Pour réduire la pollution, l'Allemagne propose la gratuité des transports
Publié le 17 février 2018 à 19h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes
Suite à la mise en demeure adressée par la Commission européenne au sujet de la pollution atmosphérique, l'Allemagne propose la gratuité des transports en commun
Le gouvernement allemand propose de rendre gratuit les transports en commun afin de réduire la pollution dans ses villes. Une proposition qui relève davantage d’une opération de communication destinée à convaincre la Commission européenne que d’une véritable stratégie de réduction des émissions polluantes dans ses centres urbains.
Le gouvernement allemand propose la gratuité des transports en commun afin de réduire la pollution dans les villes alors que la justice pourrait bientôt interdire les véhicules diesel dans de très nombreuses métropoles du pays. Avec cette mesure, l’Allemagne espère surtout convaincre Bruxelles de ne pas saisir la Cour européenne de justice à son encontre, comme il menace de le faire pour neuf pays au total, dont la France, accusés de dépasser régulièrement les limites d'émissions destinées à protéger la santé des Européens pour deux polluants clés : le dioxyde d'azote (NO2) et les particules fines (PM10). Dans un courrier adressé dimanche 11 février à la Commission Européenne, plusieurs ministres allemands, dont celle de l’Environnement, déclarent envisager instaurer « la gratuité des transports publics afin de réduire le nombre des voitures particulières » en circulation.
Inquiétudes face au passage à la gratuité
La mise en œuvre de ce nouveau programme gouvernemental verra le jour « au plus tard à la fin de l’année » selon la lettre et permettra à des centaines de milliers de personnes d’emprunter métros, bus ou trams sans aucune contrepartie financière. Ce passage à la gratuité devrait ravir de nombreux utilisateurs qui, dans certaines cités allemandes, peuvent débourser jusqu’à 2,90 euros pour un ticket à l'unité. Avant d’être éventuellement généralisé dans tout le pays, il sera d’abord testé dans quelques endroits à l’instar de Bonn, de Mannheim, ou encore Essen.
En Allemagne, pays où la voiture est reine, le nombre d'usagers des transports en commun n’a cependant cessé d’augmenter sur ces vingt dernières années. La Fédération allemande des entreprises de transports a enregistré 10,3 milliards de déplacements rien que pour l’an passé. De quoi fortement effrayer les communes qui redoutent d’être débordées par un flot soudain et considérable de nouveaux voyageurs avec l’instauration de la nouvelle mesure. Pour ces dernières, se pose aussi l'épineuse question du financement. Michael Ebling, président d'une fédération de régies communales, s’en est ouvertement inquiété : « Le gouvernement fédéral doit dire comment il veut financer cela », a-t-il déclaré.
Règles contraignantes pour les bus et les taxis
Berlin envisage par ailleurs de « fixer des règles contraignantes » aux bus et aux taxis pour qu'ils respectent des seuils de pollution. Une proposition qui aura nécessairement lui aussi un coût. Face à la grogne qui monte, les porte-paroles de la chancellerie et du ministère de l'Environnement tentent de minimiser la portée des propositions adressées à la Commission européenne, soulignant qu'il n'y avait ni projet concret, ni ville volontaire à l'heure actuelle.
« Nous n'avons nommé aucune commune qui veut introduire une telle offre gratuite. C'est aux communes elles-mêmes de décider si elles veulent essayer », a expliqué lors d'un point presse régulier le porte-parole du ministère de l'Environnement, Stephan Gabriel Haufe. « Nous sommes dans un processus de dialogue avec la Commission Européenne, la Commission voulait de nous une liste de mesures et c'est ce qu'on a fait », a relevé quant à lui Steffen Seibert, le porte-parole d'Angela Merkel. Et d’ajouter : « Avant tout, nous voulons maintenant entendre ce que la Commission européenne pense de ces mesures ».