Bus hybrides : un point sur les villes, constructeurs et technologies

Publié le 31 mai 2014 à 14h49 | Fabrice SPATH | 6 minutes

L’un des premiers bus hybrides Man intégrés à la flotte de la RATP, à Paris. Il y a peu, Heuliez a remporté un marché de 250 bus hybrides diesel-électrique

En France, la récente actualité a démontré que les pouvoirs publics étaient divisés quant à la technologie embarquée dans les autobus assurant un service public de transport : bus hybride ou bus électrique ? Tandis que dans les grandes métropoles chinoises, les bus 100 % électriques sont devenus la norme, l’Hexagone opte pour des bus hybrides associant un moteur diesel à un moteur électrique. Une étape intermédiaire avant le tout électrique qui nécessite la mise en place d’une infrastructure de recharge. Un choix partagé par la majorité des opérateurs de transports dans le monde.

 

Bus hybrides ou bus électriques ?

En mars dernier, Pierre Mongin – PDG de la RATP – avait confié lors d’une interview donnée au journal Le Monde : « Je souhaite qu'à l'horizon 2025 l'ensemble du parc de bus soit électrique ». 100 % électrique ? Pas vraiment, puisque le patron du plus important opérateur de transport en France parlait de bus hybrides. A la différence d’un bus 100 % électrique mû exclusivement par un ou plusieurs moteurs électriques alimenté par une importante batterie de technologie lithium-ion, le bus hybride intègre un groupe motopropulseur associant majoritairement un moteur diesel à un ou plusieurs moteurs électriques alimentés par une batterie de plus faible capacité. L’utilisation de cette terminologie n’est pas anodine, à un moment où la mesure de circulation alternée entrait en vigueur – le 17 mars 2014 très précisément – à Paris et où les véhicules à motorisation diesel étaient pointés du doigt pour leurs émissions de particules fines.


L'un des 102 Heuliez Access'Bus GX 427 Hybrid en service à Dijon (Région Bourgogne) - Crédit Photo : www.lineoz.net

 

7 constructeurs de bus hybrides présents en France

En France, les bus à technologie hybride ont fait leur apparition dans les métropoles à partir de 2009, d’abord sous la forme d’expérimentations puis par l’intégration de plusieurs centaines d’unités. A ce jour, 7 constructeurs ont déployé leurs bus hybrides diesel-électrique sur plusieurs sites ou agglomérations :

  • Irisbus avec ses modèles Citelis 12 et 18 (en Ile-de-France et à Lyon)

  • Heuliez Bus avec ses modèles GX 327 Hybrid et GX 427 Hybrid (sur l’Ile de La Réunion, à Bordeaux, Dijon, Arcachon, Poitiers, Toulon et, dernièrement, en Ile-de-France)

  • Man avec son modèle Lion’s City Hybrid à Lyon et en Ile-de-France

  • Mercedes avec son Citaro BlueTEC Hybrid à Marseille

  • Solaris avec ses modèles Urbino 12 et 18 Hybrid à Strasbourg, Toulon et Coulommiers

  • Van Hool avec son A330 Hybrid à Beauvais

  • Volvo avec son modèle 7700 Hybrid à Lyon

 

Ile-de-France : 600 bus hybrides d’ici la mi-2016

En région Ile-de-France, la RATP et le STIF – Syndicat des Transports d’Ile-de-France – ont fait l’acquisition de 15 bus Lion’s City Hybrid du constructeur Man, filiale du groupe allemand Volkswagen. La mutation de parc de la RATP est accélérée par une réglementation empêchant les opérateurs de transport sur la région de faire l’acquisition de bus à motorisation 100 % diesel, au profit de l’hybride. Objectif affiché par le STIF : d’ici la mi-2016, 600 bus thermiques auront été remplacés par des bus hybrides. Dernière annonce en date sur la région : le constructeur français Heuliez Bus qui a remporté il y a quelques jours un marché portant sur la fourniture de 250 bus hybrides diesel-électrique. L’engouement pour cette technologie, à mi-chemin entre le thermique conventionnel et l’électrique pur, a plusieurs explications :

  • des coûts d’utilisation inférieurs aux modèles existants (jusqu’à - 35 % de consommation)

  • des émissions de CO2 en recul grâce à l’utilisation du moteur électrique à l’arrêt et dans les phases de décélération et d’accélération

  • un niveau sonore inférieur favorisant le confort des passagers et ceux des résidents à proximité de la ligne



L'un des 30 Heuliez Bus GX 327 en service dans la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) - Crédit Photo : www.zatras.com

 

Près de 200 bus hybrides déployés en France

En France, la Région Ile-de-France n’est évidemment pas la seule à avoir adopté des bus hybrides. La communauté d’agglomération de Dijon appelé le Grand Dijon a conclu dès 2012 un Partenariat Public Privé (PPP) avec le constructeur Heuliez Bus et la banque Barclays. Le contrat porte sur la fourniture et la maintenance de 102 bus hybrides associant un moteur diesel à deux moteurs électriques alimentés par une batterie d’une capacité de 11 kWh logée sur le toit. L’ensemble de la flotte est opérationnelle depuis le second semestre 2013. A Bordeaux – CUB, Communauté Urbaine de Bordeaux –, le réseau TBC a intégré 30 bus du même constructeur qui a développé la technologie hybride en partenariat avec l’italien Iveco et le britannique BAE System. Ces deux flottes sont gérées par l’opérateur Keolis qui, de fait, devient le premier exploitant de bus hybrides en France. Plusieurs agglomérations dont Lyon, Lorient, Orléans ou Strasbourg expérimentent des bus à double motorisation, une étape précédant leur acquisition et leur intégration dans la flotte de ces villes.


Un bus hybride diesel-électrique du constructeur Nova en circulation dans l'agglomération de San Francisco (Californie, Etats-Unis)

 

L’hybride rechargeable avant le tout électrique

Toutes les grandes métropoles au monde ont opté depuis quelques années déjà pour des bus hybrides : en Allemagne, en Suède, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Colombie, au Canada, aux Etats-Unis, … Seule la Chine est directement passée au tout électrique. A Bogota (Colombie), la ville a fait l’acquisition de 200 bus hybrides de marque Volvo, un modèle produit en Brésil puis assemblé en Colombie. A Stockholm, la ville vient d’annoncer l’intégration de 52 bus hybrides Man Lion’s City Hybrid à compter de juin 2014. A Londres, plus de 300 bus hybrides – simples et à double étages – sont en circulation. Ces derniers ont été progressivement intégrés à partir de mars 2006. Aux Etats-Unis, une centaine de villes ont adopté des bus hybrides diesel-électrique grâce au financement apporté par le gouvernement fédéral. Certaines villes expérimentent depuis de nombreux mois des bus à motorisation hybride rechargeable dont les performances en mode 100 % électriques sont supérieures aux hybrides conventionnels. Grâce à une batterie de plus grande capacité et à un système de recharge rapide, les modèles rechargeables disposent d’une autonomie électrique supérieure à 10 km, des performances suffisantes dans un environnement urbain ponctué par de nombreux arrêts. A Hambourg (Allemagne), le constructeur Volvo va livrer d’ici la fin 2014 3 bus hybrides rechargeables disposant d’un système de charge rapide en 6 à 8 minutes, une infrastructure installée à chaque terminus. Le modèle Volvo, qui est expérimenté depuis 2010 à Göteborg (Suède), permet d’économiser jusqu’à 70 % de carburant par rapport à un modèle thermique.

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.



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