Bornes de recharge électrique : que cache le plan du groupe Bolloré ?

Publié le 08 décembre 2014 à 12h55 | Fabrice SPATH | 4 minutes

Des bornes de recharge Autolib’ installées sur la voirie à Paris

Des bornes de recharge Autolib’ installées sur la voirie à Paris

Le groupe Bolloré vient de déposer un dossier portant sur le déploiement de 16 000 bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables. 150 millions d’euros seront investis sur 4 ans pour installer 1 borne tous les 40 km environ. Une excellente nouvelle pour le marché mais qui reste toutefois en-deçà des attentes des utilisateurs : les bornes de recharge rapide ne sont a priori pas concernées par ce projet …

 

Groupe Bolloré : leader français de la recharge publique

Avancé au printemps dernier dans le cadre de la Loi facilitant l’installation de bornes de recharge par un opérateur national, annoncé par le Ministre de l’Economie Emmanuel Macron à l’occasion de la 3e Conférence environnementale, le projet d’une infrastructure de charge publique déployée par un opérateur privé a été confirmé ce matin par Bercy. Sans grande surprise, c’est le groupe Bolloré qui a le premier déposé son dossier de candidature, devançant ainsi le trio EDF/BMW/Renault qui avait un temps annoncé son intention de participer au déploiement national. Concernant cette candidature, les Ministères de l’Economie et de l’Ecologie se sont donnés jusqu’à fin janvier 2015 pour indiquer si le projet du groupe Bolloré est de dimension nationale, et donc s’il sera ou non exempté de la redevance au titre de l’occupation du domaine public. Pour rappel, la Loi du 4 août 2014 précise que la dimension nationale d’un opérateur est validée lorsque le projet concerne au moins deux régions au sens administratif du terme.

Bornes de recharge voitures électriques

 

Une borne de recharge tous les 40 kilomètres

Bercy et son chef de projet du plan industriel « Bornes électrique de recharge », Francis Vuibert, ont profité de ce dépôt de dossier pour annoncer la très prochaine mise à jour du « Livre Vert », guide de référence des collectivités et des acteurs économiques impliqués dans la filière du véhicule électrique. Rédigé sous la direction de Louis Nègre, sénateur UMP des Alpes Maritimes, et publié au printemps 2011, ce guide n’avait pas fait l’objet d’une réactualisation depuis. Concernant les 16 000 bornes déployées par le groupe de Vincent Bolloré, elles nécessiteront un investissement de 150 millions d’euros sur 4 ans, soit près de 9 400 euros par borne de recharge. Un montant unitaire qui comprend l’acquisition de la borne, son installation, sa maintenance et sa supervision. Pour maintenir l’objectif des 16 000 bornes sur 4 ans tout en maîtrisant ses coûts, le groupe Bolloré et ses différentes filiales – dont la société IER spécialisée dans les infrastructures de recharge – a opté pour des bornes de recharge « semi-accélérée ». Une solution délivrant une puissance de 7 kW qui permet de faire le plein d’une batterie de voiture électrique en 4-5 heures.

Bornes de recharge rapide

 

Les bornes de recharge rapide pas concernées par le projet

Selon des sources proches du dossier, « ne sont pas concernées par ce projet des bornes de recharge rapide ». Ces dernières permettent pourtant de recouvrer 80 % de l’autonomie d’un véhicule électrique en moins de 30 minutes. Très attendues par une grande partie des utilisateurs actuels, ces bornes rapides autorisent ponctuellement les déplacements supérieurs à 150 km, une distance que peuvent parcourir tous les modèles 100 % électriques actuellement sur le marché. Si les bornes « semi-accélérées » peuvent être satisfaisantes pour des stationnements de plusieurs heures, elles sont à très faible valeur ajoutée sur les grands axes routiers et autoroutiers. En outre, ces solutions peuvent concurrencer les bornes de recharge aux caractéristiques similaires déployées localement par les collectivités avec l’aide de l’ADEME et son Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI). Concernant ce point, Bercy assure pourtant que les bornes installées par les opérateurs dits « nationaux » seront complémentaires aux réseaux existants. Enfin, les Ministères ne précisent pas la nature de l’énergie qui sera employée pour la recharge des véhicules électriques. En Bretagne, l’ambitieux plan de déploiement prévoit ainsi d’alimenter les points de charge en électricité issue de sources renouvelables.

 

A RETENIR : le groupe Bolloré vient de déposer sa candidature concernant le déploiement de 16 000 bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables. L’investissement de 150 millions d’euros sur 4 ans ne concerne que des bornes « normales » et « semi-accélérées » permettant de faire le plein intégral d’une batterie entre 4 et 8 heures. Aucune borne de recharge rapide n’est à ce jour concernée par ce projet qui devrait être suivi par d’autres opérateurs dans les mois qui viennent.

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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