Plastic Omnium s'attend à une interdiction mondiale du diesel en 2021
Publié le 21 février 2018 à 11h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes
Pour l'équipementier français, l'avenir est à l'hybride et à l'hydrogène tandis que l'électrique sera cantonnée à moins de 25 % du marché
L’équipementier Plastic Omnium souhaite se renforcer dans le secteur de l’hydrogène. Une démarche qui pourrait le conduire à devenir un producteur de systèmes de propulsion à pile à combustible, une activité destinée à remplacer celle liée aux motorisations diesels dont l’équipementier français attend une interdiction mondiale en 2021.
Lors de la présentation de ses résultats financiers, le groupe Plastic Omnium a confié avoir connu une « année record » en 2017, avec un bénéfice net de 425 millions d'euros (+36 %) et un chiffre d'affaires de 8 milliards d'euros (+15,4%), cela tout en maintenant une marge opérationnelle de 9,5 %. De très bons résultats économiques qui ne rendent pas pour autant euphoriques les dirigeants de l’équipementier lyonnais qui, d’ores et déjà, réfléchissent aux nombreux défis posés par les mutations à venir dans l’industrie automobile.
Des changements profonds dont l’une des conséquences est la disparition des moteurs à combustion interne, en particulier le diesel, d’ici quelques années. « Nous nous préparons à une disparition du diesel, avec un scénario extrême qui serait une interdiction au niveau mondial du diesel en 2021 », a ainsi déclaré Laurent Burelle, le patron de Plastic Omnium.
Un dangereux pari technologique
Un tel scénario est cependant peu probable malgré les remises en cause de cette motorisation dans plusieurs pays. En dépit de cela, l’interdiction reste suffisamment plausible sur un horizon plus lointain pour inciter les industriels à se pencher dès à présent sur des solutions de remplacement qui soient économiquement viables. Une démarche qui présente des risques élevés : un mauvais pari technologique dans un contexte d’incertitudes comme c’est le cas aujourd’hui peut solder facilement l’avenir d’une entreprise.
Pour Plastic Omnium, ce choix porte sur la technologie de la pile à combustible (hydrogène). La firme française veut ainsi à son tour devenir un producteur de systèmes de propulsion à hydrogène (PAC), à l’instar des constructeurs Hyundai, Toyota ou encore BMW. « Nous avons 30 % de chances d’y arriver », a confié Laurent Burelle. L’équipementier vise un coût, pour une solution comprenant le réservoir d’hydrogène, la pile à combustible elle-même et le système de pilotage des fluides, dans la fourchette des 4 000 à 5 000 euros. Et M. Burelle d’ajouter : « Nous saurons si cela est réalisable dans deux ans ».
L’hybride d’abord, l’hydrogène et l’électrique ensuite
Quoi qu’il advienne, Plastic Omnium a déjà investi dans le secteur en faisant l’acquisition l’an passé de deux sociétés européennes : Swiss Hydrogen, entreprise helvète basée à Fribourg spécialisée dans la conception et la production de systèmes de gestion d’énergie. Et Optimum CPV, une firme belge spécialisée dans les réservoirs en composite filamentaire pour le stockage de l’hydrogène sous haute pression.
Pour le moyen terme, c’est-à-dire d’ici à 2020, Plastic Omnium va se concentrer sur le marché des véhicules hybrides pour lequel il dispose de quelques atouts, avec notamment ses réservoirs de carburant hautement résistants. « Au cours des années 2020, c’est bel et bien l’hybride qui va décoller », selon M. Burelle. Qui prédit aussi l’échec des véhicules 100 % électriques à s’imposer massivement : « Avec les difficultés à développer des infrastructures de recharge assez nombreuses et performantes (…), nous pensons que le 100 % électrique représentera au maximum 25% des ventes en 2030, et c’est une prévision optimiste ».