Voiture électrique : la France courtise le californien Tesla Motors
Publié le 16 janvier 2017 à 12h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Produites dans l’usine californienne de Fremont, les Tesla Model S et X sont assemblées pour l’Europe sur le site néerlandais de Tilburg
Du gouvernement français à Strasbourg Eurométropole, en passant par Châteauroux Métropole, les pouvoirs publics français jouent la carte de la séduction auprès du constructeur spécialisé dans les véhicules électriques premiums. Avec pour objectifs d’attirer les investissements de l’américain et de créer des centaines d’emploi dans le cadre de l’implantation de la première Gigafactory européenne.
La région Alsace y croit
Le phénomène est né au printemps dernier lors du passage du grand patron de Tesla Motors dans les locaux du Service Center de Gennevilliers. En évoquant l’implantation en Europe de sa future usine de batteries Gigafactory, Elon Musk a confié que la région Alsace pourrait faire l’objet de futurs investissements. Des confidences que n’ont pas manqué de relayer nos confrères du blog Automobile-Propre et dont la brève a été largement reprise par les médias généralistes. D’une hypothétique implantation est née un engouement politique, tant au niveau national que régional.
En région Alsace, les villes de Mulhouse et de Strasbourg ont initié une première campagne de lobbying auprès de la firme de Palo Alto, tablant sur les origines régionales d’Olivier Loedel – actuel patron de la filiale française – et d’Alexandre Haag, fils aîné du brasseur Haag propriétaire de la marque Meteor et architecte du système de conduite autonome de Tesla dans la baie de San Francisco. Une région voisine de l’Allemagne et de la Suisse où l’industrie automobile est historiquement bien implantée au travers de Bugatti et de PSA Peugeot Citroën.
Royal et Sapin au charbon
Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, a soutenu les efforts de la région alsacienne en proposant à Elon Musk l’implantation de sa future usine sur le site de la centrale nucléaire de Fessenheim. Une proposition peu engageante que la ministre aurait dû s’abstenir de formuler. Une aide ministérielle dont s’est détachée la métropole de Châteauroux qui, après avoir publié l’été dernier une vidéo promotionnelle à l’intention de Tesla, a profité du passage à la nouvelle année pour adresser à M. Musk ses vœux en grand format, à défaut de pouvoir acheter une demi-page dans le Los Angeles Times.
Couvrant le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas il y a quelques jours, Michel Sapin a lui aussi souhaité contribuer au lobbying français. En rencontrant à Fremont (Californie) le vice-président du constructeur en charge du développement économique, le ministre de l’Economie et des Finances a tenu à rappeler que la France est le premier marché européen pour les véhicules électriques, une performance liée à des dispositifs d’aides à l’achat stables et au maillage en bornes de recharge publiques réalisé par les collectivités.
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L’Allemagne bien placée
Mais la partie est loin d’être gagnée, comme en témoigne les efforts déployés très récemment par l’Eurométropole de Strasbourg qui, dans le cadre du lancement d’un programme destiné à étudier les conditions de vie sur Mars, dépêchera à Cap Canaveral la vice-présidente Catherine Trautmann pour assister au lancement par SpaceX – la seconde entreprise du cofondateur de Tesla – d’un vol orbital. Un événement auquel le patron multimilliardaire sera également présent (lire l’information sur le site des Dernières Nouvelles d’Alsace).
Reste que Elon Musk a clairement affiché sa préférence pour l’Allemagne, le Royaume-Uni et que les Pays-Bas – qui disposent déjà d’un site d’assemblage à Tilburg – et l’Espagne sont également en lice pour accueillir la première Gigafactory européenne du constructeur. Nos voisins allemands ajoutent même à leur avantage la récente acquisition par Tesla de l’ingénieriste Grohmann spécialisé dans les systèmes de production automatisés. Une opération de croissance externe qui sera accompagné d’un vaste plan de recrutement.