Diesel : 13 millions de véhicules menacés d’interdiction en Allemagne
Publié le 15 juin 2017 à 07h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Après Hambourg et Stuttgart, la ville de Munich envisage d’interdire quelque 170 000 véhicules diesel de son centre pour réduire la pollution atmosphérique
Plus de 13 millions de véhicules diesel pourraient prochainement être bannis des grandes métropoles allemandes. Après Hambourg et Stuttgart, c’est au tour de Munich de travailler à la mise en place d’une mesure de restriction de circulation. En cause : les niveaux élevés d’oxydes d’azote qui menacent la santé des habitants. Une démarche qui pourrait être adoptée par une vingtaine de villes dès la fin d’année.
170 000 diesels menacés d’interdiction …
Berceau du troisième constructeur automobile allemand, la ville de Munich mène une réflexion sur l’interdiction des véhicules diesel non-conformes à la norme antipollution Euro 6 (1er septembre 2015). Interrogé par la Süddeutsche Zeitung, le maire SPD Dieter Reiter a confié qu’il aimerait « ne pas avoir à prendre de telles interdictions, mais [qu’il] ne voit pas comment [la ville] pourrait faire autrement à l’avenir ». Une réaction intimement liée aux récentes révélations concernant les taux de concentration d’oxydes d’azote (NOx) dans la capitale bavaroise, des polluants issus de la combustion des moteurs diesel.
Siège de BMW, la ville de Munich s’apprêterait donc à bannir de ses rues – partiellement ou totalement – quelque 170 000 véhicules diesel (source WirtschaftsWoche). Dans un pays où les deux tiers du parc de BMW sont alimentés au gasoil, cette décision a fait réagir un porte-parole de la Chambre de Commerce de la ville pour qui l’interdiction pourrait menacer d’existence la moitié des entreprises de la métropole. Au contraire des associations environnementales qui ont salué la démarche et Greenpeace de déclarer : « Enfin un maire qui considère que la santé humaine est plus importante que laisser la voie libre au diesel sale. »
… et 13 millions dans l’ensemble du pays
Munich n’est pas la première ville allemande à souhaiter bannir les véhicules les plus polluants de son centre-ville. Hambourg a mené le même type de réflexion, de même que Stuttgart dont le maire écologiste Fritz Kuhn avait été qualifié d’irresponsable suite à l’officialisation de la démarche (lire notre article à ce sujet). Siège des groupes Daimler (Mercedes), Porsche et R. Bosch, la ville du Bade-Wurtemberg avait alors craint pour les emplois de la filière automobile. Des mesures restrictives qui, comme en France, sont moins dictées par des motivations partisanes que par une réglementation européenne limitant le taux de concentration des NOx. Des taux très régulièrement pulvérisés dans les grandes villes.
Des initiatives qui pourraient être reprises à leur compte par une vingtaine de villes si les juges du Tribunal administratif fédéral de Leipzig donnent un avis positif sur le droit des communes à restreindre la circulation. Un feu vert attendu l’automne prochain et qui, selon la puissante fédération d’automobile clubs ADAC, pourrait toucher jusqu’à 13 millions de véhicules diesel dans l’ensemble du pays. Une décision qui rejoindrait celle, moins coercitive, émise l’an dernier par le Conseil fédéral (Bundesrat) quant à l’interdiction à la vente de tout véhicule essence ou diesel en Allemagne à l’horizon 2030. Au profit des modèles électriques, hybrides rechargeables et à hydrogène (pour aller plus loin, lire notre article L’Allemagne prépare l’interdiction des véhicules essence et diesel).