transféré son siège social au Texas dévoilait que près de la moitié de sa production était équipée de cette technologie, moins sensible aux fluctuations de prix sur les marchés.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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